Main d'œuvre indépendante: pas de ruptures de services à venir selon Santé Québec

Article mis à jour le 29/11/2024Certains hôpitaux pourraient-ils fermer leurs portes à partir de la semaine prochaine? Une crainte pour l’association des pharmaciens des établissements de santé (APES), une utopie pour Santé Québec. En effet, selon le nouveau règlement de la Loi limitant le recours aux services d'agences de placement de personnel et à la main-d'œuvre indépendante, entré en vigueur au mois d'octobre dernier, aucun travailleur de la santé ne pourra exercer simultanément au titre de main-d'œuvre indépendante (MOI). Une nouvelle mesure jumelée à la mise en service de Santé Québec. Ainsi, à compter du 1er décembre, les pharmaciens d'établissement pourraient ne plus être autorisés à prêter main forte aux établissements éloignés des grands centres. «Nous avions demandé à ce que les pharmaciens soient exclus de cette interdiction, car, contrairement aux infirmières, ils ne quittent pas le réseau», explique Linda Vaillant, directrice générale de l'APES. Une modification surprise, qui pourrait mettre en péril un certain nombre de petits hôpitaux, comme ceux de la Côte-Nord et du Bas-Saint-Laurent, affirme-t-elle. Présentement, le CISSS de la Côte-Nord compte l’équivalent de 6 pharmaciens à temps complet en main-d’œuvre indépendante sur le territoire, et emploie 16 pharmaciens sur 27,5 postes à la structure. «Le recrutement est en effet difficile. Il n’y a pas d’embauche depuis deux ans et aucun candidat potentiel en vue», confirme le CISSS de la Côte-Nord à ProfessionSanté.ca.À lire aussi: La fin du recours aux agences privées en santé repoussée dans certaines régionsBien que la solution des pharmaciens «dépanneurs» ne soit pas optimale, elle reste ainsi indispensable pour éviter des bris de service dans des établissements qui ne peuvent compter que sur des pharmaciens exerçant à titre de MOI. «S’ils ne peuvent plus venir travailler, les hôpitaux ne pourront pas offrir de services pharmaceutiques, et donc ne pourront pas rester ouverts», déplore la directrice générale de l’APES, qui, dit-elle, a alerté le ministère de cette problématique il y a un mois. «On est le 27 novembre, et nos chefs de département nous appellent pour nous demander ce qu’ils vont faire. D’après ce que nous dit Santé Québec, toutes sortes de solutions sont évaluées. Mais rien n’est avancé. Personne ne sait ce qui va se passer la semaine prochaine», affirme Linda Vaillant à ProfessionSanté.ca. Chez Santé Québec, le son de cloche est pourtant tout autre. La nouvelle agence indique en effet que des discussions sont en cours. D'ici là, statu quo. «Les pharmaciens sont des maillons essentiels dans le réseau de la santé. Québec est en négociation avec eux en ce moment», confirme son porte-parole, Jean-Nicolas Aubé, à ProfessionSanté.ca. «D'ici là, nous maintenons le fonctionnement actuel, notre objectif étant que l'offre de services se poursuive.» Selon l'APES, qui réclamait un moratoire le temps de trouver une solution pérenne, cette suspension du règlement a été communiquée aux établissements le mercredi 27 novembre au soir. Toutefois, aux dernières nouvelles, le MSSS n’a pas obtenu ses mandats pour négocier avec l'association, a appris ProfessionSanté.ca.L'APES réitère par ailleurs les recommandations formulées au gouvernement au mois de mars dernier, parmi lesquelles un pairage entre les établissements, et une obligation pour les établissements les mieux pourvus en effectifs d’assurer une continuité et un soutien durable aux établissements en difficulté. À consulter: Santé Québec: les expectatives des médecins et pharmaciens«Ce soutien se ferait sur 52 semaines par année, en continu, et pas seulement à certaines périodes comme la période des fêtes, explique Linda Vaillant. Les hôpitaux en région ont des besoins tout le temps, mais n’arrivent pas à les couvrir, ce qui crée beaucoup d’instabilité dans la prestation de soins de services.»Une proposition finalement jugée non-recevable par le ministère, qui a préféré aller de l’avant avec des «équipes volantes», mises en place cet été pour les infirmières et les préposés aux bénéficiaires. Un non-sens pour Linda Vaillant. «Pour nous, ce n’est pas du tout une solution, nous n’avons pas de ressources. Même si nous les avions, quelle est la différence entre une équipe volante et le dépannage à la petite semaine qu’on a actuellement? Ça perpétue le dépannage», affirme-t-elle. «Les départements qui accueillent des pharmaciens au titre de MOI ont besoin de personnels qui s’impliquent dans le département, qui s’engagent et collaborent avec le personnel médical et infirmier, pour bien comprendre le milieu. Pas seulement en cas d’urgence.»

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