Les résidents envisagent se mettre en grève au début 2025

L'article a été modifié à 9h24 avec l'ajout de la réaction du cabinet du ministre de la Santé, puis à 10h30 avec des propos additionnels du Dr Ghassen Soufi.Le ton monte entre la Fédération des médecins résidents du Québec (FMRQ) et le gouvernement. «Notre entente est échue depuis bientôt quatre ans et nous négocions depuis plus de 25 mois maintenant. Nous en avons assez du manque de respect et de cette désagréable impression que l’on se fait niaiser!» déplore le président de la FMRQ, le Dr Ghassen Soufi. Il explique que la partie gouvernementale voulait parvenir à une entente d’ici le temps des Fêtes en mentionnant que la Fédération y était favorable, après des mois de pourparlers sans résultats concrets. «Mais on nous a finalement présenté une proposition globale qui a démontré tout le contraire.»Étant donné son contenu insatisfaisant, le Dr Soufi considère que les négociations se dirigent «tout droit vers une impasse» dont la seule issue serait une grève des 4000 membres de la FMRQ envisagée pour le début de 2025. «Il y a un réel sentiment d’exaspération parmi les médecins résidents. C’est pourquoi la FMRQ a lancé, voilà quelques semaines, le processus de détermination des services essentiels à maintenir en cas de grève», annonce son président.Selon lui, les négociations stagnent depuis trop longtemps. «Ça ressemble à une stratégie gouvernementale. Ils veulent tester notre détermination avant qu’on s’entende sur de vraies mesures», estime le Dr Soufi. Il déclare que la grève reste «un moyen de pression auquel on ne veut pas recourir. Mais on s’y prépare, car s’il le faut, c’est vers là qu’on va aller», ajoute le résident en psychiatrie en précisant que les membres de la FMRQ seront consultés début janvier. 19 jours consécutifs de travailLes discussions achoppent sur la charge de travail des résidents. L'entente actuellement en vigueur permet aux employeurs d’exiger jusqu’à 19 jours consécutifs de travail. La FMRQ demande que ses membres puissent au moins prendre une journée de repos après sept jours consécutifs de travail ou de garde.«Il s’agit d’une mesure minimale de santé et de sécurité assurant que les médecins qui posent des actes médicaux puissent le faire sans jamais que leur jugement professionnel ne soit altéré par la fatigue accumulée», précise le communiqué de la Fédération en soulignant que trois-quart des résidents québécois, peu importe leur spécialité, présentent des symptômes d’épuisement professionnel. «On veut juste être traités comme des humains», clame le Dr Soufi, qui considère que cette demande n’a rien d'extravagant. «On veut avoir l’option de pouvoir prendre une journée de repos facultative après avoir travaillé sept jours consécutifs. Nombre de résidents ne vont même pas la prendre», souligne le président de la FMRQ qui dit ne pas comprendre pourquoi cette demande est rejetée par les représentants du ministre à la table de négociation. Lire aussi: «Ne pas substituer»: le MSSS resserre les règles de remboursement«La partie patronale nous oppose même, au contraire, des demandes de limitations à la prise de congés pour nos membres qui pratiquent en moyenne 72 heures par semaine. Ils leur demandent d’en faire encore plus, faut le faire!» s’indigne le Dr Soufi en critiquant «des visions purement comptables qui sont complètement déconnectées de la réalité sur le terrain». «En fait, ajoute-t-il, c’est très utile de recourir à nous. Les résidents servent à combler les trous dans l’horaire et à éviter les bris de service.»Au-delà du bien-être de ses collègues résidents, le président de la FMRQ aimerait qu’on leur témoigne du respect. «On est certes encore des apprenants, mais on veut que notre contribution au système de santé soit reconnue. La rémunération, c’est aussi une question de respect», souligne-t-il en spécifiant qu’au nombre d’heures travaillées par les résidents, ces derniers ne sont pas payés à la hauteur de leur contribution.«Il faut que l’on passe à une autre dynamique de négociation que celle qui a été installée par les représentants du gouvernement jusqu’à maintenant.» - Dr Ghassen SoufiÀ lire aussi: La FMOQ poursuit le gouvernementSollicité par Profession Santé, le cabinet du ministre de la Santé indique par courriel limiter ses commentaires compte tenu du contexte de négociations en cours. Il souligne toutefois que «le choix des moyens de pression appartient aux syndicats. Les négociations doivent se faire aux tables. Nous invitons le syndicat des médecins résidents à poursuivre les discussions.»

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