Je nous souhaite de la joie pour 2025

Avec la fin de l'année 2024 morose, qui se termine sur un constat d’échec retentissant de notre réseau de la santé, il ne faut pas oublier la joie. Face aux dérives politiques nationales et internationales actuelles, les guerres cruelles et une élection américaine inquiétante, il ne faut pas oublier la joie. La joie de vivre et d’être en santé est une immense chance, extraordinaire. La joie de vivre même malade ne doit pas être oubliée. La vie apporte à tous son lot de souffrances et de difficultés: la joie est cachée quelquefois, mais elle est partout. Quand on la cherche, on la trouve. Quand on la cultive, elle fleurit. La joie de soigner: quelle chance de pouvoir donner un sens à son travail. Cette chance n’est pas donnée à tous. Que nous soyons infirmières, pharmaciens, médecins, préposés ou autres travailleurs de la santé, nous avons la chance de pouvoir faire une différence pour certains patients. C’est extraordinaire. À la fin d’une journée difficile, cela vaut la peine de se le redire. Et de s’en réjouir. Les petites joies du quotidienJe veux partager avec vous la joie des petits instants au travail, ceux qui tissent le bonheur au quotidien: Une hospitalisation évitée de justesse pour une personne âgée frêle.Un traitement qui est efficace.Une mort douce et sereine en milieu de vie, sans souffrances, entouré d’un personnel bienveillant qui donne plus que possible.Le soleil qui inonde la chambre d’une personne dépressive qui en ressent les bienfaits et sourit, enfin.Le sourire de l’alcoolique «placé» en ressource intermédiaire après un parcours chaotique de vie, qui n’est plus seul. Un homme qui s’est fait des amis au fumoir et au dépanneur voisin, là où la bière n’est pas trop chère.La générosité de la préposée qui tresse tous les matins les cheveux gris de ma patiente psychotique pour lui donner une fière allure de gitane cool. Que de joie!Je partage avec vous la joie des 400 spectateurs œuvrant en soins palliatifs, présents lors du spectacle-bénéfice donné pour Nova soins à domicile (infirmières en soins palliatifs à domicile) cet automne. Cet extraordinaire spectacle musical fut donné par le Doc Show, un groupe de 12 médecins du Saguenay immensément talentueux et généreux. Nous avons chanté et dansé au rythme effréné de ces médecins musiciens venus du Saguenay pour supporter le travail des infirmières en soins palliatifs à domicile de Montréal. Quelle générosité, quelle joie! La joie de travailler avec une équipe de 15 médecins extraordinaires du SIAD du CLSC de Verdun, dévoués aux soins à domicile auprès des plus vulnérables: je suis immensément touchée par leur générosité alors que leurs cas sont lourds et tristes, et qu’ils se dévouent dans un réseau réduit à sa plus simple expression. Les infirmières de soins à domicile des CLSC sont des super professionnelles immensément compétentes: quelle joie et quel honneur de travailler à leur côté chaque jour. Je m’en veux de ne pas leur dire plus souvent. La joie de voir les travailleurs du CLSC, autour de moi, se préoccuper un vendredi soir d’un patient souffrant malgré l’excès de tâches et le manque de moyens. La joie de voir ce qu’est devenue la société québécoise pendant mes 45 années de vie et de travail comme médecin: nous avons maintenant une égalité homme-femme reconnue, l’une des plus solides en Occident. Et que dire de la vision sociétale de la jeune génération québécoise qui questionne à juste titre notre inertie face aux changements climatiques et aux inégalités sociales grandissantes. Joie et fierté: je leur donne la place avec joie. Ils sont plus que prêts. Je nous souhaite pour 2025 Un réseau de la santé décentralisé, véritablement basé sur les régions, où enfin on se parlera sans intermédiaires. Des régions où enfin on se partagera les tâches en toute collégialité sans s’enfarger dans le ciment syndical et ministériel des 25 dernières années, ni dans la torpeur du monde politique préoccupé par son pouvoir et ses prochaines élections.La transformation d’un réseau hospitalocentré surchargé vers un réseau de première ligne fort, là où nos patients veulent vivre et éprouver de la joie de vivre.La priorisation de l’aide sociétale à vivre face à l’aide médicale à mourir: que nos vulnérables, incluant les grands malades et les personnes souffrant d’un handicap sévère, aient l’aide dont ils ont besoin pour vivre et éprouver de la joie. Qu’ils se sentent soutenus et épaulés dans leurs difficultés, à tous points de vue, médical, infirmier, social mais aussi organisationnel. Qu’ils se sentent désirés et appréciés comme personnes et membres de notre société et non comme des fardeaux. Un citoyen québécois est plus qu’une machine à travailler et à consommer: la joie de vivre réside dans la vie, les liens, l’entraide, la beauté véritable. La dignité passe par cette entraide sociétale.Que les Québécois fassent de la place dans leur vie aux plus vulnérables. Que l’autonomie de ceux-ci soit préservée et respectée tant que possible pour qu’ils puissent profiter de leur vie et partager avec nous les choses essentielles de la vie, les liens interpersonnels, l’expérience de la vie, un dialogue, une farce, un sourire. Que la joie remplisse nos journées de travail et notre vie personnelle.Laissons de côté les «grincheux»: en avant toute, on lâche pas!Bonne année 2025!

Je nous souhaite de la joie pour 2025

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Derrière ce blogue:

la Dre Geneviève Dechêne

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