L'acétaminophène associé à des risques accrus d’ulcères

Utilisé couramment dans le traitement de la douleur ou de la fièvre, et souvent recommandé comme traitement de première intention contre la douleur due à l'arthrose – principalement en raison de son innocuité perçue par rapport à d'autres analgésiques oraux –, l'acétaminophène (aussi appelé paracétamol) n'est pas sans danger. Il a causé 3404 intoxications et été impliqué dans plus de 1900 poly-intoxications selon le Centre antipoison du Québec, ce qui a conduit le coroner a émettre de nouvelles recommandations en décembre 2023 sur son usage optimal et les risques liés à sa consommation, à destination des professionnels de la santé. Au Royaume-Uni, le National Institute for Health and Care Excellence (NICE) ne recommande plus l’acétaminophène comme traitement pour l’arthrose depuis 2022, en raison de son bénéfice non-cliniquement significatif et de ses dangers potentiels après le rapport d’événements indésirables gastro-intestinaux, cardiovasculaires, hépatiques et rénaux. Une nouvelle étude de cohorte1 de l’Université de Nottingham, en Angleterre, publiée dans la revue Arthitis & Care Research, vient confirmer les risques de l’utilisation de ce MVL pour la santé gastro-intestinale des personnes âgées. En utilisant les données anonymisées de la base de données Clinical Practice Research Datalink GOLD, les chercheurs de l’Université de Nottingham, en Angleterre, ont examiné les dossiers médicaux de 180 483 patients âgés de 65 ans et plus ayant reçu des ordonnances d'acétaminophène à prise orale, et de 402 478 patients âgés de 65 ans et plus considérés comme non-utilisateurs d'acétaminophène, entre 1998 et 2018. Au Royaume-Uni, les personnes âgées de 65 ans et plus peuvent se voir prescrire gratuitement de l’acétaminophène par leur médecin de famille. À lire aussi: Douleurs chroniques: de nouveaux traitements offrent un espoir bien nécessaireLes participants ayant reçu au moins deux ordonnances en l'espace de six mois, et sans combinaison avec d'autres analgésiques tels que la codéine, ont été définis comme exposés à l'acétaminophène, afin d'exclure l'utilisation occasionnelle d'acétaminophène pour des affections aiguës comme les maux de têtes ou la grippe, précise l’étude.L’âge moyen des patients était d’environ 75 ans et un peu plus de 60% étaient des femmes. Les utilisateurs d'acétaminophène prenaient également des opioïdes, des AINS, de l’aspirine, des inhibiteurs de la pompe à protons et d’autres types de médicaments à des taux plus élevés; ils étaient également plus susceptibles d’être en surpoids ou obèses, d’être des fumeurs actuels ou anciens et d’avoir des comorbidités. Les chercheurs ont associé les utilisateurs à des non-utilisateurs dans un rapport 1:1 par score de propension, avec 79 024 patients dans chaque groupe. Cet appariement par propension a atténué les différences entre les deux groupes.Les auteurs ont ainsi constaté que les utilisateurs d'acétaminophène présentaient 20% à 36% plus de risques que les non-utilisateurs de développer des ulcères gastroduodénaux (aHR 1,20; IC à 95% 1,10, 1,31), des saignements dûs à des ulcères (aHR 1,24; IC à 95% 1,16, 1,34), ou tout type de saignement gastro-intestinal inférieur (aHR 1,36; IC à 95% 1,29, 1,46). Les incidences accrues de saignements gastro-intestinaux inférieurs, d'hypertension et d'insuffisance rénale chronique ont été observées dans une analyse de sous-groupe restreinte aux personnes souffrant d'arthrose, alignée sur celles observées dans l'ensemble de la cohorte.L’utilisation de l'acétaminophène a également été associée à des taux accrus d’insuffisance cardiaque (aHR 1,09; IC à 95% 1,06, 1,13), de maladie rénale chronique (aHR 1,19; IC à 95% 1,13, 1,24) et d’hypertension (aHR 1,07; IC à 95% 1,04, 1,11).«Malgré son innocuité apparente, le paracétamol est associé à plusieurs complications graves. Compte tenu de son efficacité analgésique minimale, l’utilisation du paracétamol comme analgésique oral de première intention pour les affections chroniques chez les personnes âgées doit être soigneusement réévaluée», concluent les auteurs. RéférenceKaur, J., Nakafero, G., Abhishek, A., Mallen, C., Doherty, M. et Zhang, W. (2024), Incidence des effets secondaires associés à l'acétaminophène chez les personnes âgées de 65 ans ou plus: une étude de cohorte prospective utilisant les données du Clinical Practice Research Datalink. Arthritis Care Res. Manuscrit d'auteur accepté. https://doi.org/10.1002/acr.25471

L'acétaminophène associé à des risques accrus d’ulcères

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