La polyarthrite rhumatoïde associée à des modifications du microbiome intestinal

Environ 374 000 Canadiens et Canadiennes vivent aujourd’hui avec la polyarthrite rhumatoïde (PR), une maladie auto-immune chronique qui entraîne le système immunitaire à attaquer par erreur les parois des articulations des mains et des pieds, provoquant une inflammation et un gonflement douloureux. Ses causes exactes ne sont pas établies – on sait toutefois que la génétique, les facteurs environnementaux, le tabagisme et l'obésité peuvent augmenter le risque de développer la maladie – et il n’existe à ce jour aucun traitement. Cependant, une récente étude laisse entrevoir la possibilité de développer de nouvelles stratégies de prévention précoce. À lire aussi: Polyarthrite rhumatoïde: mise à jour des recommandations sur l'utilisation des corticostéroïdesDes chercheurs de l'Institut de recherche médicale de l’Université de Leeds, au Royaume-Uni, rapportent que certaines modifications du microbiome intestinal pourraient être liées au développement de la polyarthrite rhumatoïde. Pour parvenir à ces conclusions, l’équipe du Dr Christopher Rooney a recruté 153 participants – 124 personnes présentant un risque de développer une PR, sept personnes ayant récemment reçu un diagnostic de cette maladie et 22 témoins en bonne santé – et suivi l'évolution de leurs microbiomes intestinaux pendant plus de 15 mois.«Les personnes à risque de PR ont été définies par la présence d'anticorps anti-protéine citrullinée cyclique (anti-CCP) et de nouveaux symptômes musculo-squelettiques sans synovite clinique», précisent les auteurs dans leur étude1 récemment publiée dans la revue Annals of the Rheumatic Diseases. Ces anticorps sont un type de protéine produite par le système immunitaire, généralement en réponse à une inflammation. Au cours de l'étude, 30 des 124 participants à risque ont développé une polyarthrite rhumatoïde. Parmi ces 30 personnes, les chercheurs ont noté que leur diversité microbienne était significativement réduite par rapport à celle des témoins sains, en particulier concernant les niveaux d'anticorps anti-CCP. «L’échantillonnage longitudinal a révélé une instabilité du microbiome intestinal chez les patients progresseurs 10 mois avant le début de la PR, un phénomène absent chez les patients non-progresseurs», précise l’étude. Ainsi, ces anticorps pourraient apparaître dans le sang bien avant des symptômes tels que les douleurs ou les raideurs articulaires. Un signal d'alarme qui pourrait permettre aux médecins d'identifier les personnes à risque, et d'envisager des stratégies susceptibles de ralentir ou d'altérer l'évolution de la maladie avant même qu'elle ne se développe complètement assurent les chercheurs. À lire aussi: L'abatacept pourrait retarder l’apparition des symptômes de la polyarthrite rhumatoïdeCette instabilité du microbiome est notamment marquée par l’accumulation de l'espèce bactérienne Prevotellaceae. La souche Prevotella Copri en particulier s’est avérée abondante dans le microbiome intestinal des participants ayant connu une progression de la PR au cours de l’étude, ainsi que chez ceux du groupe nouvellement diagnostiqué. «Cette signature microbienne est cohérente et corrélée aux facteurs de risque traditionnels de PR», peut-on lire dans l’étude. L'inflammation liée à la PR pourrait donc commencer non pas dans les articulations, mais dans l'intestin, suggèrent les chercheurs. La souche bactérienne n’était d'ailleurs pas présente dans les microbiomes des participants du groupe de contrôle en bonne santé. Ainsi, ces bactéries pourraient être impliquées dans la progression de la PR en «préparant» le système immunitaire à la maladie. «Ces résultats illustrent la nature dynamique du microbiome intestinal, reflétant le profil de risque sous-jacent d’un individu et la transition d’une situation à risque vers le développement d’une arthrite clinique», concluent les auteurs. Selon eux, cette évolution des connaissances pourrait «avoir un impact significatif sur les approches de prédiction, de prévention et de stratégies de traitement personnalisées de la PR, soulignant la nécessité de recherches supplémentaires sur les diagnostics et les thérapies basés sur le microbiome».Référence:Rooney CM, Jeffery IB, Mankia K, et coll., Dynamique du microbiome intestinal chez les individus à risque de polyarthrite rhumatoïde: une étude observationnelle transversale et longitudinale, Annales des maladies rhumatismales [Publié en ligne pour la première fois le 08 novembre 2024.] doi: 10.1136/ard-2024-226362

La polyarthrite rhumatoïde associée à des modifications du microbiome intestinal

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