Que peuvent faire les médecins pour aider leurs patients atteints de la COVID longue?

Nous voudrions peut-être en avoir fini avec la COVID-19, mais elle n’en a pas fini avec nous. C’est l’un des messages lancés par les participants à une réunion d’information de l’Association médicale de l’Ontario, à l’occasion du troisième anniversaire de la déclaration par l’Organisation mondiale de la santé de la pandémie de COVID-19. «Nous en avons tous assez de la COVID», observe la Dre Allison McGeer, spécialiste des maladies infectieuses et clinicienne scientifique principale au Lunenfeld-Tanenbaum Research Institute du Sinai Health System, à Toronto. «Il y a encore plus de personnes qui meurent de la COVID que de la grippe au cours d’une année normale. Même si nous pensons en avoir fini, il y a encore un très grand nombre d’hospitalisations et de décès.» Si la COVID-19 n’est plus un «sujet brûlant», elle continue d’affecter de nombreux Canadiens, souligne pour sa part la Dre Angela Cheung, médecin-scientifique principale au sein du réseau de santé universitaire de Toronto, qui a contribué à la mise en place de 18 cliniques de COVID longue dans cinq provinces. «De nombreuses personnes souffrent encore (de la COVID-19), qu’il s’agisse de l'incapacité de travailler ou d'un divorce» en raison de leur état de santé, souligne-t-elle. «Nous devons être vigilants non seulement à l’égard de la COVID aiguë, mais aussi de la COVID longue.» De nombreuses personnes, y compris des médecins, ne reconnaissent pas qu'il s'agit d'un véritable problème de santé, regrette la Dre Cheung. Certains se demandent «si c’est réel ou non, tandis que d’autres se demandent s’il ne s’agit que d’un problème de santé mentale ou d’un problème physique ayant des conséquences sur la santé mentale». Pour la plupart des patients, il s'agit probablement d'une combinaison des deux. C’est pourquoi il est important que les médecins traitent à la fois les symptômes physiques et mentaux. La Dre Cheung a ainsi formulé quelques suggestions à l’intention des médecins souhaitant mieux soutenir leurs patients atteints de COVID longue. Écouter et valider Ne vous empressez pas de rejeter les plaintes d’un patient en lui disant qu’il s’agit de quelque chose «qui va probablement disparaître». Les médecins qui ont des doutes sur les symptômes potentiels d’une personne souffrant d’une COVID longue peuvent consulter la liste du gouvernement fédéral des affections post-COVID courantes. La plateforme Long Covid Web, récemment lancée, héberge également un nombre croissant de ressources et recherches sur le sujet. Promouvoir le repos et l’adaptation Prévoir un repos suffisant et répartir les activités peut être un moyen efficace, pour les patients souffrant de COVID longue, de surmonter les poussées de symptômes «que nous appelons les crises d’exacerbation des symptômes après l’effort», signale la Dre Cheung. Lire aussi: De saines habitudes de vie protégeraient de la COVID longue Respirer Pour les patients toujours essoufflés, il est conseillé d’encourager les exercices de respiration tels que ceux utilisés en physiothérapie thoracique, la respiration en boîte ou en carré, le pranayama ou le qi gong. L’idée, explique la Dre Cheung, est d’aider les patients à renforcer leurs muscles respiratoires et même, grâce à certains exercices, à moduler leur système neurovégétatif. Elle recommande d’orienter les patients vers le site web de l’étude canadienne de cohorte prospective de la COVID-19, qui propose des vidéos sur les exercices de respiration adaptés à la COVID longue. Faire la lumière sur le brouillard cérébral Si le brouillard cérébral est un symptôme courant de la COVID longue, il est également fréquent chez les femmes ménopausées, les patients ayant subi une chimiothérapie et les personnes souffrant d’anxiété et de dépression. Selon la Dre Cheung, ce qui caractérise le brouillard cérébral lié à la COVID, c’est son impact notable sur les fonctions exécutives, la mémoire à court terme et les temps de réaction. «Il s’agit d’un problème pour lequel nous ne pouvons pas faire grand-chose, si ce n’est de traiter les autres facteurs qui peuvent y contribuer, tels que l’anxiété, la dépression ou le manque de sommeil, et de demander aux patients de se reposer suffisamment.» Un certain nombre de thérapies orales et d’autres types d’interventions, comme l’administration d’oxygène et de dioxyde de carbone, sont actuellement à l’essai, informe la Dre Cheung. Les médecins qui souhaitent obtenir des conseils sur la manière de traiter le brouillard cérébral lié à COVID longue chez leurs patients peuvent envoyer un courriel à reclaim@uhn.ca. Lire aussi: Quels sont les facteurs de risque associés à un syndrome post-COVID-19? Un long chemin à parcourir La Dre Cheung estime qu’il faudra encore pas mal de temps pour comprendre la COVID longue et savoir comment la traiter. Si les chercheurs en ont déjà beaucoup appris, sur les symptômes dysautonomiques et neurologiques notamment, il reste encore beaucoup à découvrir. Au Canada, des chercheurs de différentes disciplines scientifiques continuent à travailler ensemble pour en savoir plus sur la COVID longue. Des organisations et les gouvernements investissent des millions de dollars dans la recherche, mentionne la Dre Cheung. «Il y a beaucoup de lacunes dans les connaissances — par exemple, nous ne disposons pas actuellement d’une liste complète des symptômes. Le gouvernement fédéral a reconnu que la COVID longue est un problème grave. Il débloque des fonds et fournit du soutien pour que nous puissions enrichir nos connaissances actuelles, indique la médecin. Il ne fait aucun doute que la COVID longue existe. Elle est réelle et nous cherchons à la guérir.»

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