Les vaccins contre la COVID-19 sont sécuritaires

Neuf mois après la fin de la campagne de vaccination contre la COVID-19, l’Institut national de la santé publique du Québec (INSPQ) vient de publier quatre rapports relatifs à l’innocuité des produits administrés aux Québécoises et Québécois. En analysant les données du système général de surveillance passive des manifestations cliniques indésirables (MCI) et celles d’une enquête menée auprès des centaines de milliers de personnes vaccinées, «on arrive à la conclusion que les vaccins contre la COVID-19 sont sécuritaires, sans exclure des effets secondaires, et qu’ils présentent des ratios risque-bénéfice très favorables», résume le Dr Gaston De Serres, médecin-épidémiologiste à l’INSPQ et membre du Comité d’immunisation du Québec. La première étude concernait toutes les MCI déclarées par les professionnels de la santé dans les sept semaines suivant l’injection de trois principaux vaccins administrés au Québec (le vaccin à vecteur viral ChAdOx1 d’AstraZeneca et les vaccins à ARN messager Spikevax de Moderna et Comirnaty de Pfizer-BioNTech). La seconde, réalisée auprès des personnes vaccinées elles-mêmes, portait sur les problèmes de santé survenus au cours de la semaine suivant l’injection. Les deux autres études ciblaient deux MCI en particulier: les réactions anaphylactiques et la paralysie de Bell. Au total, 18,8 millions de doses de vaccins ont été administrées entre le 14 décembre 2020 et le 31 mai 2022. Durant la même période, 12 494 MCI ont été soumises au programme de surveillance passive. La grande majorité d’entre elles étaient d’intensité légère à modérée — réactions au site d’injection, migraines, malaises, fièvre, problèmes gastro-intestinaux, etc. Les cas plus graves — problèmes neurologiques ou thromboses — représentent 8% des déclarations. Plus de 717 personnes ont par ailleurs été hospitalisées après avoir reçu leur vaccin. Dans l’ensemble, «plus de MCI ont été déclarées pour les vaccins contre la COVID‑19 que pour les autres vaccins du programme d’immunisation québécois ou ceux contre l’influenza», note le Dr De Serres. Pour les trois vaccins contre la COVID-19, les chercheurs ont recensé 67 cas de MCI déclarés par 100 000 doses administrées contre une moyenne de 31,9 cas pour les autres vaccins administrés entre 2015 et 2019 au Québec. Une différence notable qui s’explique, selon l’épidémiologiste de l’INSPQ, par «la nouveauté de ces produits et par l’inquiétude généralisée de la population durant cette situation de crise». Le médecin souligne par ailleurs que l’apparition de problèmes de santé après l’administration d’une dose de vaccin ne signifie pas forcément qu’ils sont causés par le vaccin. «C’est ce que suspectent les professionnels de la santé qui déclarent une MCI, mais une grande proportion de ces manifestations est vraisemblablement attribuable à d’autres causes», affirme-t-il. Dans le détail, les MCI déclarées via le système général de surveillance passive ont eu tendance à diminuer au fil des doses, «alors que la fréquence est semblable après la première, la deuxième ou la troisième dose d’après les données de la surveillance active», signale le Dr De Serres. Le vaccin d’AstraZeneca a suscité davantage de réactions (204 par 100 000 doses) que celui de Moderna (83 par 100 000 doses), et presque quatre fois plus que le Pfizer (52 cas pour 100 000 doses). Des cas de thromboses avec thrombocytopénie induite par le vaccin d’AstraZeneca ont également été rapportés, dont un décès au Québec. «Ce n’était pas un problème fréquent, mais il était tellement grave que l’on a arrêté d’administrer ce vaccin-là, d’autant plus qu’on avait des alternatives», indique le médecin épidémiologiste. Lire aussi: La mésinformation pandémique aurait contribué au décès de 2800 Canadiens en neuf mois Les réactions au site d’injection étaient relativement fréquentes et plus élevées pour la dose 3 que pour les doses 1 ou 2. Toutefois, elles variaient selon les vaccins: elles étaient plus faibles pour le Pfizer-BioNTech, suivie du vaccin d’AstraZeneca, puis du vaccin de Moderna, ce dernier provoquant des réactions plus tardives (cinq à sept jours après l’injection). Réactions allergiques Concernant les réactions allergiques, 239 cas d’anaphylaxie temporellement associés à la vaccination ont été déclarés, soit un taux de 12,9 cas par million de doses administrées, légèrement plus élevé que celui constaté après la vaccination contre la grippe A (H1N1) en 2009 au Québec. Ce taux d’anaphylaxie était sept fois plus élevé chez les femmes et plus particulièrement chez celles âgées de 30 à 59 ans. «Près des deux tiers des cas admissibles ont été revaccinés après l’épisode d’anaphylaxie», note le rapport de l’INSPQ. «Parmi eux, 4,5% auraient présenté une récidive d’anaphylaxie.» Paralysie de Bell Environ 170 cas de paralysie de Bell ont été rapportés au système de surveillance passive, dont près de la moitié est apparue dans les sept jours suivants la vaccination. Cependant, «l’investigation effectuée à partir des consultations dans les urgences du Québec a montré que leur fréquence était uniforme entre la première et la douzième semaine consécutive après la vaccination. Si le vaccin en était réellement la cause, on aurait dû avoir une hausse durant la première semaine. On a donc pu conclure que la vaccination n’était pas associée à un risque de paralysie de Bell», explique le Dr De Serres.

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