Les survivants du médulloblastome présentent de graves séquelles

Si le taux de survie au médulloblastome, la forme la plus commune du cancer du cerveau chez les jeunes, oscille aujourd’hui de 50 à 80%, les patients qui en réchappent vivent avec de lourdes séquelles consécutives aux traitements qu’ils subissent. Troubles neurodéveloppementaux et neurologiques, accident vasculaire cérébral, perte auditive, infertilité, «le tableau est très sombre, plus sombre qu’on ne le pensait. Je ne m’y attendais vraiment pas», confie la Dre Hallie Coltin qui est hémato-oncologue pédiatrique au Centre hospitalier universitaire (CHU) Sainte-Justine. La chercheuse, qui est également professeure adjointe de clinique à la Faculté de médecine de l’Université de Montréal, a mené une étude populationnelle en Ontario, où elle a effectué son fellow en neuro-oncologie au Hospital for Sick Children de Toronto. Elle portait sur 389 enfants et adolescents ayant reçu un diagnostic de médulloblastome entre 1987 et 2015 et plus spécifiquement sur les 230 (60%) qui ont survécu au moins cinq ans après leur traitement. Leurs données de santé ont été comparées à celles de 1150 personnes appariées selon l’âge, le sexe et la zone géographique de résidence. Parmi les survivants, plus de 80% avaient subi une irradiation craniospinale, près du quart avaient reçu une chimiothérapie à la cisplatine et deux tiers étaient des filles. Ces derniers, en plus d’afficher un taux de mortalité global 21 fois plus élevé que le reste de la population, présentaient des taux d’accident vasculaire cérébral et de perte auditive marquée (nécessitant un dispositif d’amplification) respectivement 45 fois et 96 fois plus élevés que leurs homologues en santé. «Près de la moitié de la cohorte percevait également des prestations d’invalidité, sachant que cette donnée est vraisemblablement sous-évaluée», signale la Dre Coltin. L’étude, publiée dans le Journal of Clinical Oncology, montre aussi que 18,7% des survivants étaient hypertendus, la moitié ont eu besoin d’une aide au handicap ou de services de soins à domicile et 61,3% ont obtenu des services de santé mentale en ambulatoire. Les femmes survivantes avaient quant à elles 80% de chances en moins de donner naissance à un enfant vivant, comparé aux groupes témoins. Irradier mieux, irradier moins Selon l’hémato-oncologue, ces résultats soulignent l’urgence d’ajuster les schémas thérapeutiques en fonction de l’âge des patients, de la biologie de leur tumeur et de sa gravité. «Ce n’est pas assez de les guérir du médulloblastome, on doit leur offrir de meilleures perspectives de santé et surtout une meilleure qualité de vie», affirme la Dre Coltin. Aujourd’hui, les patients subissent en premier lieu une résection de leur tumeur. Ensuite, ils sont traités par une combinaison de radiothérapie et de chimiothérapie, la seconde option étant privilégiée pour les moins de 5 ans, à des doses plus intenses pour compenser. «L’objectif serait de leur proposer des thérapies d’intensité stratifiées afin que les patients à faible risque de rechute ne soient pas exposés à des traitements de chimiothérapie et de radiothérapie excessifs qui ont des effets secondaires terribles», explique la chercheuse du CHU Sainte-Justine, en espérant que son étude sera le déclencheur de recherches en ce sens. Lire aussi: Prévenir le cancer en s’intéressant à la gestion des déchets de nos cellules Chef de la division de neurologie infantile de l’Université Stanford, le Dr Paul Graham Fisher partage l’opinion de sa jeune consœur. «Très peu d’enfants atteints de médulloblastome sont guéris sans séquelles neurodéveloppementales et neurologiques significatives. Nous devons reconnaître que leur qualité de vie est fortement compromise à jamais», écrit le neuro-oncologue dans un éditorial du Journal of Clinical Oncology. «Je pense que nous sommes à la croisée des chemins», poursuit-il en s’adressant à ses pairs. «Nous devons rapidement envisager des stratégies qui visent à réduire (l’intensité des) irradiations craniospinales (…) en stratifiant les risques de manière à ce que seul le plus petit nombre d’enfants soit soumis aux doses les plus élevées», indique le clinicien avant de conclure: «Nos patients atteints d’un médulloblastome nouvellement diagnostiqué se trouvent aujourd’hui dans nos cliniques, et c’est maintenant qu’il faut les aider.»

Les survivants du médulloblastome présentent de graves séquelles

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