Mathieu Desgroseilliers: Le plaisir de partager

Partage des connaissances | pharmacien | 2023 Pharmacien en soins critiques à la curiosité débordante, Mathieu Desgroseilliers cultive sa passion et la diffuse autour de lui depuis plus de dix ans. Son amour du partage a fait de lui un pilier de l’hôpital Honoré-Mercier à Saint-Hyacinthe, et un habile communicateur sur Internet. Par Clément Lechat Présentations, formations virtuelles, capsules et même balados… Les réalisations de Mathieu Desgroseilliers défilent page après page sur son curriculum vitæ, toutes plus admirables les unes que les autres. Mais qu’est-ce qui pousse ce jeune pharmacien à s’impliquer avec autant d’énergie auprès des professionnels de la santé? C’est un devoir déontologique, rétorque-t-il. Il lui est impossible de garder ses connaissances pour lui. Si on sait, on partage, telle pourrait être sa devise. «C’est naturel chez moi de vouloir les transmettre, explique-t-il. J’ai un désir intrinsèque d’apprendre depuis que je suis tout jeune», raconte celui qui a grandi au Saguenay–Lac-Saint-Jean. Mathieu Desgroseilliers est devenu pharmacien en soins critiques à l’hôpital Honoré-Mercier en 2013, un centre de petite taille qu’il n’a jamais voulu quitter. Il travaille à l’unité des soins intensifs et à l’urgence où il se sent appartenir à une grande famille. Il y connaît tout le monde, et tout le monde le connaît, ce qui crée un environnement propice au partage du savoir. Il aide notamment à la formation de nouveaux internes et infirmiers. La passion des soins critiques lui est venue lors de sa maîtrise en pharmacothérapie avancée, alors qu’il était résident à l’hôpital Maisonneuve-Rosemont de Montréal. Ce véritable «coup de cœur» l’a motivé pour décrocher la prestigieuse certification américaine en pharmacie de soins intensifs du Board of Pharmacy Specialties, en 2018. «Les Américains utilisent leur propre système d’unités, il a fallu apprendre les conversions pour toutes les analyses de laboratoire. C’était un défi», se remémore-t-il. À l’hôpital Honoré-Mercier, le pharmacien fait le plein d’adrénaline lors de ses journées au rythme effréné. «J’aime ça quand ça va vite», indique Mathieu Desgroseilliers, profitant d’une pause à l’extérieur en début de matinée pour répondre aux questions de Profession Santé. Parmi ses collègues, il est reconnu pour son rôle de pionnier. En 2013, il avait été recruté pour garantir la présence d’un pharmacien aux soins intensifs, à l’urgence et en réanimation, une première à l’hôpital Honoré-Mercier, ce que le ministère de la Santé et des Services sociaux reconnaît comme un élément important dans la classification des unités de soins intensifs. Fort de son expertise, Mathieu Desgroseilliers «est considéré comme une référence par ses pairs», écrivait dans sa lettre de présentation Martial Bergeron, un collègue pharmacien qui a soumis sa candidature. Le lauréat était conscient de la solidité de son profil, mais ne s’attendait pas à gagner. Il souhaite toutefois rester humble devant cette «belle reconnaissance». L’implication de ce pharmacien bien occupé s’étend bien au-delà des portes de l’hôpital. En 2018, il a rejoint l’équipe d’EZResus, une application mobile qui assiste les équipes de soins critiques lors de la première heure de la réanimation. L’application prodigue les informations nécessaires à la préparation, au dosage et à la dilution des médicaments en fonction du profil du patient, de son âge, de son poids et de son état. En tant que réviseur scientifique et technique, Mathieu Desgroseilliers a participé à la rédaction de fiches d’information et à la correction de bogues. On retrouve également le pharmacien sur Internet où il anime le balado FrancoFOAM en compagnie de Ian Ajmo, un omnipraticien spécialisé en médecine d’urgence. Il s’agit du premier balado québécois traitant des soins intensifs. Tout a commencé en avril 2019 avec un épisode sur la présence de la famille lors de la réanimation. Depuis, ils en ont publié 80 autres abordant le domaine sous toutes ses facettes : études scientifiques, pharmacocinétique, et même transport d’urgence. «On a un grand auditoire au Québec, au Canada, un petit peu aux États-Unis. Après ça, c’est beaucoup en France, Belgique, Suisse, en Afrique du Nord, dans plusieurs pays francophones africains, et même au Chili et un peu partout», énumère Mathieu Desgroseilliers, qui n’imaginait pas un tel succès. Le balado a même été cité dans les trois premières références francophones du milieu des soins intensifs en 2021, lors d’une plénière du Congrès européen de médecine d’urgence sur l’éducation médicale gratuite en libre accès. «On l’a fait pour le fun, sans s’imaginer qu’une véritable audience suivrait», se rappelle le pharmacien. Quatre ans plus tard, l’aventure continue malgré une petite pause cet été. De nouveaux épisodes sont déjà dans les cartons pour cet automne. Merci à notre commanditaire des Prix Profession Santé 2023.

Mathieu Desgroseilliers: Le plaisir de partager

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