Pour une jeunesse médicale qui demeure engagée

En tant qu’organisation centrée sur l’intégration de tous les jeunes médecins québécois, l’essence même de l’Association des jeunes médecins du Québec (l’AJMQ) est de leur donner une voix en prenant part à chaque réflexion qui concerne directement leur pratique professionnelle, le tout dans l’intérêt des patients québécois.Dans cette perspective, le projet de loi 106, visant principalement à instaurer la responsabilité collective et l’imputabilité des médecins quant à l’amélioration de l’accès aux services médicaux, revêt pour nous une importance particulière. Il s’agit, pour nos membres, d’une pièce législative névralgique en lien avec leur pratique quotidienne, d’une offensive du gouvernement du Québec qui, malheureusement, rate la cible qu’il s’avère nécessaire d’atteindre pour relever notre première ligne.À découvrir aussi: Projet de loi 106: tous les mémoires et les auditionsPar le projet de loi 106, le gouvernement du Québec vient bureaucratiser la relation humaine entre le patient et son médecin et prend le mauvais chemin pour une meilleure prise en charge et un meilleur accès aux soins. De plus, il place les médecins comme responsables du manque de résultats attribuables à une réforme beaucoup plus complexe.C’est dans cet esprit que l’AJMQ était présent aux consultations particulières entourant le projet de loi afin de présenter au gouvernement les solutions jugées comme étant les plus efficaces par ses membres pour atteindre l’objectif que semble poursuivre le gouvernement, avec lequel l’AJMQ est par ailleurs tout à fait en accord: améliorer la prise en charge du patient dans le réseau public.Recommandation #1: Réduire les tâches médico-administratives, améliorer l’accès aux plateaux techniques et assurer un meilleur accès aux autres professionnelsLe projet de loi 106 est résolument axé sur un principe qui, sur le fond, est très légitime: celui de faire en sorte de dégager du temps de pratique chez les médecins afin que plus de patients soient pris en charge. Or, la proposition du gouvernement ne s’attaque pas au nœud du problème; elle n’est que punitive et contribuerait à miner l’accès.Voici, en revanche, les options qui furent jugées comme étant les plus efficaces par nos membres pour favoriser la rétention des médecins, et donc l’accès à ceux-ci pour le patient québécois:Réduction des tâches médico-administratives (61%);Meilleur accès à des plateaux techniques (43%);Meilleure couverture pour les services qui ont été désassurés, afin de réduire la nécessité du privé dans ces domaines, par exemple, en psychothérapie (31%).Recommandation #2: Réformer la planification de l’effectif médical par l’abolition des PREM et des AMPCe sont environ les deux tiers de nos membres qui croient que l’abolition respective des PREM (69%) et des AMP (66%) serait une solution efficace à la rétention des médecins dans le réseau public.Dans les faits, cette solution jugée efficace par une majorité notable de nos membres pourrait prendre place dans les dispositions du projet de loi 106:La mise en place d’un système incitatif plutôt que coercitif aurait pour effet d’encourager la présence des médecins dans le réseau public, mais aussi contribuerait positivement à l’atteinte des objectifs du Plan santé quant à une pratique plus accessible dans les régions sociosanitaires sous-desservies;L’abolition de ces mesures bénéficierait grandement à la qualité de vie des jeunes médecins – et de leur famille – ce qui contribuerait directement à favoriser leur rétention.Recommandation #3: Suspendre le plafond salarial imposé aux médecins qui travaillent beaucoupUne proportion importante des membres de l’AJMQ considère le plafond salarial imposé aux médecins qui consacrent un volume important d’heures de travail comme contre-intuitif avec l’objectif que revêt le projet de loi 106. Pourquoi légiférer pour mettre en place un nouveau mode de rémunération alors que nous pourrions simplement suspendre tout plafond salarial aux heures de pratique? Pour l’AJMQ, un tel choix est logique dans le contexte où le gouvernement demande aux médecins de travailler davantage.Recommandation #4: Miser sur l’interdisciplinaritéL’AJMQ comprend que 37% des plages horaires médicales actuellement offertes pourraient être libérées si un soutien accru, par d’autres professionnels de la santé, était favorisé par davantage d’interdisciplinarité.Les travaux que mène actuellement le gouvernement du Québec afin de créer une meilleure collaboration interprofessionnelle en santé sont l’une des clés de voûte pour réduire la pression ambiante sur le travail des médecins et, ce faisant, maximiser leur potentiel de prise en charge. C’est une voie rapide vers une meilleure prise en charge du patient.Au final, pour réellement renforcer la première ligne, il est essentiel de s’inspirer de l’expérience du terrain et de la réalité de pratique – ce qui, malheureusement, ne semble pas être le cas avec le projet de loi 106, dont les dispositions nous paraissent contre-intuitives, à l’instar de quiconque interagit concrètement avec des patients.Le constat de l’AJMQ est pourtant clair: pour renforcer l’accès aux médecins, il faut s’y prendre autrement et écouter ce que les principaux intéressés ont à proposer en la matière.Visionnez l'audition du Dr Chakib Setti sur le projet de loi 106 pour le compte de l’Association des jeunes médecins du Québec (AJMQ)

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