L’AG extraordinaire du Collège s’organise

Les 26 000 membres du Collège des médecins du Québec sont conviés vendredi 17 octobre, à 16 heures, pour participer à une assemblée générale extraordinaire (AGE) inédite dans l’histoire du Collège. Celle-ci a été convoquée à la demande expresse de 87 médecins qui souhaitent discuter des trois points suivants qui figurent à l’ordre du jour de cette AGE:«demande d’élaboration d’une procédure ou d’un mécanisme de destitution d’un membre du Conseil d’administration du Collège des médecins ou de son président à inscrire au règlement interne du Collège pour présentation lors de la prochaine assemblée générale annuelle;demande de retrait de la directive émanant du Collège aux médecins membres de cesser les moyens de pressionmotion de blâme à l’égard du Dr Mauril Gaudreault, président du Collège, pour avoir déformé volontairement l’esprit de l’article 13 du Code de déontologie des médecins, trompant ainsi le public, les membres, et minant la mission de l’ordre.»La réunion se déroulera en webdiffusion (via l’espace Accès M.D. sur le site web du CMQ) avec la possibilité de clavarder en direct. «Ce mode de diffusion vise à assurer l’authentification des membres de l’ordre (seuls les membres peuvent voter), en plus de leur permettre d’intervenir et de voter de manière sécurisée», explique par courriel la porte-parole du Collège, Leslie Labranche.Elle précise que «les médecins ne pourront pas prendre la parole en direct, mais ils pourront écrire leurs commentaires en clavardage, qui seront visibles pour l’ensemble des participants». En vertu de la Politique concernant les règles applicables pour la tenue d’une assemblée générale des membres du Collège des médecins, la porte-parole ajoute que «chaque membre du Collège pourra écrire un seul commentaire en clavardage par point à l’ordre du jour».À l’issue de ces débats par écrit, les médecins voteront l’adoption des trois points à l’ordre du jour. Les résultats des scrutins seront transmis en direct aux participants.Droit de parole revendiquéÀ l’initiative du courrier ayant demandé la tenue de cette AGE qui compte désormais 160 médecins signataires, le Dr Frédéric Arsenault dit «vouloir un droit de parole». Il souhaite pouvoir expliquer de vive voix à ses pairs les raisons d’être de la démarche qu’il a impulsée. «Ça me semble essentiel», affirme le spécialiste en médecine nucléaire qui veut notamment détailler les tenants et aboutissants de la motion de blâme contre le Dr Mauril Gaudreault. «Ça s’exprime mieux oralement», souligne-t-il en ajoutant que sinon «ça va être long deux heures de réunion en clavardage». Le Dr Arsenault rapporte qu’il a abordé cet enjeu jeudi lors d’une visioconférence avec le directeur général et la secrétaire du CMQ, le Dr Pierre Gfeller et la Dre Isabelle Tardif. «Ils vont me revenir en début de semaine prochaine, il y a des enjeux technologiques à adresser comme plus de 1000 médecins sont déjà inscrits à l’AGE», indique le médecin.En attendant leur réponse, le Dr Arsenault et les autres contestataires tentent de rameuter les troupes par bouche-à-oreille. «On sent les confrères se mobiliser, la grogne ne lâche pas», observe le nucléiste. Selon lui, «les gens sont exaspérés par la situation et le décalage entre les propos du Dr Gaudreault sur la protection du public et le respect de la profession.»Goutte en trop Dans l’infolettre envoyée le 19 septembre aux membres du Collège, son président en appelait à la «responsabilité sociale, individuelle et collective» des médecins en leur rappelant que leur déontologie «interdit toute forme de moyens de pression dans le cadre d’une action individuelle ou concertée». «C’est la goutte qui a fait déborder le vase», affirme le Dr Arsenault qui accuse le Dr Gaudreault d’avoir avancé une «interprétation tronquée de déontologie» pour «menacer les médecins» qui exercent des moyens de pression afin de contester le projet de loi 106.Plus de détails: Le Dr Mauril Gaudreault sur la sellettePar la suite, le Collège a nuancé sa position en reconnaissant que les propos du Dr Gaudreault ont «pu porter à confusion». Les moyens de pression actuels «ne mettent pas en danger la santé ou la sécurité d’une clientèle ou d’une population», au sens de l’article 13 du Code de déontologie des médecins. En conséquence, ils «n’exposent pas les médecins qui boycottent les formations des étudiants universitaires à des sanctions disciplinaires», a précisé le Collège. Des rectifications qui n’ont pas satisfait les contestataires. «Il faut qu’on se parle»Parmi les 87 premiers signataires, le Dr Frédéric Picotte estime que cette demande d’AGE est à la fois un cri du cœur et un appel à la collaboration. Un cri du cœur qui, d’après l’omnipraticien, «montre la souffrance sur le terrain en lien avec le projet de loi 106. Les médecins sont vraiment à bout. Il faut que le Collège l’entende aussi.». Et un appel à la collaboration, parce qu’il souhaiterait que le CMQ réaffirme son opposition à ce projet de loi en raison des risques qu’il fait peser sur la protection du public «et non pas qu’il limite nos moyens de pression».À titre personnel, le Dr Picotte ne souhaite pas la démission du Dr Gaudreault ou de quiconque au sein du CMQ. «Il faut qu’on se parle pour sortir de l’impasse actuelle. Quelles solutions alternatives pouvons-nous ensemble, le Collège et ses membres, mettre de l’avant pour protéger l’accès aux soins et améliorer le système de santé? C’est ça dans le fond l’enjeu », résume le clinicien de Shawinigan.

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