Lignes directrices canadiennes sur l’usage du cannabis dans le traitement de la douleur chronique

Environ 20% des gens dans le monde vivent avec une douleur chronique, et deux tiers d’entre eux déclarent que leur douleur est modérée ou sévère. Celle-ci s’accompagne souvent de troubles du sommeil, d’anxiété, de dépression, de trouble de stress post-traumatique (TSPT) et de troubles liés à la consommation de substances psychoactives. Les prestataires de soins de santé indiquent souvent qu’ils manquent d’informations sur les risques, les avantages et l’utilisation appropriée des médicaments dérivés du cannabis à des fins thérapeutiques. Pour combler ce manque, des lignes directrices canadiennes de pratique clinique ont été établies pour aider les médecins et les patients à utiliser de manière appropriée ces médicaments dans la prise en charge de la douleur chronique et des troubles concomitants. Pour élaborer ces directives, leurs auteurs ont examiné la littérature consacrée au cannabis et aux médicaments à base de cannabinoïdes dérivés de la plante elle-même plutôt qu’aux cannabinoïdes synthétiques de qualité pharmaceutique. Dans l’ensemble, les médicaments à base de cannabinoïdes se sont révélés modérément bénéfiques pour la prise en charge de la douleur chronique. Leur efficacité a également été démontrée dans la gestion des comorbidités, notamment les troubles du sommeil, l’anxiété et la perte d’appétit, ainsi que dans la gestion des symptômes de certaines maladies chroniques associées à la douleur, notamment le VIH, la sclérose en plaques, la fibromyalgie et l’arthrite. Recommandations Les médicaments à base de cannabinoïdes sont recommandés dans les situations suivantes: 1. Douleur chronique: en monothérapie, en remplacement ou en traitement d’appoint pour la prise en charge de la douleur chronique, y compris la douleur neuropathique centrale et/ou périphérique, afin d’améliorer les résultats de la douleur chez les personnes vivant avec une douleur chronique. (Recommandation forte, preuves de qualité moyenne) 2. En tant que monothérapie, traitement de remplacement ou traitement d’appoint chez les personnes souffrant de douleur chronique, pour améliorer la mobilité chez celles qui n’obtiennent pas de réponse adéquate à d’autres traitements. (Recommandation faible, preuves de qualité faible) 3. VIH et douleur chronique: pour la prise en charge des douleurs musculaire et neuropathique chez les personnes vivant avec le VIH qui n’obtiennent pas de réponse adéquate ou qui subissent des effets indésirables d’autres modalités de traitement. (Recommandation forte, preuves de qualité moyenne) 4. Pour la prise en charge des symptômes liés au VIH, notamment les nausées, l’anxiété, la dépression, le manque d’appétit et la perte de poids, chez les personnes vivant avec le virus de l’immunodéficience humaine. Cette utilisation est réservée à la prise en charge des symptômes et ne doit pas remplacer l’utilisation des thérapies antirétrovirales. (Recommandation forte, preuves de qualité faible) 5. Sclérose en plaques (SEP) et douleur chronique: en tant que traitement d’appoint pour la gestion de la douleur chez les personnes atteintes de sclérose en plaques qui n’obtiennent pas de réponse adéquate aux autres traitements. (Recommandation forte, preuves de qualité moyenne) 6. En tant que traitement d’appoint pour la prise en charge des spasmes musculaires chez les personnes atteintes de SEP qui n’obtiennent pas une réponse adéquate à d’autres médicaments. (Forte recommandation, preuves de qualité moyenne) 7. En tant que traitement d’appoint pour la prise en charge des troubles du sommeil chez les personnes vivant avec la SEP qui n’obtiennent pas une réponse adéquate à d’autres thérapies. (Recommandation forte, preuves de qualité faible) 8. Arthrite et douleur chronique: en tant que traitement d’appoint pour la prise en charge de la douleur chronique chez les personnes atteintes d’affections arthritiques qui n’obtiennent pas une réponse adéquate à d’autres traitements. (Recommandation forte, preuves de qualité faible) 9. Fibromyalgie et douleur chronique: en tant que traitement d’appoint pour la prise en charge de la douleur dorsale, de la douleur fibromyalgique ou d’autres douleurs chroniques chez les personnes atteintes de fibromyalgie qui n’obtiennent pas une réponse adéquate aux analgésiques standards. (Recommandation forte, preuves de qualité faible) 10. Maux de tête chroniques et migraines: en tant que traitement d’appoint pour la prise en charge de la migraine ou des céphalées chroniques chez les personnes qui n’obtiennent pas de réponse adéquate à d’autres modalités. (Recommandation faible, preuves de qualité faible) Lire aussi: Maladies chroniques: pourquoi est-ce si difficile de suivre un traitement sur le long terme? 