Lettre d'opinion: Quand le mépris exacerbe l’exode des médecins de famille

L'entente permettant de facturer les téléconsultations médicales, mise en place lors de la pandémie, arrivera à échéance le 31 décembre 2024. Le gouvernement de la CAQ semble vouloir maintenir ce service, tout en profitant de cette occasion pour renégocier l’entente à la baisse. La méconnaissance ministérielle de la pratique médicale est flagrante! L’efficacité et la pertinence de la téléconsultation médicale ne sont pourtant plus à démontrer.Le nombre de problèmes pouvant être réglés rapidement et efficacement avec la téléconsultation est sous-estimé (pour des situations ponctuelles, souvent urgentes et pour des patients pour lesquels un examen physique n’est pas requis). Pour ne donner qu’un seul exemple de situation, pensons aux patients les plus âgés, les moins ambulants, qui dépendent de leurs proches aidants pour leur transport. Dorénavant, ils devront se rendre à la clinique pour tous les rendez-vous, ce que la téléconsultation permet d’éviter.Comment cette situation va-t-elle impacter la pratique des médecins et la pérennité de ce service aux patients, croyez-vous? Une offre de soins qui s’avère pourtant très appréciée par les patients.Faut-il alors s’étonner de l’exode qui touche les médecins de famille?Plus de 50 postes en médecine familiale sont désertés chaque année depuis près d’une décennie au profit de la médecine spécialisée.De plus en plus, les médecins de famille quittent pour d’autres provinces canadiennes où les obligations de PREM et d’AMP n’existent pas.À lire aussi: PREM 2025: plus de flexibilité pour les DRMG(PREM: imposition de travailler dans une région déterminée; AMP: obligation de travailler un certain nombre d’heures par semaine à l’hôpital ou en CHSLD).Depuis «l’ère Barrette», le dénigrement envers les médecins de famille n’a de cesse. Des informations fallacieuses sont très nombreuses sur certaines plateformes médiatiques. Quelques tribuns préfèrent déblatérer plutôt que de parler des vrais enjeux: des décisions ministérielles injustifiées, une bureaucratie écrasante, un système informatique désuet, etc.Pendant des décennies, les médecins prenaient leur retraite plus tardivement que le reste de la population. Depuis quelques années, en raison de la détérioration significative des conditions de travail, les médecins de famille sont démotivés et arrêtent la pratique médicale plus tôt qu’ils n’anticipaient le faire au départ.Dans un tel contexte, le gouvernement n’est-il pas également imputable d’avoir provoqué l’exode des médecins de famille vers le privé? Maintenant que la gronde populaire sévit, le ministre Dubé s’insurge de cette hémorragie dont son ministère est lui-même l’artisan.Qu’est-ce qu’un exode médical? C’est un départ non souhaité à prime abord. Il est motivé par des situations délétères, des conditions de travail pénibles et un mépris, omniprésent.Ne manquez pas: Monsieur Dubé, que se passe-t-il? Le gouvernement réalise-t-il qu’il met en péril la médecine familiale et précipite son extinction? Pourtant, les études démontrent qu’un patient suivi par un médecin de famille, versus par plusieurs spécialistes, a une espérance de vie plus longue et qu’il souffrira de moins de morbidité.Visiblement, le gouvernement ne semble pas cerner toute la complexité du travail du médecin de famille. Outre les multiples freins et injonctions imposés à la pratique, aucun médecin de famille n'a été nommé parmi les 15 membres du Conseil d’administration de Santé Québec.Avec cette décision de renégocier à la baisse, ce sont les patients qui seront les premiers affectés, en plus d’accroître l’achalandage dans les cliniques médicales. Est-ce ainsi que le ministère pense améliorer l’accessibilité aux soins de santé? Peut-on espérer que nos élus soient plus respectueux et plus à l’écoute des besoins réels, autant des patients que des soignants?

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