La prévalence du cancer revue à la hausse au Canada

Pour la première fois, la Société canadienne du cancer (SCC) et ses partenaires — Statistique Canada et l’Agence de la santé publique du Canada — ont pu colliger des données sur la prévalence du cancer pour une période de 25 ans (1993-2018). Jusqu’ici, on estimait qu’un million de Canadiens ont ou avaient eu le cancer. Ce chiffre remontant à 2012 n’a depuis cessé d’augmenter. Grâce à ces nouvelles données, il est désormais estimé à 1,5 million. Chez environ 60 % de ces 1,5 million de personnes, le diagnostic date de 5 à 25 ans. Dans son rapport publié mardi, la SCC explique que cette augmentation significative «résulte à la fois d’une survie améliorée et d’une incidence accrue», et qu’elle «suscite un mélange d’optimisme et de préoccupations». «Les investissements dans la recherche rapportent sous forme de meilleures méthodes de détection en temps opportun et de traitements plus efficaces et, par conséquent, nous voyons maintenant plus de personnes qui survivent au cancer et restent en vie plus longtemps lorsqu’elles ont ou ont eu la maladie», souligne la gestionnaire principale chargée des opérations de surveillance de la SCC, Jennifer Gillis. «Beaucoup de progrès ont été accomplis et nous avons de quoi célébrer collectivement, mais ces nouvelles données nous rappellent également que notre travail est loin d’être terminé», ajoute-t-elle. En 2012, 193 000 personnes environ ont reçu un diagnostic de cancer au Canada. Ce nombre a grimpé à près de 206 000 en 2017. Et selon les dernières estimations de la SCC, un cancer sera diagnostiqué chez 233 900 personnes cette année, «surtout à cause de la croissance et du vieillissement de la population». En 2022, également, 85 100 Canadiennes et Canadiens devraient décéder des suites d’un cancer. Au Québec, la SCC estime que 58 400 patients recevront un diagnostic de cancer en 2022 et que 22 200 personnes en mourront au cours de l’année. Dans le détail, les cancers les plus fréquemment diagnostiqués sont le cancer du poumon (30 000 diagnostics prévus en 2022 au Canada), le cancer du sein chez les femmes (28 600) et le cancer de la prostate chez les hommes (24 600). Les cancers de la vessie, du foie et de l’œsophage sont quant à eux trois fois plus prévalents chez les hommes que chez les femmes, tandis que le cancer de la thyroïde est trois fois plus prévalent chez les femmes. De tous les cancers, celui des poumons est aussi le plus mortel (24,3 % de l’ensemble des décès par cancer), suivi des cancers colorectal (11,0 %), du pancréas (6,7 %) et du sein (6,5 %). Si les cancers du poumon et colorectal ne se retrouvent pas parmi les plus prévalents, «c’est parce qu’ils présentent des chances de survie moindres alors qu’ils ont une incidence supérieure», observe le chef de la statistique du cancer chez Statistique Canada, Jean-Michel Billette. À l’inverse, le mélanome de la peau est moins fréquemment diagnostiqué, mais comme il présente une survie à 5 ans supérieure à 90%, il figure au 4e rang des plus prévalents. S’agissant des cancers colorectal et du poumon, M. Billette note cependant que leur incidence décroît depuis 2015. «Pour le cancer colorectal, la diminution est attribuable à l’efficacité accrue des campagnes de dépistage chez les 50 à 70 ans ainsi qu’à des changements dans les habitudes de vie. Quant au cancer du poumon, cela va de pair avec la baisse du tabagisme.» Des enjeux sérieux pour les systèmes de santé «La prévalence croissante (...) entraîne des pressions à long terme sur notre système de soins de santé et démontre pourquoi nous devons unir nos efforts pour créer un système capable d’évoluer à mesure que les besoins des patients évoluent, du diagnostic jusqu’aux soins de survie ou de fin de vie», souligne Jennifer Gillis en soulignant que les systèmes canadiens de soins de santé ont déjà subi des retards et des interruptions de service pendant la pandémie de COVID-19, «ce qui pourrait faire augmenter le nombre de cancers diagnostiqués à un stade avancé». À lire aussi: Quiz sur le cancer de la prostate Une perspective à laquelle s’attend Jean-Michel Billette: «On a clairement vu le nombre de diagnostics baisser durant les premiers mois de la pandémie et on a constaté un certain rattrapage durant les quatre derniers mois de 2021.» Le statisticien du cancer n’a pas encore de données fiables pour 2022, mais affirme que l’on a enregistré beaucoup moins de diagnostics que prévu en 2020 et que l’on va finir par les retrouver dans les années subséquentes. Dans ce contexte, la SCC appelle tous les ordres de gouvernement à collaborer pour créer un système de soins de santé pérenne, faisant l’objet d’investissements immédiats afin de garantir l’accès équitable et rapide à des soins de qualité. «Sans nouveaux investissements et politiques de soutien, notre système de soins de santé n’aura pas suffisamment de ressources pour répondre au nombre croissant de Canadiens qui seront atteints d’un cancer», martèle l’organisme pancanadien.

La prévalence du cancer revue à la hausse au Canada

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