Helicobacter pylori: une séropositivité associée à un pronostic négatif pour le mélanome

Une étude récente parue dans le journal Oncoimmunology, a évalué l’impact de H. pylori sur les résultats d’un traitement par inhibiteurs de points de contrôle immunitaire et sur la composition du microbiome d’une cohorte de patients atteints de mélanome avancé. Les auteurs de cette étude1 de cohorte rétrospective multicentrique soulignent que les inhibiteurs de points de contrôle immunitaire (ICI) sont désormais au premier plan de la prise en charge des patients atteints de mélanome. La monothérapie par anti-PD-1 ou la thérapie combinée avec anti-CTLA-4 représente le standard de soins chez les patients atteints de mélanome métastatique2. Toutefois, malgré l’amélioration des résultats avec ces nouvelles thérapies, le développement de biomarqueurs robustes pour prédire la résistance primaire, qui se produit chez 24 à 40% des patients3,4, est souhaitable. Le microbiome intestinal est un biomarqueur de la résistance primaire et est maintenant considéré comme une caractéristique du cancer5. Par ailleurs, H. pylori, qui colonise la muqueuse de l’estomac et est présente chez plus de 50% de la population mondiale, est à l’origine de l’ulcère gastrique et du lymphome du MALT6. Des preuves récentes suggèrent que H. pylori a aussi le potentiel de modifier la polarisation des macrophages et possiblement d’altérer la réponse immunitaire systémique7. L’impact sur celle-ci a aussi été observé dans des cohortes de patients atteints du cancer du poumon non à petites cellules et de cancer gastrique traités par ICI, où la séropositivité à H. pylori était associée à une durée de vie plus courte8. Éléments de méthodologie L’étude a été menée dans quatre centres universitaires au Canada (CHUM, CUSM, HGJ et Sunnibrook Health Sciences Center à Toronto) auprès de 97 patients atteints de mélanome avancé. Pour être inclus dans l’étude, les patients devaient avoir eu un diagnostic histologiquement prouvé de mélanome avancé ou non résécable traité par ICI entre 2013 et 2021. La réponse tumorale a été évaluée par tomodensitométrie. Le statut sérologique H. pylori IgG a été déterminé à l’aide de tests ELISA commerciaux validés. Les anticorps IgG de H. pylori ont été quantifiés dans le plasma des patients. Ceux-ci ont été stratifiés en groupes H. pylori positifs (Pos) ou négatifs (Neg) en fonction de leur sérologie. Des échantillons fécaux ont été obtenus au début du traitement par ICI pour 44 des 97 patients. L’ADN isolé a été analysé par séquençage shotgun afin d’étudier la composition microbienne des échantillons fécaux. Principaux résultats Le suivi médian était de 29,9 mois et la majorité des patients a reçu une ICI en première ligne (80%). L’âge moyen de la population étudiée était de 61 ans. Des anticorps IgG dirigés contre l’antigène de H. pylori ont été détectés dans le plasma de 21 patients (22%). Le taux de réponse objective a diminué dans le groupe H. pylori Pos par rapport au groupe H. pylori Neg (57% vs 75%, p = 0,11). Dans le groupe H. pylori Pos, la survie globale (SG) était significativement plus courte que dans le groupe H. pylori Neg, avec une SG médiane de 44,1 mois et une SG non atteinte (HR : 3,21; IC 95% : 1,15-8,97; p = 0,02). Une tendance à une survie sans progression de la maladie a été observée dans le groupe H. pylori Pos (22,2 mois vs non atteinte, HR : 1,92; IC 95%: 0,95-3,92; p = 0,07). Le séquençage métagénomique n’a pas révélé de différence dans les indices de diversité entre les groupes H. pylori. Il semble que l’impact négatif de H. pylori sur les résultats soit indépendant de la composition du microbiome fécal. Ces résultats justifient une validation plus poussée et le développement de stratégies thérapeutiques afin d’éradiquer H. pylori dans le domaine de l’immuno-oncologie.

Helicobacter pylori: une séropositivité associée à un pronostic négatif pour le mélanome

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