11. Douleur chronique et nausées: en monothérapie ou en traitement d’appoint pour réduire les nausées chez les personnes souffrant de douleurs chroniques qui n’obtiennent pas de réponse adéquate avec d’autres modalités de traitement. (Recommandation faible, preuves de qualité faible) 12. Problèmes de sommeil, symptômes de privation de sommeil et douleur chronique: en monothérapie, en remplacement ou en traitement d’appoint, pour améliorer le sommeil et les symptômes de privation de sommeil chez les personnes souffrant de douleur chronique qui ne répondent pas à d’autres modalités ou traitements pharmacologiques, ou qui ne les tolèrent pas. (Recommandation forte, preuves de qualité moyenne) 13. Douleur chronique et perte d’appétit: le cannabis à dominante de THC est recommandé pour les personnes souffrant d’une perte d’appétit problématique associée à une douleur chronique, plutôt que l’absence de traitement. (Recommandation forte, preuves de qualité faible) 14. Douleur chronique et TSPT: pour améliorer les symptômes du TSPT chez les personnes souffrant de douleurs chroniques qui ne répondent pas ou ne tolèrent pas les traitements non médicamenteux. (Recommandation faible, preuves de qualité faible) 15. Douleur chronique et anxiété: en tant que thérapie d’appoint pour améliorer les symptômes d’anxiété chez les personnes vivant avec une douleur chronique qui ne répondent pas au traitement non médicamenteux ou qui ne le tolèrent pas. (Recommandation forte, preuves de qualité moyenne) 16. Douleur chronique et dépression: en tant que thérapie complémentaire pour améliorer les symptômes de la dépression chez les personnes souffrant de douleur chronique et dont les résultats du traitement standard ne sont pas satisfaisants. (Recommandation faible, preuves de qualité moyenne) 17. Douleur chronique et analgésie insatisfaisante à la suite d'un traitement par opioïdes: comme traitement d’appoint aux opioïdes pour la prise en charge de la douleur chronique chez les personnes dont l’analgésie n’est pas satisfaisante après un traitement aux opioïdes. (Recommandation forte, preuves de qualité moyenne) Lire aussi: Le cannabis est-il plus nocif que le tabac pour les poumons? 18. Réduction de la consommation d’opioïdes pour les personnes utilisant des opioïdes contre la douleur chronique: en tant que traitement d’appoint chez les personnes utilisant des doses modérées à élevées d’opioïdes (> 50 doses d’équivalent morphine) pour la prise en charge de la douleur chronique et/ou pour augmenter la réduction de la consommation d’opioïdes. (Recommandation forte, preuves de qualité moyenne) 19. Comme traitement d’appoint de la douleur chronique chez les personnes prenant n’importe quelle dose d’opioïdes qui n’atteignent pas les objectifs en matière de douleur chronique, qui subissent des événements indésirables liés aux opioïdes ou qui présentent des facteurs de risque d’effets indésirables liés aux opioïdes. (Recommandation forte, preuves de qualité faible) Dans ces lignes directrices, les auteurs fournissent des conseils pratiques et des considérations sur le choix de la forme posologique du cannabis, le mode d’administration, le dosage (dosage de routine, dosage conservateur, dosage rapide et titrage de la dose), l’utilisation du THC par rapport au CBD, les effets indésirables, les interactions médicamenteuses, les risques et bénéfices, la surveillance des patients pour les troubles liés à l’utilisation du cannabis ainsi que sur la diminution ou l’arrêt des analgésiques concomitants. Les auteurs des lignes directrices concluent que tous les patients qui envisagent d’utiliser des médicaments à base de cannabinoïdes doivent être informés des risques et des effets indésirables. Les patients et les cliniciens doivent travailler en collaboration pour identifier les dosages, les ajustements nécessaires et les modes d’administration appropriés pour chaque individu.

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