Le plus grand frein à la croissance des pharmacies n’est pas la concurrence, c’est la mentalité comptable

Récemment, une pharmacienne m’a confié une phrase qui m’a marquée : « Avec tout le respect que j’ai pour mes confrères et consœurs, ce ne sont pas des entrepreneurs. Ils pensent comme des comptables. »Ce commentaire peut sembler sévère, mais il traduit une réalité que j’observe chaque semaine.Les pharmaciens propriétaires sont d’excellents cliniciens, de bons gestionnaires financiers, mais trop rarement des entrepreneurs.Et pourtant, en 2025, c’est exactement ce dont la pharmacie québécoise a besoin: des entrepreneurs capables d’investir, d’innover et de se différencier.La logique du comptableLe réflexe du comptable, c’est de contrôler les coûts. Chaque dépense est passée à la loupe.On se demande combien coûte une campagne web, combien coûte une affiche, combien coûte une présence sur Facebook.Le problème? Cette approche fige. Elle pousse à couper, à reporter, à attendre que la tempête passe. Or, la tempête ne passe pas. Elle s’installe.Le projet de loi 67 élargit vos responsabilités cliniques. La pénurie de main-d’œuvre bouleverse vos horaires. Les patients magasinent leurs soins de santé comme ils magasinent leurs produits d’épicerie. Dans ce contexte, penser seulement en termes de colonnes de chiffres, c’est se condamner à l’immobilisme.(C’est d’ailleurs ce que j’abordais dans un autre texte : la crise de main-d’œuvre ne se résumepas aux horaires surchargés du personnel actuel, elle touche aussi la fidélité des patients).La vision de l’entrepreneurL’entrepreneur, lui, voit autrement. Chaque dollar investi peut devenir un levier. Ce n’est pas une dépense, c’est une mise sur la croissance.Quand une pharmacie lance une campagne de vaccination avec une publication claire et engageante, et que les rendez-vous doublent, ce n’est pas une dépense. C’est un investissement rentable.Quand une succursale choisit de mettre en valeur des produits locaux et attire de nouveaux clients qui découvrent ses services cliniques en même temps, ce n’est pas une dépense. C’est une stratégie.Et quand une propriétaire décide d’investir dans une présence en ligne cohérente et humaine, elle attire non seulement des patients, mais aussi des talents. Parce que les jeunes pharmaciens et ATP veulent rejoindre une équipe qui rayonne - qui projette une image de plaisir et de légèreté – où il fait bon travailler pour une mission plus grande.Le prix de l’inactionQuand on me dit: «Oui, mais ça coûte cher.»Je réponds toujours: «Et combien ça vous coûte de ne rien faire?»Combien coûte un patient qui change de pharmacie et que vous ne reverrez jamais? Combien coûte un poste resté vacant six mois faute d’attractivité? Combien coûte une image de marque qui n’existe pas?Ces coûts-là n’apparaissent pas dans un bilan comptable. Pourtant, ils rongent la valeur de votre entreprise, silencieusement, chaque jour.Pour le comptable, tout semble sous contrôle tant que les chiffres sont au vert. Mais quand la pharmacie perd trop en visibilité, en différenciation ou en capacité à recruter, il peut être trop tard: les états financiers racontent alors une histoire qu’on aurait pu éviter.Changer de mentalitéPasser du comptable à l’entrepreneur, c’est apprendre à raisonner en termes d’opportunités plutôt qu’en termes de contraintes.C’est fixer des objectifs: augmenter de 20% les renouvellements en ligne, recruter trois nouveaux patients par semaine pour un service clinique, doubler la portée de ses publications locales.C’est mesurer les retombées concrètes d’un engagement en marketing local. Combien de rendez-vous générés? Combien de patients informés? Combien d’employés fiers de partager leur milieu de travail?C’est oser raconter son histoire, bien au-delà de la promotion de ses rabais. Montrer l’équipe. Parler des valeurs. Mettre en avant le rôle élargi que vous jouez dans la communauté (voyez des exemples très concrets juste ici).Le vrai rôle du pharmacien propriétaireÊtre propriétaire de pharmacie en 2025, ce plus que de seulement gérer un laboratoire et équilibrer ses colonnes de chiffres. C’est porter une vision entrepreneuriale.Car vos patients choisissent une expérience. Vos employés choisissent une culture. Votre communauté choisit un lieu de confiance.Un comptable saura vous dire si vos chiffres balancent. Mais seul l’entrepreneur en vous peut bâtir une pharmacie qui grandit, qui attire et qui dure.La phrase de cette pharmacienne mérite d’être méditée. Oui, beaucoup de propriétaires pensent encore comme des comptables. Mais l’avenir appartient à ceux qui auront le courage de penser comme des entrepreneurs.Pour investir mieux.Pour créer la vague.Pour bâtir, ici, des pharmacies qui élèvent leurs voix et inspirent.

Le plus grand frein à la croissance des pharmacies n’est pas la concurrence, c’est la mentalité comptable

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