La crise des opioïdes tend à s’atténuer au pays

Les plus récentes données de l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC) sont encourageantes. Elles montrent que les différents indicateurs de la crise des opioïdes au pays continuent de s’améliorer lentement, mais sûrement. Le nombre de décès par surdose est ainsi en baisse de 12% sur les neuf premiers mois de 2024 comparé à la même période en 2023. Le nombre d'hospitalisations diminue quant à lui de 13%, celui des visites à l’urgence de 9%, tandis que les interventions des services médicaux d’urgence (SMU) reculent de 14%.Le Conseil des médecins hygiénistes en chef, qui supervise le programme de surveillance nationale des méfaits associés aux opioïdes et aux stimulants, convient que la baisse continue du nombre de décès par surdose est «encourageante». Cependant, «les chiffres et les tendances sont susceptibles de changer et doivent être interprétés avec prudence. Les taux nationaux restent bien supérieurs à ceux observés avant la pandémie, et 5626 vies ont été perdues en raison de la consommation de drogues toxiques entre janvier et septembre 2024», rappelle dans un communiqué ce conseil qui comprend le médecin hygiéniste en chef de chaque province et territoire, la cheffe de la santé publique du Canada et ses homologues des Premières Nations.Entre janvier 2016 (date de mise en place du programme de surveillance nationale) et septembre 2024, l’ASPC a répertorié un total de 50 928 décès liés à une intoxication aux opioïdes au Canada, soit 16 par jour en moyenne. Les médecins hygiénistes signalent par ailleurs que la crise des opioïdes «continue d'évoluer à des rythmes différents partout au pays, et les tendances varient d'une région à l'autre et certaines administrations signalent des augmentations». Leur rapport trimestriel souligne ainsi que la Colombie-Britannique (1817 décès), l’Alberta (886 décès) et l’Ontario (1843 décès) concentrent à elles trois 83% des décès accidentels liés à une intoxication aux opioïdes recensés l’an dernier au Canada.L’Institut national de la santé publique du Québec (INSPQ) rapporte pour sa part que les décès reliés à une intoxication suspectée aux opioïdes ou autres drogues (incluant les stimulants) sont en augmentation depuis 2021 à l’échelle de la province, leur nombre étant passé de 450 cette année-là à 645 l’an dernier. Ces chiffres indiquent que «le Québec pourrait se trouver dans les premiers stades d’une évolution vers des taux durablement plus élevés - et potentiellement croissants - d’intoxications mortelles par les drogues, comme cela s’est produit dans d’autres provinces canadiennes», ont analysé des cliniciennes-chercheuses de l’Université de Montréal dans un article publié l’été dernier dans la revue Drug and Alcohol Review.Lire aussi: Le Québec n’est plus épargné par la crise des opioïdesDans le détail, les données de l’ASPC montrent que la plupart des décès par surdose aux opioïdes surviennent chez des hommes (72%) et que près du tiers d’entre eux (28%) sont âgés de 30 à 39 ans. Trois fois sur quatre, ils avaient pris du fentanyl et dans 68% des cas, ils avaient également consommé un stimulant (benzodiazépines, cocaïne, etc.). Après une croissance soutenue de 2016 à 2020, l’ASPC note toutefois que l’implication du fentanyl dans les décès par surdose aux opioïdes est en baisse depuis quatre ans et qu’elle a atteint son niveau le plus bas de juillet à septembre 2024. Parallèlement, les analogues du fentanyl sont de plus en plus souvent impliqués, «ce qui donne à penser qu'ils pourraient remplacer ce dernier dans l'offre de drogues», mentionne le Conseil des médecins hygiénistes en chef. De janvier à septembre 2024, 81% des décès par surdose aux opioïdes impliquent des substances qui n’étaient pas d'origine pharmaceutique.Surnommée «la drogue du zombie», la xylazine est quant à elle en augmentation constante depuis 2021, avec une forte poussée depuis 2023. D'après les données les plus récentes, l’analgésique à usage vétérinaire est présent dans 15% des échantillons d'opioïdes. «Ce virage rapide met en évidence la vitesse à laquelle l'offre de drogues peut changer, ce qui souligne la nécessité d'une surveillance continue», plaide le Conseil des médecins hygiénistes en chef.Hospitalisations4241 hospitalisations pour intoxication aux opioïdes ont été dénombrées de janvier à septembre 2024, soit 15 par jour en moyenne.La plupart sont survenues chez des hommes (63%) et des individus âgés de 60 ans ou plus (26%)Parmi toutes les hospitalisations, 72% correspondaient à une intoxication accidentelle, 35% impliquaient du fentanyl ou ses analogues et 16% impliquaient également un stimulant.Visites à l’urgence19 599 visites à l’urgence pour intoxication aux opioïdes ont été identifiées de janvier à septembre 2024, soit 72 visites par jour en moyenne.La majorité concernaient des hommes (67%) et des personnes âgées de 30 à 39 ans (32%) dont l’intoxication était accidentelle dans 79% des cas.Le fentanyl et ses analogues ont été impliqués dans 47% des visites à l’urgence pour intoxication aux opioïdes et 8% d’entre elles impliquaient également un stimulant.Interventions des SMU28 813 interventions des services médicaux d’urgence (SMU) pour des surdoses ont été recensées de janvier à septembre 2024, soit 105 par jour en moyenne.La majorité concernaient des hommes (71%) et des personnes âgées de 30 à 39 ans (34%).

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