Les CT scans contribueraient à plus de 100 000 nouveaux cas de cancer par an aux États-Unis

Selon une nouvelle étude de modélisation menée aux États-Unis, la fréquence des examens par tomodensitométrie (CT scan) ainsi que leurs doses de radiation pourraient provoquer jusqu’à 103 000 nouveaux cas de cancer chez nos voisins du Sud. Si le nombre annuel de CT scans reste le même, ceux-ci pourraient contribuer à 5% des nouveaux cas de cancer diagnostiqués chaque année. Le nombre d'examens par tomodensitométrie est en augmentation aux États-Unis, avec une hausse de 30% depuis 2009, année au cours de laquelle la revue Archives of Internal Medicine avait publié une analyse similaire. Des chercheurs américains et britanniques ont examiné 93 millions de CT scans réalisés sur 62 millions de patients américains en 2023. Ils ont calculé que 103 000 cancers supplémentaires résulteraient de ces examens. Dans le détail, le modèle a prédit: 21 400 cas de cancer du poumon (avec une incidence plus élevée chez les femmes);8400 cas de cancer du côlon;7400 cas de leucémie.Quatre pour cent des tomodensitométries concernaient des enfants. Le modèle suggère que ces examens entraîneraient 9700 cancers supplémentaires au cours de la vie de ces enfants. Ceux-ci pourraient inclure:3500 cas de cancer de la thyroïde (plus fréquents chez les femmes);990 cas de cancer du poumon;630 cas de cancer du sein.Le modèle a montré qu'une réduction de 20% de la dose de rayonnements permettrait de réduire de 22,2 % les cas futurs de cancer liés aux tomodensitométries. Une augmentation de la dose entraînerait une augmentation de 23,3% des cancers.Fréquence et doses«Ces risques futurs de cancer peuvent être réduits soit en diminuant le nombre de tomodensitométries - en particulier les examens de faible valeur qui sont utilisés dans des situations où ils ont peu de chances d'aider le patient -, soit en réduisant les doses de rayons par examen», déclare dans un communiqué de presse la Dre Rebecca Smith-Bindman, co-auteure principale et radiologue. «Les doses utilisées pour les tomodensitométries varient considérablement d'un hôpital à l'autre, même au Royaume-Uni, et il est possible de réduire ces doses sans nuire à la précision des examens», ajoute la professeure d'épidémiologie et de biostatistique, d'obstétrique, de gynécologie et de médecine reproductive à l'Université de Californie à San Francisco.À lire aussi: Le risque de cancer double à partir de quatre CT-scans avant 18 ansLorsque les examens par tomodensitométrie sont utilisés dans un contexte clinique approprié, les risques l'emportent sur les avantages, note toutefois l’autre co-auteure principale, Amy Berrington, responsable du groupe d'épidémiologie clinique du cancer à l'Institut de recherche sur le cancer (ICR) de Londres. Lorsque les risques de cancer liés aux CT scans sont observés au niveau de la population, leur impact global apparaît clairement, souligne-t-elle.«Bien que le National Health Service au Royaume-Uni dispose d'un système bien plus efficace pour garantir que les tomodensitométries prescrites sont cliniquement justifiées, nous ne devons pas nous reposer sur nos lauriers. De nombreux autres pays en Europe, ainsi qu'en Australie, réalisent un nombre élevé de CT scans, et ce nombre est en augmentation, observe Amy Berrington. Nous exhortons les médecins à s'assurer que les examens ne sont effectués qu'en cas de nécessité et que les doses sont adaptées au patient.»La modélisation est basée sur le rapport VII de la National Academy of Sciences qui est intitulé «Biologic Effects of Ionizing Radiation». Les chercheurs ont pris en compte divers facteurs, notamment l'âge, le sexe et la dose de rayons. Ils ont exclu tous les examens réalisés au cours de la dernière année de vie.À lire aussi: La toute-puissance de la technoscience médicaleMoins de CT-scans au CanadaLe modèle est spécifique aux États-Unis, où l'utilisation des examens par tomodensitométrie est élevée. Au Canada, il y a eu 160,2 examens par tomodensitométrie pour 1000 personnes entre 2022 et 2023, selon un rapport de l'Agence des médicaments du Canada. Ces examens ont été réalisés dans des établissements publics; certains établissements privés proposent également des examens par tomodensitométrie. Aux États-Unis, 254,6 CT scans ont été réalisés pour 1000 habitants en 2021, ce qui représente le deuxième taux le plus élevé parmi les pays de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). La Corée du Sud arrive en tête avec 281,5 examens pour 1000 habitants.Une étude publiée en 2019 dans le JAMA Pediatrics a révélé que les services d'urgence canadiens recouraient beaucoup moins aux tomodensitométries de la tête et de l'abdomen chez les enfants que les services d'urgence américains. L'utilisation des CT-scans abdominaux chez les enfants était 10 fois plus élevée aux États-Unis qu'au Canada. L'étude, menée par le Dr Eyal Cohen de l'Hospital for Sick Children, n'a révélé aucune différence dans les résultats cliniques, ce qui suggère que l'utilisation de l'imagerie aux États-Unis pourrait être réduite.Choisir avec soin Canada a dressé une liste de huit tests et traitements à remettre en question en radiologie, y compris la recommandation d'envisager une échographie avant de procéder à un scanner en cas de suspicion d'appendicite chez les enfants.RéférenceSmith-Bindman R, Chu PW, Azman Firdaus H, et coll. Projected Lifetime Cancer Risks From Current Computed Tomography Imaging. JAMA Intern Med. 2025;185(6):710–719. doi:10.1001/jamainternmed.2025.0505

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