Jusqu’à 13 000 médecins empêchés de pratiquer au Canada

Il pourrait y avoir jusqu’à 13 000 médecins de plus en exercice au Canada si les restrictions entourant l’octroi des permis aux médecins formés à l’étranger n’existaient pas, a indiqué le Collège royal des médecins dans un témoignage devant un comité de la Chambre des communes.«Les estimations varient, mais nous pensons qu’il pourrait y avoir jusqu’à 13 000 médecins formés à l’étranger au Canada qui ne sont pas en pratique», a déclaré le directeur général du Collège royal, le Dr Chris Watlin, le 23 octobre devant le Comité permanent de la santé de la Chambre des communes. «Les médecins formés à l’international ont identifié que le processus pour devenir médecin en exercice au Canada est exigeant, long et souvent déroutant.»À consulter: Le recrutement des soignants américains, une priorité nationale selon l’AMCLe Collège royal exhorte le gouvernement fédéral à réserver des fonds pour élargir les programmes d’évaluation de la préparation à la pratique (Practice-Ready Assessment), une voie accélérée vers l’obtention d’un permis pour les médecins formés à l’étranger qui possèdent déjà une expérience clinique autonome. L’organisme demande également au gouvernement d’envisager un fonds destiné aux facultés de médecine afin d’offrir une «formation complémentaire» aux médecins internationaux «auxquels il ne manque qu’une poignée de compétences pour répondre à l’ensemble des exigences d’un diplôme canadien».«C’est le moment pour tous ceux qui œuvrent dans le système de santé d’envisager des solutions alternatives pour simplifier les processus d’immigration et de permis pour les médecins formés à l’international, afin qu’ils puissent intégrer le système plus efficacement et fournir les soins nécessaires», a ajouté le Dr Watlin.Allers-retours en ÉgypteLe comité a également entendu des témoignages de plusieurs médecins non pratiquants formés à l’étranger, dont celui de la Dre Therese Bichay, qui avait exercé comme médecin de famille en Égypte. Elle travaille actuellement comme navigatrice médicale à Brampton, en Ontario, faute de postes de résidence disponibles pour les diplômés internationaux en médecine.À lire aussi: Permis d’exercice pancanadien: toujours pas une priorité au Québec«Il est profondément décourageant de se sentir invisible dans un pays que nous avons choisi et que nous appelons maintenant notre maison. Nous sommes venus ici non seulement pour construire une vie, mais pour contribuer de manière significative à nos communautés et à un système de santé qui a désespérément besoin de soutien», a témoigné la Dre Bichay.Tous les deux ou trois ans, avant de pouvoir présenter une demande de résidence, la Dre Bichay doit retourner en Égypte afin de maintenir la récence clinique (c.-à-d. le maintien d’une pratique clinique récente). Elle a aussi dû repasser à plusieurs reprises le test de compétence en anglais, puisque les résultats expirent tous les deux ans. Au total, elle estime avoir dépensé plus de 60 000$ dans ses démarches pour obtenir un permis d’exercice au Canada, incluant les frais d’examens, les frais de candidature, les certifications et les vols vers l’Égypte.Le 28 octobre, le comité a aussi entendu le témoignage du Dr Scott Alexander, un Canadien ayant étudié la médecine en Australie, mais espérant pratiquer au pays. Le Dr Alexander avait présenté sans succès deux demandes de résidence avant que des modifications à certaines exigences d’examens n’invalident ses résultats aux examens MCCEE et NAC OSCE.«Ces changements ont essentiellement effacé mes progrès», a affirmé le Dr Alexander, qui travaille dans le secteur des affaires médicales au sein de l’industrie pharmaceutique.Sur les 60 Canadiens de sa cohorte à la faculté de médecine de l’Université du Queensland, le Dr Alexander a indiqué que 58 ont choisi de rester en Australie ou de pratiquer dans un autre pays – alors que la grande majorité d’entre eux souhaitaient initialement revenir exercer au Canada.«Beaucoup de mes pairs aimeraient revenir, mais ils me disent que les obstacles sont prohibitifs et que le processus manque de transparence pour eux. Et cette frustration, ainsi que la perte de cliniciens formés au profit d’autres systèmes de santé, constituent un problème pour le Canada.»

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