Le vaccin MV140 contre les infections urinaires récurrentes fait l'objet d'une étude au Canada

Un vaccin sublingual pour prévenir les infections urinaires récurrentes pourrait être introduit au Canada.Le vaccin MV140 est déjà utilisé en Europe, mais des essais cliniques récents et d'autres études en cours au Canada devraient le rapprocher d’une approbation.«Je crois savoir que la société effectue des études de sécurité, de stabilité et de durabilité dans le cadre de sa demande d'homologation auprès de Santé Canada. Si la demande est déposée au début de cette année, je pense que le vaccin pourrait être disponible à la fin de l'année ou en 2026», affirme l’urologue qui a mené plusieurs études sur le vaccin, le Dr J. Curtis Nickel. Il est professeur émérite de médecine à la Queen’s University, en Ontario.Voie orale et vaginaleIl précise que les Européens ont également accès à d'autres vaccins, y compris des formes orales et vaginales. «Ces vaccins existent depuis plus de deux décennies», souligne-t-il lors d'une entrevue.1 En effet, les lignes directrices de l'Association européenne d'urologie recommandent d'envisager des vaccins contre les infections urinaires. Ces vaccins ne sont actuellement ni approuvés ni disponibles en Amérique du Nord.Le MV140 a été mis au point il y a une quinzaine d'années par la société espagnole Immunoteck. Il s'agit d'un vaccin sublingual polyvalent mis au point pour la prévention des infections urinaires. Il se compose de quatre bactéries inactivées à cellules entières: Escherichia coli, Klebsiella pneumoniae, Proteus vulgaris et Enterococcus faecalis. Des études antérieures ont montré que les femmes ayant souffert d'infections urinaires récurrentes et traitées avec le MV140 présentaient des taux d'absence d'infections urinaires de 32% à 90%.Le MV140 est disponible dans 26 pays, où son utilisation est approuvée ou dans le cadre de programmes d'accès spéciaux, selon une étude publiée en ligne en 2024 par le Dr Nickel et ses collègues dans le Journal de l’Association des urologues du Canada (JAUC).2 Il s'agit de la première étude clinique nord-américaine sur ce vaccin.À lire aussi: Mise à jour du GUO des traitements de l’infection urinaireCette série de cas prospectifs sur l'innocuité et l'efficacité comprenait 67 femmes ayant subi au moins trois infections urinaires documentées par an. Elles ont reçu un traitement vaccinal de trois mois, une période d'efficacité de neuf mois et un suivi facultatif de trois mois, soit un total de 15 mois. Soixante-quatre d'entre elles ont terminé l'étude.Au début de l'étude et avant la vaccination, les sujets ont signalé en moyenne 6,8 infections urinaires par an. L'étude a révélé que le taux d'absence d'infections urinaires pendant la période d'efficacité de neuf mois était de 40,6%. Comparé au taux d'infection de l'année précédant la vaccination par le MV140, «la réduction était de 75,3% pour la période d'efficacité de neuf mois après la vaccination», indique l'étude.Après 12 mois de suivi, 80,3% des personnes interrogées ont fait état d'une amélioration modérée, tandis que 58,1% se sont déclarées plutôt satisfaites. Les scores de qualité de vie se sont améliorés en moyenne de 1,5 point.En pratique clinique, il serait utilisé «quotidiennement, sous la langue, pendant trois mois», selon le Dr Nickel. Un commentaire du Dr Duane Hickling, urologue, publié dans la même revue, affime que l'étude apporte «un nouvel espoir de percée potentielle dans la prévention des infections urinaires récurrentes chez les femmes».3 Le Dr Hickling est professeur adjoint de chirurgie à l'Université d'Ottawa.Il note que si près de 40% des femmes n'ont pas eu d'infection urinaire et que les récidives ont été réduites de 75% pendant la période de l'étude, ces résultats sont inférieurs à ceux d'une étude antérieure portant sur 240 femmes en Espagne et au Royaume-Uni.4De nouvelles possibilitésToutefois, ces résultats «sont plus susceptibles d'être représentatifs et applicables à notre pratique dans le monde réel». Cette différence peut s'expliquer par le fait que les patientes avaient un nombre moyen d'infections urinaires par an plus élevé que dans l'autre étude.À lire aussi: Guide du pharmacien pour la prévention et la prise en charge des infections urinaires récurrentes chez la femme«Dans l'attente d'autres études sur des populations de patients vulnérables et d'approbations réglementaires, le vaccin sublingual MV140 se présente comme une option thérapeutique prometteuse, annonçant de nouvelles possibilités de lutte contre les infections urinaires récurrentes», écrit-il.Une étude de suivi, également réalisée par l'équipe du Dr Nickel, était un essai contrôlé randomisé visant à étudier l'impact du fardeau personnel de la maladie sur les résultats d’un total de 150 femmes souffrant d'infections urinaires récurrentes.5Cette étude a conclu que le MV140 pris pendant trois mois «réduit de manière significative le fardeau personnel de l'infection urinaire en diminuant en toute sécurité le risque d'infections urinaires ultérieures et en réduisant la gravité des symptômes généraux de l'infection». Cela a également permis de réduire l'utilisation d'antibiotiques et d'améliorer la qualité de vie.À lire aussi: Cystite aiguë: seule une prescription d’antibiotiques sur trois est pertinenteLes infections urinaires récurrentes chez les femmes constituent un problème de santé majeur. Elles touchent environ 150 millions de personnes dans le monde chaque année, ce qui en fait l'une des infections bactériennes les plus courantes. La gravité des symptômes peut aller d'une fréquente sensation d'urgence à des douleurs urinaires et abdominales, voire à des infections rénales graves en l'absence de traitement. Les infections urinaires sont généralement traitées par des antibiotiques. Toutefois, la résistance croissante aux antibiotiques complique le traitement, car certaines infections urinaires répondent moins bien aux thérapies conventionnelles.Plus de la moitié des femmes auront au moins une infection urinaire au cours de leur vie et, malgré un traitement antibiotique, 20 à 30% d'entre elles souffriront d'une récidive dans les trois à quatre mois suivant l'infection initiale.

Le vaccin MV140 contre les infections urinaires récurrentes fait l'objet d'une étude au Canada

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