Le racisme anti-noir encore trop présent dans l’enseignement médical canadien

Microagressions, absence de corps noirs dans les enseignements, mot en N… Le racisme anti-noirs semble malheureusement avoir de beaux jours devant lui dans les facultés de médecine canadiennes, selon une récente étude de la faculté de médecine de l'Université de Saskatchewan publiée dans le Journal de l'Association médicale canadienne (CMAJ). Entre mai et juillet 2022, le Dr Jacob Albin Korem Alhassan et ses coauteurs ont mené une série d’entretiens avec des professeurs, des étudiants, des résidents et du personnel de médecine noirs de leur faculté de médecine. Cinq thèmes centraux sont ressortis des analyses thématiques de 13 entretiens: Des rencontres inconfortables et des microagressionsDes actes de racisme flagrant, commis par les supérieurs ou les patients, comme l'utilisation du mot en N par un supérieur dans un cas.Le racisme du cursus médical, «à travers l'absence du corps noir dans le programme et la pathologisation excessive de la noirceur»La protection des auteurs de propos ou d’actes racistes par les hiérarchies médicalesLa double discrimination, à la fois sexiste et raciste, vécue par les femmes noires en médecineÀ lire aussi: 70 nouveaux médecins noirs bientôt à MontréalSelon les auteurs, les expériences de racisme peuvent s'aggraver au fur et à mesure de la progression dans les études de médecine. «Ce racisme découle de politiques historiques anti-Noirs, qui perdurent sous des formes subtiles et pernicieuses dans le système médical et l'enseignement médical d'aujourd'hui», écrivent les chercheurs.Selon eux, «la lutte contre le racisme anti-noir dans l’enseignement médical au Canada est devenue de plus en plus urgente», au vu du nombre croissant d’étudiants et étudiantes noirs à intégrer des établissements médicaux au Canada, et des préjudices racistes auxquels ils et elles sont confrontés.L’hétérogénéité des expériences vécues du racisme anti-noirD’autant que ce racisme a des effets considérables sur leur santé physique et mentale, affirment plusieurs chercheuses du Département de médecine familiale de l’Université McGill dans un article publié dans le CMAJ. D’après elles, les expériences vécues du racisme anti-noirs sont aussi diverses que les personnes qui composent les communautés noires au Canada – plus de 1,5 million de personnes identifiées à plus de 300 origines ethniques ou culturelles selon le dernier recensement de 2021. À lire aussi: «Certaines populations sont sous-représentées de manière chronique dans les études cliniques»Une hétérogénéité «souvent négligée dans la recherche sur les soins de santé», alors même que le fait d’«ignorer les diverses identités et positions sociales des Noirs peut conduire à des conclusions trop généralisées qui ne tiennent pas compte des intersections nuancées avec le racisme anti-Noir, qui entraînent des inégalités en matière de santé et de soins de santé», écrivent-elles. Les spécialistes appellent ainsi à une meilleure prise en compte de cette diversité «dans les processus de recherche et de planification afin de lutter plus efficacement contre les manifestations de racisme anti-noir dans les systèmes de santé.»

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