Le recrutement des soignants américains, une priorité nationale selon l’AMC

Alors que de plus en plus de médecins américains réfléchissent à venir s’installer au Canada, l’Association médicale canadienne (AMC) interpelle le gouvernement fédéral et les candidats au poste de premier ministre. Elle leur demande expressément de prendre des mesures pour «permettre aux médecins américains qualifiés et aux autres professionnels de la santé de rejoindre plus facilement» le système de santé canadien.Depuis la réélection de Donald Trump à la Maison-Blanche, le Collège des médecins du Québec (CMQ), de même que le Conseil médical du Canada (CMC), constatent un regain d’intérêt des médecins américains. Hostiles aux politiques de santé de la nouvelle administration, préoccupés par la baisse du financement de la recherche, ils sont de plus en nombreux à se renseigner ou à manifester leur intention de venir pratiquer au pays.À lire aussi: Élections fédérales: une occasion à ne pas rater pour les associations de médecins canadiennesProfitant de cette vague, plusieurs provinces ont lancé des opérations séduction pour accélérer le recrutement de ces cliniciens tentés par l’exode. «S’il s’agit d’une bonne nouvelle pour les Canadiens qui ont besoin de soins et pour les travailleurs de la santé qui ont besoin de soutien, le fait est que le recrutement de médecins et d’autres professionnels de la santé ne doit pas se limiter à des initiatives isolées. Il faut en faire une priorité nationale», affirme la présidente de l’AMC, la Dre Joss Reimer. Dans ce contexte, elle considère que le Canada a une «chance unique: il doit profiter de cet exode de cerveaux américains pour devenir une puissance scientifique et médicale».Pour ce faire, la spécialiste en santé publique demande au gouvernement fédéral de prendre rapidement les dispositions nécessaires afin de «créer une voie d'accès simplifiée et accélérée» pour les médecins américains qualifiés, ainsi que les professionnels de santé qui souhaitent émigrer au Canada. À plus haut niveau et plus long terme, elle appelle à la «modernisation des politiques d'immigration» et à la «rationalisation des processus administratifs» dans le but de soutenir les hôpitaux, les autorités sanitaires, les provinces et les territoires dans leurs campagnes de recrutement.Dans sa déclaration, la Dre Reimer s’adresse aussi aux chefs de partis fédéraux. Elle leur demande de s'engager à prendre ces mesures afin d’améliorer l'accès aux soins. «À une époque où environ 6,5 millions de Canadiens n'ont pas un accès régulier aux soins primaires, les gouvernements doivent actionner tous les leviers pour s'assurer que le système de santé peut fournir ces soins», insiste-t-elle. À lire aussi: Plus de médecins américains réfléchissent à franchir la frontièreCes dernières semaines, la Colombie-Britannique, le Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Écosse ou encore l'Ontario ont pris des mesures pour réduire les obstacles et accélérer le recrutement des soignants américains et étrangers. De leur côté, l'University Health Network de Toronto, Doctors Manitoba et des municipalités comme Williams Lake, en Colombie-Britannique, ont lancé des campagnes de recrutement créatives. Ces initiatives semblent porter leurs fruits. Directrice du recrutement pour Santé Nouvelle-Écosse, Katrina Philopoulos a par exemple indiqué à La Presse canadienne que 27 médecins américains sont en négociations sérieuses pour déménager, ce qui a permis jusqu’à présent d’en embaucher un et d’amener un second à s’installer dans la province l’année prochaine. Au Québec, de telles campagnes de promotion de la province auprès des médecins américains ne sont pas encore envisagées par le gouvernement et le ministère de la Santé et des Services sociaux.

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