Les médecins spécialistes veulent «avoir l'heure juste» sur les compressions

La Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ) demande un moratoire immédiat sur les compressions budgétaires dans le réseau de la santé touchant les services directs aux patients. Elle souhaite l'instauration de cette mesure tant que les impacts des coupes prévues sur la qualité et l'accès aux soins n'auront pas fait l'objet d'une analyse. «Ce n'est pas compliqué. Ce qu'on veut, c'est avoir l'heure juste et on veut s'assurer qu'il n'y aura pas d'impact sur les patients. On n'acceptera jamais que ces coupures-là se fassent sur le dos des patients», a soutenu le président de la FMSQ, le Dr Vincent Oliva, en conférence de presse à Montréal, jeudi. En compagnie du vice-président de la Fédération, le Dr Serge Legault, il a dénoncé les compressions que des établissements commencent à mettre en œuvre afin d'éliminer 1,5 milliard $ de dépenses pour renouer avec l'équilibre budgétaire dans le réseau, à la demande de la nouvelle agence Santé Québec. À lire aussi: Déficit en santé: Dubé va tenter de «minimiser» les impacts sur les servicesLe Dr Legault a énuméré quelques exemples pour illustrer les effets des réductions budgétaires qui se font déjà sentir. Parmi les cas relatés figurent des traitements endoscopiques retardés, 400 affichages de postes «rayés de la carte» à la Cité-de-la-Santé de Laval, des suppressions de postes d'orthésistes «un peu partout» et des moratoires sur l'achat de nouveaux équipements ou sur des programmes d'entretien d'équipements. Contrairement au dire du gouvernement Legault, il «n'est pas vrai» que ces décisions sont sans impacts et que ceux-ci sont minimes sur les soins, a fait valoir le Dr Oliva. La FMSQ estime que ces coupes «aggraveront une situation déjà critique, limitant davantage l'accès aux soins». «On n'est pas seulement inquiets pour l'accès, mais on commence à être inquiets pour la sécurité des patients. Parce qu'avec tous ces patients qui ne se font pas traiter, qui sont sur les listes d'attente, il va finir par arriver des accidents», a dit le Dr Oliva.À lire aussi: Santé Québec opérationnel: des inquiétudes pour les régions éloignées«Sur mon téléphone aujourd'hui, j'ai déjà trois médecins qui se plaignent de suppressions. (...) On n'est pas ici pour faire peur à la population, mais je pense que c'est important de rectifier les faits», a déclaré le Dr Legault. Moins de bureaucratieSelon le Dr Oliva, Québec devrait plutôt couper dans la bureaucratie «qui est très lourde». Il expose que la province compte trois fois plus de personnel de la santé qui ne donne pas de soins directs aux patients (fonctionnaires, bureaucrates, gestionnaires) que dans des pays de taille comparable, comme la Suède, mais beaucoup moins de soignants. «Ce ratio-là de personnel qui ne donne pas de soins versus des soignants, il faudrait l'inverser. Mais ça prend du temps pour faire ça», évoque le président de la fédération. Le premier ministre François Legault a soutenu que les budgets en santé étaient en augmentation. Il a lié la sortie des médecins spécialistes à la négociation qui a cours entre eux et le gouvernement pour renouveler l'accord-cadre. «La FMSQ, on le sait tous, est en négociation, puis ils veulent plus d'argent. Les budgets de la santé sont en croissance de 3% sur l'année. Donc, c'est important de respecter des budgets sur l'année», a commenté le premier ministre Legault aux journalistes à l'Assemblée nationale, jeudi matin, avant la conférence de presse de la fédération. Aussi: Pas de réorganisation imposée aux syndicats dans la santéInterpellé à réagir, le Dr Oliva a réfuté le lien fait par le premier ministre. «La seule chose que j'ai à négocier, c'est qu'il ne coupe pas les budgets de la santé. C'est la seule chose que je plaide ici», ajoutant que les négociations avancent bien, mais lentement.Le ministre de la Santé, Christian Dubé, a pour sa part affirmé que ce n'est pas aux médecins de gérer le réseau. «Eux, ils doivent être là pour les patients, puis ils doivent s'asseoir à la table. Je ne veux pas que les patients soient pris en otage pendant les négos», a-t-il déclaré en mêlée de presse à Québec.

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