La vaccination antigrippale approuvée aux É.-U., mais sous certaines conditions

Les nouveaux conseillers vaccinaux de l'administration Trump ont approuvé jeudi la vaccination antigrippale de cet automne pour la quasi-totalité des Américains, à condition toutefois d'utiliser certains vaccins exempts d'un ingrédient que les groupes antivaccinaux ont faussement associé à l'autisme.Ce qui constitue habituellement une étape de routine dans la préparation à la prochaine saison grippale a fait l'objet d'un examen minutieux après que le secrétaire américain à la Santé, Robert F. Kennedy fils, a brusquement limogé l'influent Comité consultatif sur les pratiques de vaccination, composé de 17 membres, et a trié sur le volet ses remplaçants, dont plusieurs sceptiques vis-à-vis des vaccins.Composé de sept membres, le comité sont allés à l'encontre d'une autre norme jeudi en discutant de la sécurité d'un conservateur utilisé dans moins de 5% des vaccins antigrippaux américains: il s'est basé uniquement sur une présentation de l'ancien dirigeant d'un groupe anti-vaccin, sans permettre la diffusion publique habituelle des données scientifiques des Centers for Disease Control and Prevention (CDC).À lire aussi: Le nombre d'avortements a augmenté en 2024 aux É.-U. en raison de la télémédecineLe conservateur, le thimérosal, est utilisé depuis longtemps dans certains vaccins conditionnés en flacons multidoses, afin d'éviter toute contamination lors du retrait de chaque dose. Ce vaccin a toutefois suscité la controverse, car il contient une faible quantité d'une forme particulière de mercure.De nombreuses études n'ont démontré aucune preuve que le thimérosal peut provoquer l'autisme ou d'autres effets nocifs. Pourtant, depuis 2001, tous les vaccins couramment utilisés chez les enfants américains de 6 ans ou moins sont proposés sous forme de formules sans thimérosal, y compris les vaccins antigrippaux à dose unique, qui représentent la grande majorité des vaccins contre la grippe.Le comité consultatif a d'abord voté, avec une abstention, en faveur de la recommandation américaine habituelle selon laquelle la quasi-totalité des personnes âgées de 6 mois et plus devraient se faire vacciner annuellement contre la grippe. Les conseillers ont ensuite décidé, par 5 voix contre 1 et une abstention, de n’administrer que des formulations à dose unique sans thimérosal.Cela inclurait les vaccins à dose unique, qui constituent déjà le type de vaccin antigrippal le plus courant, ainsi que le vaporisateur nasal FluMist, mais exclurait le sous-ensemble de vaccins antigrippaux délivrés en flacons multidoses.«Il n'existe toujours aucune preuve démontrable de nocivité», a indiqué le Dr Joseph Hibbeln, psychiatre et ancien membre des National Institutes of Health, reconnaissant que le comité ne suivait pas sa pratique habituelle consistant à se fonder sur des preuves.«Que la molécule présente un risque ou non, nous devons respecter la crainte du mercure» qui pourrait dissuader certaines personnes de se faire vacciner, a-t-il cependant ajouté.Le comité aide les CDC à déterminer qui doit être vacciné contre une longue liste de maladies, et à quel moment. Ces recommandations ont un impact important sur la prise en charge des vaccins par les assurances et sur les lieux où ils sont disponibles.À consulter: Les coupes budgétaires de Trump érodent la lutte contre le VIH en Afrique du SudNormalement, la directrice des CDC décide d'accepter ou non la recommandation du comité, mais le Sénat n'a pas encore confirmé la nomination de Susan Monarez. Des responsables de l'administration ont déclaré que M. Kennedy prendrait cette décision.Des groupes médicaux ont dénoncé le manque de transparence du comité, qui a bloqué une analyse des CDC sur le thimérosal, concluant à l'absence de lien entre ce conservateur et les troubles neurodéveloppementaux, dont l'autisme. Les données avaient été publiées mardi sur le site web du comité, mais ont été retirées par la suite, car, selon le Dr Robert Malone, membre du comité, le rapport n'avait pas été autorisé par le cabinet de M. Kennedy. Les membres du panel ont mentionné l'avoir lu.Une décision critiquéeBien que le débat de jeudi n'ait porté que sur une petite partie des vaccins contre la grippe, certains experts en santé publique affirment que la discussion a inutilement soulevé des doutes quant à la sécurité des vaccins. Sur le même sujet: Le haut responsable de la vaccination aux États-Unis démissionne, critiquant KennedyDéjà, moins de la moitié des Américains se font vacciner chaque année contre la grippe, et la méfiance envers les vaccins en général s'accroît.«L'utilisation sélective des données et l'omission de données scientifiques établies sapent la confiance du public et alimentent la désinformation», a déclaré le Dr Sean O’Leary de l'Académie américaine de pédiatrie.«Rien dans leurs actions récentes n'était fondé sur la science ni transparent», a-t-il précisé à propos des nouveaux membres du panel.Les votes sur la grippe ont marqué la dernière étape d'une réunion de deux jours qui a alarmé les pédiatres et d'autres groupes de médecins, qui ont souligné le manque d'expertise des nouveaux membres du panel dans le suivi adéquat de la sécurité des vaccins.«Ce qui aurait dû être une discussion rigoureuse et fondée sur des données probantes sur le calendrier vaccinal national s'est avéré être un exercice prédéterminé orchestré pour saper la sécurité et l'efficacité bien établies des vaccins ainsi que les principes fondamentaux de la science», a soutenu le Dr Jason Goldman de l'American College of Physicians.À lire aussi: Donald Trump promet de baisser le coût de certains médicamentsL'annonce du président du panel, Martin Kulldorff, de réévaluer l'«effet cumulatif» du calendrier vaccinal des enfants – la liste des vaccins administrés à différents moments de l'enfance – a suscité une inquiétude particulière. Cela reflète l'idée, scientifiquement réfutée, selon laquelle les enfants d'aujourd'hui reçoivent trop de vaccins, ce qui surchargerait leur système immunitaire.Les médecins affirment que l'amélioration des technologies vaccinales signifie que les enfants d'aujourd'hui sont exposés à moins d'antigènes – des substances auxquelles le système immunitaire réagit – que leurs grands-parents, malgré des doses plus élevées.

La vaccination antigrippale approuvée aux É.-U., mais sous certaines conditions

Pour accéder au contenu, connectez-vous ou créez un compte gratuit.

Catégories connexes