Forum de la FQSA – Agir tôt: nouveaux traitements et pratiques pour l'Alzheimer

Le Forum de la Fédération québécoise des Sociétés Alzheimer – Agir tôt, qui s'est tenu le 24 septembre à Montréal, a été l’occasion de revenir sur les nouveaux traitements et leur éventuelle implantation au Canada. Le donanemab et le lécanémab permettent de ralentir la progression de la maladie d’Alzheimer en s’attaquant aux plaques amyloïdes. Bien que ces traitements soient déjà disponibles dans un certain nombre de pays, ils n’ont pas encore été approuvés par Santé Canada. Le lécanémab a par contre reçu le feu vert dans 50 pays, dont les États-Unis en 2023 et l’Union européenne en 2024. Le Dr Paolo Vitali, neurologue et neuropsychologue au CIUSSS de l'Ouest-de-l’Île-de-Montréal et au Centre de recherche pour les études sur le vieillissement de l’Université McGill reçoit d’ailleurs «beaucoup de demandes en lien avec ces médicaments». Il regrette néanmoins de ne pas pouvoir les proposer à ses patients. Certains se rendent d’ailleurs aux États-Unis pour s’en procurer, ce qui n’est pas exempt de conséquences, selon lui. À lire aussi: Maintenir une bonne santé cognitive à tout âge, c’est possiblePour le Dr Vitali, les données obtenues dans les pays où les traitements sont disponibles devraient convaincre Santé Canada, car ils peuvent avoir un impact significatif sur la qualité de vie des patients et leurs proches aidants. Ils permettraient notamment une réduction de 30% du risque de progression vers le stade suivant de la maladie. Sur quatre ans d’étude, le patient peut gagner jusqu’à un an d’autonomie, à condition qu’il présente un trouble cognitif ou une maladie d’Alzheimer au stade léger. Cela démontre une nouvelle fois l’importance, selon lui, d’agir vite, car l’efficacité de ces traitements est supérieure lorsqu’ils sont administrés tôt. Pour qu’ils soient efficaces, ils doivent également être administrés à des patients souffrant véritablement de la pathologie, ce que l’on peut prouver au moyen de la présence de plaques amyloïdes dans le cerveau. Autre condition sine qua non, une résonance magnétique «propre», dit-il, c’est-à-dire, dépourvue d’un trop grand nombre de pathologies vasculaires ou microhémorragies. Les effets secondaires incluent des œdèmes et des microhémorragies, et les réactions sérieuses concerneraient moins de 2% des cas. L’accès à ces traitements devra par ailleurs s’accompagner d’une «restructuration du système», pense le Dr Vitali. Leur prescription nécessite en outre une «certaine expertise», ainsi que l’accès à une surveillance par résonance magnétique. D’autres professionnels, tels que les radiologues, les médecins de famille, les spécialistes et les biochimistes, seraient également amenés à modifier quelque peu certaines de leurs pratiques. Diagnostic précoce et approches non pharmacologiques La maladie d’Alzheimer est sous-diagnostiquée, a déploré le Dr Vitali lors de sa présentation au cours du forum, en particulier aux stades précoces. Selon une enquête de Health and Retirement Study de 1995 à 2016, seuls 11% des individus ont reçu un diagnostic précoce de trouble neurocognitif léger et 26% des personnes présentant un trouble neurocognitif majeur ont reçu un diagnostic précoce. Au regard des importants délais nécessaires à la réalisation d’un PET-Scan amyloïde, le spécialiste estime que l’avenir du diagnostic se trouve dans le biomarqueur plasmatique, une «petite révolution», dit-il, plus accessible et à la sensibilité équivalente. Disponible au Québec et facile à réaliser, ce test est susceptible de changer la pratique du diagnostic précoce de la maladie, en présence de symptômes uniquement, faute de quoi il y aurait un risque d’erreur. Pour les stades plus précoces, le dépistage cognitif au moyen du test MoCA ou des Mini-Mental State Examination (MMSE) reste, selon lui, pertinent pour surveiller régulièrement la cognition. À cet effet, le Dr Ziad Nasreddine, neurologue à l’origine du test MoCA, a récemment développé un outil d’auto-évaluation, à destination du grand public, le XPRESSO MoCA. Celui-ci permet également d’éviter que le MoCA traditionnel ne soit «sur-appris par le grand public et perde de sa valeur», a-t-il précisé en conférence. Le Dr Vitali insiste par ailleurs sur la prévention auprès des patients en ce qui a trait aux approches non pharmacologiques, y compris en ce qui concerne les facteurs de risque modifiables. Il conviendrait d’expliquer précisément quoi faire pour agir sur la santé cognitive. À titre d’exemple, des prescriptions claires et précises, indiquant l’intensité, le temps et le type d’exercice à réaliser pourraient être pertinentes. À lire aussi: Les gériatres veulent contribuer davantage à l’accessibilité aux soinsCependant, un grand nombre d’aspects inhérents à la prise en charge de la maladie d’Alzheimer seront amenés à changer au cours de 5 à 10 prochaines années, estime le Dr Vitali, notamment grâce au diagnostic plus précoce. Sur le plan pharmacologique, «on pourra espérer voir apparaître des médicaments ciblant la protéine Tau». D’autres recherches en cours portent sur les personnes asymptomatiques, dont la pathologie est prouvée par le moyen de biomarqueurs. Les médicaments anti-inflammatoires pourraient en outre ralentir la progression de la maladie.

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