Les dépenses de santé continuent de croître fortement au Canada

Après des hausses de 1,7% en 2022 puis de 4,5% en 2023, les dépenses consacrées aux soins de santé d’un océan à l’autre devraient augmenter de 5,7% cette année. Elles atteindront ainsi un total de 372 milliards de dollars, soit 9054$ par Canadienne et Canadien, et représenteront 12,4% du produit intérieur brut (PIB). «En omettant les années de la pandémie (2020 et 2021), il s’agit du ratio le plus élevé jamais atteint», souligne l’Institut canadien d’information sur la santé (ICIS) dans la 28e édition de son rapport annuel Tendances des dépenses nationales de santé.L’Institut précise également que «la hausse des dépenses de santé devrait donc être supérieure à la croissance de l’économie en 2024», celle-ci étant évaluée à 1,2% par la Banque du Canada.Au Québec, les dépenses consacrées aux soins de santé atteindront en 2024 quelque 81,2 milliards de dollars et représenteront près de 14% du PIB de la province. Comparées à 2023, les dépenses annuelles par habitant (8984$) sont en hausse de 2,2%, ce qui place le Québec parmi les bons élèves de la maîtrise des coûts en santé par personne, avec l’Ontario (+ 2,3%), la Saskatchewan (+ 2,4%) et l’Alberta (+ 2,5%). À l’opposé, les coûts par habitant vont progresser de 7,8% dans les Territoires du Nord-Ouest, de 7,0 % au Nunavut, de 6,5% en Colombie-Britannique et 6,1% à Terre-Neuve-et-Labrador.L’ICIS précise que le taux de croissance attendu en 2024 est comparable à celui observé entre 2008 et 2010, une période où les dépenses de soins de santé ont augmenté de 5,9% par an en moyenne. En revanche, il est supérieur à la moyenne annuelle de 2011 à 2019 (3,9% par an). Selon les prévisions de l’Institut, la croissance des dépenses de soins de santé «pourrait se maintenir en raison, en partie, de l’augmentation récente et rapide de la population», mais aussi étant donné l’entente conclue en 2023 entre Ottawa et les provinces et territoires qui prévoit un financement supplémentaire de 196,1 milliards de dollars sur 10 ans pour la santé.Dans le détail, les dépenses hospitalières représentent la part la plus importante des dépenses de soins de santé. Elles devraient progresser de 6,1% et correspondre à 26% des dépenses totales de santé en 2024. La rémunération des employés constitue le gros poste budgétaire des hôpitaux canadiens. En moyenne, elle compte pour environ les deux tiers des dépenses totales des centres hospitaliers. En 2022-2023, les salaires versés aux employés ont atteint 45 milliards de dollars, soit une hausse de 6,7% sur un an.Les dépenses liées aux médicaments, qui représentent 13,7% du total, devraient quant à elles augmenter de 3,8% en 2024 et atteindre près de 51 milliards de dollars (1238$ par habitant). «Le remplacement des médicaments de marque par des génériques continue d’avoir un effet modérateur sur la croissance des dépenses en médicaments», observe l’ICIS. «Toutefois, les nouveaux médicaments spécialisés en cours de développement pourraient constituer un facteur plus important à l’avenir. Par exemple, les analogues des agonistes des récepteurs du peptide-1 apparenté au glucagon (GLP — 1), qui servent à traiter le diabète et l’obésité, ont été au cœur de la hausse des dépenses», souligne le rapport.Viennent ensuite les dépenses liées aux médecins qui compteront pour 13% du total en 2024 (soit 1203$ par personne). Après avoir bondi de 8,7% en 2022 et de 7,5% en 2023, leur croissance devrait se stabiliser un peu en 2024 (+ 4,4%). L’ICIS anticipe que le nombre de médecins va continuer d’augmenter au pays, de même que le nombre de services qu’ils rendent. «À l’avenir, ces deux facteurs contribueront à l’augmentation des dépenses liées aux médecins», mentionne le rapport.Quand on se compare…Avec 8119$ dépensés en santé par habitant en 2022, le Canada se situait au-dessus de la moyenne des 38 pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Cette année-là, les États-Unis affichaient une fois encore les dépenses de soins de santé par personne les plus élevées (15 113$), le Canada se situant derrière la Suède (8314$) et la France (8212$), mais devant l’Australie (8073$) et la Nouvelle-Zélande (7463$).Toujours en 2022, la part des dépenses en soins de santé de source privée (dépenses directes des ménages et paiements volontaires d’assurance maladie) s’élevait à 28,8 % au Canada, dépassant la moyenne de l’OCDE (25,3%). Comparé à des pays similaires, le Canada se classe devant l’Allemagne (13,3%), la France (15,3%) et la Nouvelle-Zélande (19,2%).«La répartition des dépenses de soins de santé entre les secteurs public et privé a été stable de 1999 à 2019, la part du secteur privé restant étant d’environ 30%», note l’ICIS en précisant que cette part a chuté en 2020 en raison de l’augmentation des dépenses publiques visant à répondre à la pandémie de COVID-19, mais qu’elle est aujourd’hui revenue aux niveaux antérieurs.

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