PREM 2025: plus de flexibilité pour les DRMG

Plus de 109 nouveaux médecins de famille à Montréal en 2025, 71 en Montérégie, 36 à Québec, 34 dans les Laurentides, 28 en Estrie, 20 dans Chaudière-Appalaches, etc., etc. Le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) vient de dévoiler la répartition des 458 nouveaux PREM (plans régionaux d’effectifs médicaux) en médecine de famille disponibles l’an prochain dans les différentes régions du Québec. Sujette à caution, la méthode d’attribution des places destinées aux nouveaux facturants dans les 93 réseaux locaux de services (RLS) n’a pas changé. Elle est toujours le résultat d’une évaluation de l’écart au besoin dans chaque RLS en fonction de plusieurs paramètres, puis d’arbitrages plus ou moins obscurs de la part du MSSS. En revanche, les PREM 2025 font «à nouveau l’objet d’allègements afin de valoriser la médecine familiale et d’attirer davantage de médecins en région», signale le cabinet du ministre de la Santé dans un communiqué.Les chefs des départements régionaux de médecine générale (DRMG) vont ainsi pouvoir planifier l’attribution des PREM sur deux ans au lieu d’un. Autrement dit, si un DRMG reçoit cette année plus de candidatures qu’il n’a de postes à offrir, il pourra utiliser des places prévues pour 2026 afin d’éviter de refuser des candidats.«Ça nous donne plus de visibilité et ça va nous aider à la planification», estime le chef du DRMG de l’Outaouais, le Dr Marcel Guilbault. Pour l’an prochain, il dispose de 18 PREM. «On a 14 résidents en médecine de famille qui finissent cette année au GMF-U de Gatineau. On risque donc d’avoir plus de candidats que de postes disponibles. On va pouvoir jouer là-dessus», illustre le médecin en indiquant que cela va réduire le stress des nouveaux omnipraticiens. «Ils sauront qu’on aura de la place pour eux.»Du côté de la Fédération des médecins résidents du Québec (FMRQ), «on a d’abord craint un enjeu d’équité entre les cohortes de finissants», mentionne son président, le Dr Ghassen Soufi. «Mais, dans les faits, cette possibilité ne peut être utilisée que pour un nombre très limité de postes prévus pour 2026. Cette mesure est donc gagnante pour tous cette année», considère-t-il en ajoutant que la FMRQ ferait toutefois «les représentations nécessaires auprès du MSSS si jamais il ressortait de l’exercice qu’un nombre insuffisant de postes demeureraient en 2026».Autre assouplissement annoncé par le MSSS, il validera «d’emblée» toutes les demandes d’exemptions de pénalités des DRMG. «Si tous les PREM sont comblés dans un RLS, on peut en transférer dans un autre RLS. Mais pour cela, on doit présenter une demande d’exemption auprès du comité paritaire des PREM. Avant, on pouvait attendre deux ou trois mois la réponse du ministère. Désormais, c’est la décision du DRMG qui prévaut», explique le Dr Guilbault qui voit cet allégement d’un bon œil.«Cette autre mesure semble positive pour nos membres comme pour les DRMG afin de trouver des solutions dans des cas particuliers», juge également le président de la FMRQ. Ce dernier souligne que les demandes d’exemption devront tout de même être motivées et reposer sur des bases objectives. «Notre préoccupation sera donc de nous assurer que cette souplesse ne devienne pas une façon de contourner les règles générales du processus sans raison, mais nous n’avons pas de raison de croire que cela surviendra à ce stade-ci», observe le Dr Soufi.Selon le cabinet de Christian Dubé, la «simplification du processus administratif» des PREM, dans son ensemble, contribuera à «réduire les délais actuels qui peuvent parfois entraîner le désistement de candidats», certains pouvant entre-temps accepter une offre ailleurs.À plus haut niveau, «la FMRQ observe avec satisfaction que le MSSS continue de démontrer de l’ouverture à l’amélioration du processus d’octroi des avis de conformité aux PREM en médecine de famille. Ce sont des annonces dans la continuité des changements qui ont été mis en place l’année dernière, changements que nous avions d’ailleurs salués», rappelle le Dr Soufi.Lire aussi: Pourquoi j'ai abandonné la neurochirurgie au profit de la médecine familialeDes changements appréciés par les finissantsPour les PREM 2024, les finissants ont en effet pu postuler dans deux régions et deux RLS où ils souhaitaient travailler, ce qui revenait à doubler les possibilités, puisqu’avant ils ne pouvaient cibler que deux RLS dans une seule région. Ils ont aussi pu indiquer leurs préférences d’activités médicales particulières (AMP) dès l’envoi de leur candidature. Ces changements ont été appréciés par les membres de la FMRQ. Les données de son sondage annuel auprès des finissants en médecine de famille montrent que ceux qui sont passés à travers le nouveau processus de l’automne 2023 ont eu «un degré de satisfaction nettement supérieur à celui des répondants de l’année précédente». Cependant, le Dr Soufi indique qu’un nombre élevé de candidats n’ont fait qu’une demande dans une seule région, malgré l’opportunité de postuler dans deux régions. «Le très court délai entre l’annonce des changements et le lancement de la période d’application est selon nous la principale explication. Certains membres ont manqué de temps pour aller rencontrer d’autres régions une fois le changement annoncé», signale le président de la FMRQ.Des membres de la Fédération ont également rapporté que certains DRMG laissaient entendre, à l’été et au début de l’automne 2023, qu’il valait mieux ne faire qu’un seul choix de région afin d’augmenter ses chances d’y obtenir un poste. «La mécanique du processus prévoit pourtant que les responsables de chaque DRMG ne peuvent pas savoir si les candidats ont appliqué dans une autre région», s’étonne le Dr Soufi. Il dit n’avoir observé «aucun signe statistique dans notre sondage à l’effet que de faire une demande dans une seule région aurait donné plus de chances d’y obtenir un poste».D’autres assouplissements en perspectiveEn plus des assouplissements prévus pour les PREM 2025, le cabinet de Christian Dubé a annoncé la mise en place d’un «groupe intensif de travail», qui réunit des représentants du MSSS, des DRMG et de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ). Ce comité étudiera «différentes options, en addition à celles déjà annoncées, pour assouplir et revoir le système des PREM».La FMRQ indique qu’elle a formellement été invitée à participer à ce comité, mais que «la première rencontre n’a pas encore eu lieu». Quand elle en saura plus sur ses orientations, la Fédération compte consulter ses membres pour voir quelles autres améliorations pourraient être apportées aux PREM, en formulant le souhait que si des changements au processus doivent être apportés, ils devraient l’être avant la prochaine période estivale pour que les finissants puissent ajuster leurs démarches d’emploi en conséquence. Pour sa part, le Dr Guilbault trouve que le système actuel est «très stressant» et qu’il peut empêcher le choix de la médecine familiale, car «les résidents ne savent jamais où ils vont pratiquer ensuite. On doit trouver une autre méthode», affirme le chef du DRMG de l’Outaouais qui plaide en faveur de la bonification des différents incitatifs financiers à l’installation en région, pour la rendre plus attractive.En revanche, le médecin de famille ne pense pas qu’il faille revoir le principe des activités médicales particulières (AMP) associées aux PREM. «Les AMP sont souvent mal comprises par les résidents. Quand on leur explique concrètement de quoi il s’agit, ça passe mieux. L’idée est de rendre service dans la région où tu pratiques, là où il y a des besoins. C’est seulement 12 heures par semaine et on peut en changer tous les deux ans.»

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