Première ligne: Christian Dubé promet une nouvelle approche d’ici l’été 2026

Le ministre de la Santé et des Services sociaux change son fusil d’épaule. Dans le cadre de la présentation du premier bilan de son Plan santé, Christian Dubé a annoncé jeudi après-midi que «le GAP [le guichet d’accès à la première ligne, ndlr] est une solution temporaire vers une prise en charge populationnelle. (…) Aujourd’hui, nous avons présenté les avancées du Plan santé qui nous permettent de nous donner un objectif clair, ambitieux et réaliste: offrir à la population une prise en charge d’ici l’été 2026.»S’il estime que des progrès ont été réalisés ces deux dernières années, le ministre admet que l’accessibilité de la première ligne reste un défi. «Il faut revoir comment chaque Québécois peut avoir accès aux services de santé et aux services sociaux. On doit passer à une autre étape avec une prise en charge où tous les Québécois ont accès au bon moment à un professionnel qui les connaît et les suit dans le temps».Selon des données récentes du ministère de la Santé et des Services sociaux, 6,06 millions de Québécoises et Québécois sont aujourd’hui inscrits à un médecin de famille, 960 000 sont inscrits auprès d’un groupe de médecins et 19 200 le sont auprès d’une infirmière praticienne spécialisée en première ligne (IPSPL). De plus, 662 000 figurent au guichet d’accès à un médecin de famille (GAMF) et ont accès au GAP, tandis que 734 000 sont des patients orphelins.La nouvelle vision de la première ligne de Christian Dubé s’appuie sur une approche populationnelle qui mettrait fin à la logique d’inscription individuelle qui a longtemps prévalu et dont la Coalition avenir Québec avait fait une promesse électorale en 2018. «Chaque Québécois sera associé à un milieu de soins de sa région, c’est-à-dire à un GMF ou un CLSC», a affirmé le ministre en précisant que cette approche est «déjà en implantation dans certaines régions», sans préciser lesquelles.Il a simplement indiqué que des GMF sont «des années en avance», en citant le GMF Ma Clinique Lebourgneuf, à Québec. «Il y a des médecins qui travaillent avec des psychologues, des travailleurs sociaux et d’autres professionnels. Les patients peuvent avoir une radio sur place ou un test sanguin en quelques minutes. On veut privilégier cette approche de prise en charge dans un GMF où les gens peuvent être vus par un médecin de référence ou par d’autres professionnels.»Lire aussi: Christian Dubé n'a plus aucune cible pour le rattrapage des chirurgiesEn pourparlers avec la FMOQLors de la période de questions avec les journalistes qui a suivi sa présentation, le ministre de la Santé a reconnu que cette nouvelle approche ne ferait pas une grande différence pour les 7 millions de patients inscrits individuellement à un médecin ou collectivement à un groupe de médecins. En revanche, «ça en fera une» pour les patients orphelins et ceux figurant au GAMF, a-t-il assuré.Christian Dubé a également reconnu qu’il avait besoin des médecins de famille et de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) pour déployer cette approche populationnelle. «Ça fait partie des négociations en cours avec la FMOQ. On veut y inclure des indicateurs clés avec des objectifs à atteindre en matière d’accessibilité et de pertinence et en lien avec les priorités gouvernementales», a-t-il précisé en espérant que les médecins de famille seront au rendez-vous comme ils l’ont été pour le déploiement du GAP.Le ministre a ajouté que l’enjeu de l’accessibilité était aussi abordé dans le cadre des négociations avec la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ), «puisque les consultations avec les spécialistes font partie de l’équation.»Dans une déclaration écrite transmise à Profession Santé, la FMOQ a réagi à l’annonce de Christian Dubé en rappelant que «malgré une pénurie de plus de 1500 médecins de famille (et) alors que nous avons une population qui augmente et qui vieillit, les médecins de famille ont tout de même réussi à augmenter l’offre de service en ajoutant un million de rendez-vous annuellement. En plus d’assurer l’accès dans les cliniques et GMF, les médecins de famille sont aussi présents dans de multiples secteurs du milieu hospitalier et communautaire (urgence, obstétrique, soins à domicile, soins de longue durée, etc.).»Selon la Fédération, «une vision réaliste et cohérente (de la première ligne) doit s’appuyer sur la réalité, et cette réalité, c’est qu’actuellement, la majorité des étudiants en médecine préfèrent les autres spécialités et que plus de 2500 médecins de famille sont âgés de plus de 60 ans. Si rien n’est fait, la pénurie va s’accentuer.»

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