L'opposition veut des normes sur les «polluants éternels»

Le gouvernement doit mieux contrôler les «polluants éternels», selon l'opposition officielle.La députée libérale Virginie Dufour a déposé un projet de loi en ce sens jeudi. Elle souhaite ainsi qu'on détecte, surveille et contrôle les substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées (SPFA), connues aussi sous leur acronyme anglais de PFAS, qui se retrouvent même dans l'eau potable.Il existe pas moins d'une demi-douzaine de lieux où les aqueducs ou les puits sont déjà contaminés par les SPFA, a confirmé un scientifique à ses côtés qui mène des projets de recherche dans ce domaine.À lire aussi: Voici comment éliminer certains polluants éternels de votre eau potable à domicileEn mars 2024, La Presse Canadienne avait demandé à la Direction de la santé publique une entrevue concernant les SPFA. Le ministère de la Santé avait toutefois décliné la demande et avait suggéré de s'adresser plutôt à l'Institut national de la santé publique (INSPQ). Mme Dufour a reproché aux producteurs de ces substances de connaître depuis longtemps leurs risques, mais d'avoir «caché les effets sur la population globale».Ces matières sont absolument partout dans notre environnement aujourd'hui et on en décèle même dans le corps humain.«Il n'y a pas un humain sur terre qui n'a pas de trace de PFAS dans son sang», a déploré la députée en conférence de presse jeudi.«On les retrouve dans toutes sortes d'usages courants, les cosmétiques, les poêles antiadhésives, des emballages alimentaires, même des vêtements, des textiles.»En vertu du projet de loi qu'elle a déposé, le gouvernement serait tenu de recueillir des échantillons sur tout le territoire pour analyse afin d'avoir un portrait de la situation. Toute municipalité et tout exploitant d’un réseau d’eau potable ou d’un lieu d’enfouissement technique devrait prendre part à cette évaluation.Par la suite, le gouvernement devrait produire un rapport qui «présente notamment les données recueillies, les constats tirés de l’analyse ainsi que toute recommandation jugée pertinente pour l’adoption de normes réglementaires», peut-on lire. Le gouvernement devrait enfin mettre en place des normes avec des seuils maximaux et imposer des tests périodiques de suivi. «Ce n'est pas normal que de tels seuils n'aient pas encore été établis à ce jour», a déploré Mme Dufour, qui était accompagnée du maire de Sainte-Cécile-de-Milton, Paul Sarrazin, et de Sébastien Sauvé, professeur en chimie environnementale à l’Université de Montréal.M. Sarrazin a rappelé que ses concitoyens subissent déjà les effets de ces polluants, puisqu'en vertu d'un avis de la Santé publique, des habitants d'un secteur ne peuvent plus consommer l'eau du robinet. «Je pense qu'on a un devoir», a-t-il plaidé.«Le ministère de l'Environnement le reconnaît. Et, nous, on interpelle beaucoup le gouvernement déjà, depuis plusieurs années, plusieurs mois, même les dernières semaines, pour qu'il prenne en main cette situation-là. Le cas de Sainte-Cécile, il n'est pas unique au Québec.»À consulter: Le Canada propose d'étiqueter les «produits chimiques éternels» comme toxiquesM. Sauvé a rappelé qu'il existe des règles dans l'Union européenne, aux États-Unis, et que même Santé Canada a fixé des seuils, qui sont dépassés au Québec. Il a dit avoir analysé quelques centaines de sites au Québec et que dans six d'entre eux, l'aqueduc ou les puits sont contaminés.«Il y a des options de traitement, il y a des façons d'enlever les SPFA, mais c'est compliqué, mais avant d'enlever les SPFA, il faut savoir où est-ce qu'on a besoin de les enlever.»Les projets de loi déposés à l'Assemblée nationale par l'opposition sont rarement «appelés» par le gouvernement, c'est-à-dire qu'ils sont rarement débattus et étudiés en commission parlementaire pour être ensuite adoptés.Même si chaque parlementaire peut déposer un projet de loi, dans les faits, l'initiative législative est l'apanage du gouvernement, qui décide, avec son leader parlementaire, de l'agencement des travaux de la Chambre.

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