Pourquoi cette pharmacienne ontarienne a choisi de s’associer avec des boutiques de vente au détail de cannabis

Selon Anushya Vijayaraghevan, le cannabis est un outil sous-utilisé en médecine. C'est particulièrement vrai en matière de gestion de la douleur, explique-t-elle, soulignant qu'il existe une grande variété d'options à base de cannabis dédiées à cette fin. «De nombreux patients prennent des opioïdes contre leur gré, et nous sommes aussi confrontés à une épidémie d'opioïdes, observe Anushya Vijayaraghevan. Les médicaments prescrits habituellement, en particulier aux patients souffrant de douleurs chroniques et neuropathiques, ne sont pas efficaces à 100% et provoquent des effets secondaires tels que la prise de poids, la sécheresse buccale ou simplement un sentiment général de malaise. Les patients veulent des alternatives.» C'est pourquoi la pharmacienne basée à Toronto a fondé Apothecare en 2018, avec son partenaire commercial et collègue pharmacien Ajay Chahal, afin d'informer davantage de patients sur les bienfaits du cannabis pour la santé. Au départ, l'entreprise s'est concentrée sur la formation des pharmaciens et des physiothérapeutes afin qu'ils puissent fournir des consultations sur le cannabis aux patients. Aujourd'hui, Anushya Vijayaraghevan se concentre davantage sur les consommateurs.«Nous voulons nous adresser aux Canadiens qui se rendent dans les enseignes de vente au détail de cannabis à la recherche de conseils en matière de santé et de bien-être que les vendeurs ne peuvent légalement leur donner», explique la pharmacienne.Actuellement, elle et Apothecare collaborent avec des marques grand public telles que Fika Cannabis, qui compte 21 points de vente au détail en Ontario, et Stok'd Cannabis, qui en compte cinq.Les employés des points de vente «orienteront les clients vers [Apothecare], qui pourra alors les conseiller sur la consommation de cannabis et leur indiquer si celle-ci est sûre et appropriée», indique Anushya Vijayaraghevan. Grâce à ce partenariat avec Fika, une grande enseigne regroupant plusieurs marques et disposant de nombreux points de vente, les services d'Apothecare sont accessibles à un plus grand nombre de personnes. Fika mettant l'accent sur les produits de bien-être, la pharmacienne espère que la collaboration avec Apothecare améliorera l'expérience client, en particulier pour les plus âgés (l'âge moyen des clients d'Apothecare est de 61 ans). «[Fika] souhaite pouvoir les aider et les guider, et ce partenariat avec nous leur permettra de le faire.» Consultez: Le CBD est inutile contre la douleur et pourrait même être dangereux, dit une étudeLes services d’Anushya Vijayaraghevan et d'Apothecare seront intégrés au niveau de la vente au détail, de sorte que tous les membres du personnel seront formés à leurs services et sauront quand il est approprié d'orienter les clients vers la pharmacie. «Ainsi, ces questions pourront être traitées de manière transparente et les clients ne seront pas laissés dans l'incertitude lorsque les membres du personnel leur diront d'aller consulter leur médecin de famille», remarque la pharmacienne. «De nombreux Canadiens n'ont même pas de médecin de famille ou leur médecin de famille n'est peut-être pas formé aux traitements à base de cannabis.» Le partenariat prévoit également la mise à disposition de cartes de visite et de brochures dans tous les magasins Fika afin que les clients puissent également appeler Apothecare ou utiliser directement leur service en ligne. Objectif: améliorer «l'accessibilité aux soins de santé et aux conseils professionnels [sur le cannabis] dans un cadre commercial», précise Anushya Vijayaraghevan. À l'heure actuelle, il n'existe aucun cadre permettant aux clients de s'informer sur les bienfaits du cannabis pour la santé et le bien-être auprès de professionnels de santé de confiance. Soit vous optez pour le cannabis thérapeutique et consultez un médecin ou une infirmière praticienne, soit vous en achetez dans un dispensaire sans aucun contrôle sanitaire. «Nous voulons combler cette lacune et guider les clients qui ne souhaitent pas emprunter la voie médicale, que beaucoup trouvent trop compliquée», indique la pharmacienne. «Il peut être très difficile de s'y retrouver dans le système médical, qui comporte de nombreuses étapes pour obtenir un produit, alors qu'il est si facile et accessible de se rendre dans une boutique. Nous voulons simplement offrir cette supervision médicale au niveau du commerce de détail.» Anushya Vijayaraghevan souhaite également lever la stigmatisation qui entoure la consommation de cannabis. Bien que celle-ci soit déjà en train de s'estomper, la pharmacienne espère voir de plus en plus de patients s'ouvrir aux thérapies alternatives et potentiellement au cannabis thérapeutique dans leur vie quotidienne. Concernant ses confrères et consœurs pharmaciens, elle espère que la profession s'ouvrira aussi davantage aux thérapies alternatives.

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