Perte de cheveux et nutrition: ce que dit vraiment la science

Les cheveux jouent un rôle central dans l’identité et l’estime de soi. La littérature scientifique a montré que leur perte peut avoir des impacts psychologiques importants: baisse de confiance en soi, sentiments d'insécurité, anxiété sociale, etc. Elle a également établi des liens entre alimentation et santé capillaire. «Il est évident qu’une carence en nutriments spécifiques peut contribuer à l’apparition d’une alopécie», rappellent les auteurs de la revue, dont les conclusions ont été publiées dans Nutrition and Health.Cette équipe de recherche portugaise a conduit une revue systématique selon la méthodologie PRISMA. Trois grandes bases de données (Medline, Web of Science et Scopus) ont été passées au crible entre mars et juin 2024. Sur 1287 articles recensés, 17 ont finalement été inclus, représentant 61 332 participants âgés de 7 à 77 ans. Fait marquant: 97% des personnes de l’échantillon étaient des femmes, signe que la recherche s’intéresse prioritairement à la perte capillaire féminine. Les études retenues allaient de l’essai randomisé au suivi de cohorte, en passant par des enquêtes transversales et cas-témoin.À lire aussi: Des suppléments de zinc et de vitamine D pour traiter la pelade?Les résultats des chercheurs sont patents. La vitamine D se taille la part du lion: cinq études lui étaient consacrées. Trois ont montré une corrélation inverse entre ses taux sériques et la sévérité de l’alopécie areata. Une étude indienne portant sur 100 hommes a ainsi démontré que «les niveaux de vitamine D étaient inversement corrélés avec la sévérité de l’alopécie androgénétique prématurée». En revanche, une vaste cohorte américaine (55 929 femmes suivies sur 12 ans) n’a trouvé aucune association significative, preuve que la relation mérite d’être explorée davantage.Le fer est l’autre nutriment clé. Une étude transversale menée en Chine auprès de 155 femmes a mis en évidence qu’une supplémentation en fer (100 mg par jour) augmentait les taux de ferritine et améliorait la croissance des cheveux. À l’opposé, une vieille étude américaine (1971) a documenté qu’un manque de protéines réduisait le diamètre et la pigmentation des bulbes pileux en moins de deux semaines. Quant au rétinol, il semble jouer les trouble-fêtes: un apport élevé a été associé à une aggravation de l’alopécie areata.Gare aux boissons sucréesCôté alimentation, certains choix semblent protecteurs. La consommation quotidienne de crucifères (≥ 70,8 g) et de produits à base de soja (≥ 24 g) a été liée à une réduction de la perte capillaire, bien que l’association n’ait pas toujours atteint la significativité statistique. À l’inverse, l’alcool et les boissons sucrées apparaissent délétères. Une étude turque a associé la consommation d’alcool à une dépigmentation prématurée, tandis qu’une étude chinoise auprès de 1825 femmes a trouvé un lien entre alcool et alopécie. À lire aussi: Ce traitement à la mode contre l'alopécie est un médicament «recyclé» datant des années 1990Plus frappant encore, une enquête menée chez 1028 jeunes hommes a montré qu’une consommation hebdomadaire de boissons sucrées supérieure à 3,5 litres augmentait significativement la probabilité de perte de cheveux. «L’excès de boissons sucrées est positivement lié à la perte capillaire», concluent les auteurs.Les compléments alimentaires ne sont pas en reste. Plusieurs essais, quoique parfois biaisés, suggèrent des bénéfices: un complexe marin protéique a réduit la chute et favorisé la repousse chez des femmes atteintes d’alopécie temporaire; une supplémentation en membrane d’œuf hydrolysée a accru la densité capillaire; enfin, une préparation à base de feuille de kaki a amélioré la densité et l’épaisseur, avec un gain de brillance rapporté mais non significatif.Ne manquez pas: Les compléments alimentaires aident-ils vraiment à enrayer la chute des cheveux?Que retenir de ce corpus hétérogène? D’abord que nutrition et santé capillaire entretiennent des liens indéniables. Les nutriments agissent souvent de manière ciblée: «Le fer joue un rôle crucial dans le métabolisme du follicule pileux, comme cofacteur d’enzymes impliquées dans la synthèse d’ADN et la prolifération cellulaire», soulignent les auteurs. À l’inverse, l’effet des aliments entiers, plus complexes, s’exprime via une synergie d’antioxydants et de micronutriments. Ainsi, les isoflavones du soja ou les polyphénols des crucifères (chou, brocoli, cresson, navet, roquette, etc.) pourraient limiter l’inflammation du cuir chevelu et stimuler la croissance.Reste que la prudence est de mise: la majorité des études sont transversales et ne permettent pas d’établir une causalité. Les biais sont nombreux et l’hétérogénéité des méthodologies empêche toute méta-analyse. Les chercheurs en conviennent: «D’autres travaux sont nécessaires pour confirmer ces résultats et développer des recommandations fondées sur les preuves.»Référence:Gomes N, Silva N, Teixeira B. Assessing the relationship between dietary factors and hair health: A systematic review. Nutrition and Health. 2025;0(0). doi:10.1177/02601060251367206

Perte de cheveux et nutrition: ce que dit vraiment la science

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