Leadership inclusif: entrons dans la danse
«Et que pour bâtir un pays
Faudrait pas oublier d'inclure
Les citoyens des autres ethnies
Et leur culture»
Les paroles de la chanson Lettre à Lévesque des Cowboys Fringants m’ont portée à réfléchir.
Loin de moi l’idée de vouloir me lancer dans un discours souverainiste comme l’ensemble de la chanson, c’est plutôt la question de l’inclusion des différences qui a attiré mon attention. La chanson appelle au respect et à la considération de tous les citoyens, un concept clé du leadership inclusif.
J’ai discuté avec deux professionnelles expertes du leadership inclusif.
La philosophie d’Émilie
Émilie Nollet, PhD, Méd. Acc. (médiatrice accréditée), est conseillère directrice en ressources humaines et transformation chez Sia Partners. Elle travaille régulièrement sur des mandats traitant d’équité, diversité, inclusion et appartenance (EDIA) en organisation.
Émilie s’intéresse au leadership inclusif depuis son post-doctorat portant sur les conditions nécessaires à l’émergence du leadership inclusif dans les Forces armées canadiennes. Ses résultats, transposables à d’autres secteurs, montrent notamment que, malgré les diverses positions idéologiques et perspectives individuelles des membres d’un même groupe, il existe des façons de dégager une vision et un langage communs rassembleurs.
Comment implanter le leadership inclusif dans le contexte de la pharmacie communautaire? Il faut d’abord observer les défis auxquels les pharmaciens et leurs équipes font face, établir une vision commune, cibler des objectifs mesurables et adopter des outils appropriés pour répondre aux défis.
Prenons l’exemple du défi de communiquer de l’information médicale qui soit inclusive, efficace et adaptée à un public diversifié. Si les méthodes actuelles ne permettent pas d’ajuster les pronoms, la langue, ou encore la grosseur des lettres pour améliorer et personnaliser les questionnaires aux patients et les feuillets-médicaments, l’intelligence artificielle, programmée pour tenir compte de paramètres spécifiques, pourrait résoudre ce défi en un clic.
L’inclusion va toutefois plus loin que l’adaptation de nos outils technologiques, il est aussi question de gestes concrets, personnalisés au quotidien, et d’un apprentissage perpétuel vers une meilleure compréhension de l’autre.
Un autre défi: l’adoption d’une approche personnalisée. L’identité de chacun est façonnée par ses gènes, sa personnalité, son environnement, sa culture, son éducation, ses expériences passées. En pharmacie communautaire, on ajoute à cette singularité les pathologies et les antécédents médicaux. Toutes ces couches coexistent et complexifient les choses.
«À cause de la superposition de toutes ces couches identitaires, le pharmacien fait toujours face à du cas par cas, note Émilie Nollet. Être un leader inclusif demande beaucoup d’écoute, d’énergie, d’intelligence émotionnelle et d’humilité pour adapter les recommandations au vécu du patient. Et n’oublions pas que le pharmacien a aussi droit à son identité: dans certains cas, les demandes d’un patient peuvent entrer en conflit avec ses croyances. Celui-ci a alors comme devoir de maintenir la confiance en transférant avec délicatesse le suivi à l’un de ses collègues. La confiance générée et maintenue permettra de créer un environnement de sécurité psychologique qui demeure très important en contexte de soins.»
