Nouveaux pouvoirs des pharmaciens: «Il reste du travail à faire» - Benoit Morin

Vaccination, prolongation d’ordonnances, prescription de médicaments : ces derniers mois, les pharmaciens n’ont jamais eu autant de pouvoirs pour traiter leurs patients. Or, ceux-ci peuvent en faire encore plus pour offrir de meilleurs services à la population et doivent davantage utiliser leurs nouveaux pouvoirs. Discussion avec le président de l’Association québécoise des pharmaciens propriétaires et pharmacien propriétaire (AQPP), Benoit Morin, sur les défis présents et à venir. Tout d’abord, comment se déroule la campagne de vaccination contre la COVID-19 ? C’est difficile. Il y a un manque de clarté par rapport à la deuxième dose et un manque de prévisibilité en lien avec les livraisons. Aussi, comme les pharmaciens sont les professionnels de la santé les plus disponibles pour la population, les gens nous appellent pour tous les enjeux liés à la vaccination, même ceux qui ne nous concernent pas. Cela a pour effet de paralyser nos opérations. Nous sommes contents de participer à cette campagne de vaccination, mais il y a plusieurs écueils à l’heure actuelle. Croyez-vous que cette campagne de vaccination permettra aux pharmaciens de jouer un plus grand rôle dans la vaccination pour d’autres pathologies ? C’est difficile à dire. À l’AQPP, nous voulons convaincre nos membres que cette activité clinique, malgré les difficultés vécues récemment, est un service de proximité important pour la population. Un de nos principaux enjeux est de développer ce genre de services de proximité. Pour y parvenir, il faut encourager les pharmaciens à déléguer la distribution, à s’automatiser et à se libérer du temps pour être capables de mieux pratiquer ces services cliniques. Outre la vaccination, les pharmaciens peuvent offrir d’autres services cliniques depuis le 25 janvier dernier. Croyez-vous que les pharmaciens communautaires utilisent pleinement leurs nouveaux pouvoirs ? Je crois qu’ils doivent davantage s’accaparer ces nouveaux services. Il reste du travail à faire à ce chapitre. Nous avons maintenant les moyens de rendre de bons services à la population avec ces activités cliniques et la levée de la franchise et de la coassurance. Grâce à la Loi 31 et à la Loi 41, les pharmaciens peuvent vacciner et prolonger des ordonnances, mais ils ont aussi d’autres pouvoirs. À mesure que nous jouons notre rôle et que l’on démontre l’efficacité des pharmacies pour certaines activités cliniques, les pharmaciens constateront qu’ils ont tout intérêt à développer ces services. Après les avoir bien intégrés, nous pourrons en offrir d’autres. Lesquels ? Il reste tout l’univers des tests d’autodiagnostic à développer. Par exemple, pourquoi un patient qui a un feu sauvage ne va-t-il pas à la pharmacie avant d’aller consulter un médecin ? Il me semble que ce serait plus efficace. Chaque professionnel devrait jouer son rôle au bon moment avec la population. Le pharmacien pourrait non seulement vendre des tests, mais aussi offrir le service clinique qui y est rattaché. Quelles sont les prochaines étapes dans vos discussions avec le gouvernement sur l’évolution du mode de rémunération des pharmaciens ? Nous ne sommes pas très avancés dans nos discussions. Pourtant, il est minuit moins une pour s’entendre sur un nouveau modèle de rémunération, car nous sommes sur une entente intérimaire qui se termine le 30 avril 2022. Après la pandémie, il faut vraiment mettre de l’avant un modèle qui fait que le pharmacien est rémunéré en fonction de la quantité de travail accompli et de son implication clinique. Nous devons faire comprendre au ministère (de la Santé et des Services sociaux) que ce modèle est à l’avantage des patients. Le modèle axé sur la distribution a atteint ses limites. L’APPSQ a récemment mis de l’avant l’insatisfaction de ses membres par rapport à la «performance» de certains logiciels. Quelle est la position de l’AQPP ? Nous sommes tout à fait d’accord avec les membres de l’APPSQ. Il faut définitivement que nos outils cliniques s’améliorent pour que l’on puisse s’améliorer nous aussi. Ça nous prend des logiciels adaptés aux interventions cliniques. Il y a 15 ans, cela était moins pertinent, mais aujourd’hui, c’est un incontournable. Le logiciel doit être performant, intégrer, interfacer et doit aider à la productivité et à l’accomplissement des actes cliniques. Il doit faire partie de la solution alors qu’actuellement, il fait partie du problème !

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