L’atrophie vaginale - Un secret bien gardé à l’impact marqué

Selon la Clinique Mayo, l’atrophie vaginale (AV) consiste en l’amincissement, l’assèchement et l’inflammation des parois vaginales en raison d’une baisse d’œstrogènes. Les rapports sexuels deviennent alors très douloureux. L’AV survient le plus souvent à la ménopause, mais peut aussi se développer durant l’allaitement ou à tout autre moment lorsque le corps d’une femme produit moins d’œstrogènes. Certains médicaments peuvent également entraîner une AV, tels les inhibiteurs de l’aromatase et le tamoxifène, le raloxifène et le Provera.« L’AV peut grandement affecter la qualité de vie et la sexualité des femmes ménopausées. C’est aussi la conséquence la moins connue, celle dont les femmes se plaignent le moins même si elles en souffrent, et dont les médecins s’enquièrent le moins », déplore la Dre Michèle Moreau*, omnipraticienne spécialisée en santé des femmes depuis 30 ans.Incidence sur l’intimité des couplesL’enquête CLOSER (CLarifying vaginal atrophy’s impact On SEx and Relationships) révèle qu’en raison de l’AV, 61 % des Canadiennes postménopausées évitaient l’intimité sexuelle et 58 % avaient des relations sexuelles moins fréquentes. Les principales raisons évoquées incluaient la douleur (66 %), la baisse de libido (63 %) et une diminution du plaisir lors des rapports sexuels (30 %). Un cinquième des répondantes attribuaient à l’AV l’éloignement affectif qu’elles vivaient avec leur partenaire.Par ailleurs, près du quart se sentaient mal à l’aise de parler de l’AV avec leur partenaire. À l’inverse, le dysfonctionnement érectile ne causait pas un tel embarras. Trois femmes sur quatre en discuteraient avec le partenaire atteint. De même, 86 % des hommes en parleraient avec leur partenaire et 83 %, avec leur professionnel de la santé.L’enquête a été menée en ligne par StrategyOne (en partenariat avec Ipsos MORI), pour le compte de Novo Nordisk FemCare AG, de décembre 2011 à février 2012, dans neuf pays (États-Unis, Grande-Bretagne, Canada, Danemark, Suède, Finlande, Norvège, Italie, France). Ont été sondés 4100 femmes (dont 502 Canadiennes) de 55 à 65 ans en postménopause depuis 12 mois ou plus et atteintes d’AV, et 4100 partenaires de ces femmes (dont 501 Canadiens).Traitements« Si la femme a seulement un peu de sécheresse et n’est pas vraiment symptomatique durant la ménopause, elle peut utiliser des lubrifiants en vente libre, comme Gyne-Moistrin, Astroglide et K-Y », suggère la Dre Moreau. Il existe aussi des hydratants comme Replens, « une substance bioadhésive qui colle à la paroi vaginale et permet un transfert d’eau du produit à la muqueuse vaginale. »Toutefois, avertit-elle, Replens n’est pas couvert par la RAMQ, il est cher et son action, en plus de celle des lubrifiants, est superficielle. Ils peuvent être utiles un moment, mais pas à long terme.« Seule l’œstrogène peut rétablir la souplesse et l’élasticité du tissu vaginal nécessaires à l’activité coïtale. L’hormonothérapie systémique a toujours été controversée, mais pour le traitement vaginal, le consensus est mondial. L’hormonothérapie vaginale est tout à fait sécuritaire. La libération d’œstrogènes est locale. Les dosages sont tellement faibles qu’il n’y a pas d’absorption systémique. »Il existe trois formes galéniques des thérapies œstrogéniques sur ordonnance à libération locale. Ces produits sont couverts par la RAMQ et les assurances privées :Crèmes d’œstrogènes avec applicateurs, comme Premarin et Estro-Gyne (0,5 g, 2 fois/sem).Comprimé Vagifem, inséré avec un applicateur. Traitement initial tous les soirs pendant deux semaines. Par la suite, traitement d’entretien 2 fois/semaine.Anneau vaginal (p. ex., Estring) inséré par la femme et à remplacer après trois mois.Rôle du pharmacienPuisque plusieurs généralistes ne font pas d’examens gynécologiques et que les patientes, ainsi que leurs médecins (surtout masculins) abordent rarement le sujet de l’AV, les pharmaciens auraient très certainement un rôle informatif à jouer, considère la Dre Moreau.« Les pharmaciens devraient être proactifs, en parler à leurs patientes et les adresser aux médecins, au besoin. » Par exemple, si des patientes viennent discuter d’autres symptômes liés à la ménopause, tels que les bouffées de chaleur. L’offre de renseignements peut aussi se faire par la disponibilité de feuillets d’information, encourageant ainsi les patientes à en discuter par la suite.* La Dre Michèle Moreau pratique à l’Hôpital Notre-Dame. Elle possède aussi une pratique privée et est chargée d’enseignement clinique à l’Université de Montréal.

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