Le contexte: un outil essentiel pour éduquer nos patients

M. Armour est venu me voir il y a deux jours. Il a 72 ans et est ingénieur mécanicien à la retraite. Son anesthésiste m'a demandé d'examiner son arythmie et sa fibrillation auriculaire paroxystique (FAP) avant qu'il ne subisse une arthroplastie du genou à l'automne.«Bill, votre bougie d'allumage principale est en train de rouiller. Les renforts interviennent lorsqu'elle s'endort. Ils ne sont pas aussi bien organisés, et le rythme est donc assez chaotique. Ils envoient un train d'étincelles jusqu'à la boîte de jonction, qui en filtre quelques-unes, mais la plupart d'entre elles descendent le long des fils jusqu'au fond du cœur. Comme vous le savez, une étincelle contre un muscle provoque une contraction, un battement de cœur. C'est ce qui nous maintient en vie.» «OK, doc, alors pourquoi ma bougie d'allumage principale est-elle rouillée?»«C’est à vous de choisir. Elle a 72 ans, elle a donc déjà fait plusieurs tours de piste. Votre tension artérielle met la pauvre à rude épreuve – elle n'a pas été conçue pour travailler avec de l'hypertension. Ou bien ce sont les deux bières par jour que vous dites boire la plupart du temps – vous décapez non seulement votre foie et votre cerveau, mais aussi votre cœur et vos circuits électriques.»Bien sûr, il n'a pas aimé entendre que l'alcool était un agent de décapage. «Écoutez, si vous trouvez une grenouille morte dans le ruisseau et que votre petit-fils veut l'amener à la foire, vous la mettez dans un bocal avec un agent de conservation – de la vodka, du gin ou n'importe quel alcool clair. Lorsqu'il ramène le bocal à la maison et que le petit animal languit sur l'étagère pendant un an, il a le même aspect que le jour où vous l'avez mis en bouteille, en version marinée. N'oubliez pas que votre foie ne peut supporter qu'une certaine quantité d'alcool à la fois avant d'abandonner et de permettre à la prochaine canette de bière poursuivre sa route et de vous mariner.»«Je connais des amis qui ont le cerveau mariné, ajoute-t-il. Remarquez, ils ont pris beaucoup de boisson.»«Pourquoi ne pas arrêter l'alcool, prendre du Bisoprolol pour optimiser votre pression et voir ce qui se passe?»Il utilisait une montre Apple et un appareil Alivecor Kardia pour capturer la FAP de manière très satisfaisante. À lire aussi: La littératie médicale permet aux patients de mieux comprendre leur état de santé et favorise leur bien-être«Vous dites que vous avez eu une AMAUROSIS FUGAX l'année dernière. Savez-vous ce que c'est? C'est un caillot qui se forme dans l'oreillette gauche, le collecteur d'admission, qui se détache et remonte l'artère de l'œil.»«Oui, un rideau est tombé, puis s'est levé. Ça n'a duré que trois minutes.»Je lui ai dit qu'il avait eu de la chance, mais je me suis demandé pourquoi il n'avait pas été soigné immédiatement. «Eh bien, ils n'ont pas pu enregistrer mon rythme irrégulier avec le Holter. Après tout, cela n'arrive qu'une ou deux fois par mois.»Il est reparti avec (a) une formation, (b) quelques conseils sur la tension artérielle et l'alcool et (c) une meilleure compréhension de la raison pour laquelle j'avais commencé lui administrer du Bisoprolol, un «régulateur» de ses rythmes rapides. Il a pu faire le lien avec un moteur endommagé. Je n'avais pas de STP (n.d.l.r.: marque américaine de lubrifiant à moteur) pour ses conduites de carburant (bien que l'Apixaban s'en rapproche), ni la perspective d'une nouvelle bougie d'allumage (peut-être qu’un pacemaker se faufilera dans son avenir), mais il avait compris. Et c'est ce dont il avait besoin – une discussion en lien avec sa compréhension des moteurs, sans mots savants. Pour terminer mon travail, je dois le revoir et lui demander ce qu'il a retenu de notre conversation: peut-être rien.Un jour, quelqu'un dira «cardiomyopathie hypertrophique» et le perdra en un battement de coeur (sic). Pour l'instant, il est motivé pour se conformer. Magie. Addendum: je lui ai dessiné un cœur avec ses composants mécaniques. Je le lui ai donné pour qu'il puisse le montrer à sa femme avec mes explications. Permettre aux patients de comprendre leur corps est un défi de toute une vie, et c'est très rassurant quand cela fonctionne.

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