La chirurgie bariatrique a-t-elle encore sa place à l'ère des médicaments à base de sémaglutide?

La popularité croissante des agonistes du récepteur du GLP-1 s'est accompagnée d'une baisse significative du nombre de chirurgies bariatriques et de la fermeture de programmes de chirurgie bariatrique.Selon une étude publiée dans JAMA Network Open, il y a eu une augmentation de 132,6% du nombre de patients à qui l'on a prescrit des agonistes du récepteur du GLP-1 (AR GLP-1), ainsi qu'une diminution de 25,6% du nombre de patients ayant subi une chirurgie bariatrique métabolique aux États-Unis entre 2022 et 2023.L'étude transversale a utilisé les données de l'assurance Medicare Advantage de 2022 à 2023, qui comprenaient les demandes de remboursement de près de 17 millions de patients adultes. À partir de ces données, seuls les patients non diabétiques atteints d'obésité ont été inclus dans les analyses, ainsi que les prescriptions d’AR GLP-1 spécifiquement destinées au traitement de l'obésité.À lire aussi: Sémaglutide: un premier générique annoncé pour 2026 au CanadaLes chercheurs, basés à Boston, ont identifié tous les patients ayant fait l'objet d'une demande de remboursement pour une formulation de sémaglutide ou de liraglutide, ainsi que pour une chirurgie bariatrique métabolique au cours de chaque trimestre. Les chercheurs n'ont pas répondu aux demandes d'entrevue.Au total, 5173 patients ont subi une chirurgie bariatrique. Parmi eux, 4096 (79,2%) étaient des femmes et 1073 (20,7%) des hommes; 81 092 ont reçu une ordonnance d’AR GLP-1, dont 59 724 (73,6%) étaient des femmes et 21 314 (26,3%) des hommes. Tous avaient entre 18 et 35 ans.Les 1,5 million de patients restants souffraient d'obésité, mais n'ont subi aucun des deux traitements. Il s'agissait de 926 540 femmes (59,9%) et de 619 740 hommes (40,1%). Les chercheurs n'ont pas cherché à savoir pourquoi moins de 6% de la population étudiée n'avait reçu ni AR GLP-1 ni chirurgie de l'obésité.En examinant les tendances au cours de la période étudiée, ils ont constaté une augmentation de 132,6% des patients à qui l'on a prescrit des AR GLP-1 entre les six derniers mois de 2022 et les six derniers mois de 2023.En revanche, le nombre de patients ayant subi une chirurgie bariatrique métabolique a diminué de 25,6% au cours de la même période.À lire aussi: Chirurgie bariatrique: une nouvelle intervention disponible au QuébecL'étude note que les patients subissant une chirurgie bariatrique sont plus susceptibles de présenter de multiples comorbidités. Par exemple, 46,9% des patients opérés présentaient deux à trois comorbidités, et 18,8% en présentaient plus de quatre. En revanche, 29,5% des patients sous GLP-1 présentaient deux à trois comorbidités et seulement 8,2% en présentaient quatre ou plus.Bien que les AR GLP-1 soient de plus en plus utilisés, ils ne sont pas parfaits.«Bien que les AR GLP-1 soient efficaces pour le traitement de l'obésité et des comorbidités associées, comme le diabète, le coût élevé et les taux élevés d'effets indésirables gastro-intestinaux peuvent conduire à l'arrêt du traitement et à une reprise de poids subséquente», ont souligné les chercheurs.Ils ajoutent que «les décideurs politiques et les cliniciens devraient continuer à surveiller de près les compromis entre la prise en charge pharmacologique et chirurgicale de l'obésité afin de garantir un accès optimal à un traitement efficace de l'obésité».À lire aussi: La chirurgie bariatrique supérieure à l'intervention médicale ou sur le mode de vie pour le DT2Une autre étude réalisée par des chercheurs canadiens en 2022 dans la revue Obesity, qui a comparé la perte de poids par les deux approches, a révélé que la chirurgie bariatrique entraînait des réductions plus importantes du poids et de l'indice de masse corporelle (IMC), mais qu'elle avait des effets similaires sur le contrôle de la glycémie que l’AR GLP-1. Les chercheurs de Toronto n'ont pas répondu aux demandes d'entrevue.L'étude était une revue systématique et une méta-analyse qui comparait la perte de poids entre les deux approches. Elle comprenait six études qui étaient soit des essais contrôlés randomisés, soit des études d'observation, et portaient sur un total combiné de 332 patients. Les études portant sur l'utilisation complémentaire du GLP-1 après une chirurgie bariatrique ont été exclues.L'étude a comparé directement l'effet hypocalorique et glycémique des AR GLP-1 et de la chirurgie bariatrique chez des adultes âgés de 18 ans et plus souffrant d'obésité, définie par un IMC d'au moins 25 kg/m2.Les études qui faisaient état d'un changement de poids depuis le début de l'étude jusqu'à 10 ans ont été incluses. «Cette méta-analyse a démontré que la chirurgie bariatrique conférait toujours le plus haut degré de perte de poids durable et à long terme par rapport à une nouvelle pharmacothérapie avec un agoniste du récepteur du GLP-1.»En revanche, «la chirurgie bariatrique n'a pas entraîné de changement significatif dans le contrôle de la glycémie par rapport aux agonistes des récepteurs du GLP-1, avec une différence moyenne d'HbA1C similaire dans les deux catégories de traitement», indique l'étude.D’autre part, la chirurgie bariatrique comporte des risques. Elle peut avoir des effets indésirables de malabsorption et de carence en micronutriments. Elle comporte également des risques chirurgicaux postopératoires de saignement, de fuite anastomotique et d'infection.

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