Fièvre Ebola: «Peu de chances que le Canada soit un jour victime d’une épidémie»

L’épidémie d’Ebola qui touche actuellement l’Afrique de l’Ouest est devenue «hors de contrôle», selon Médecins sans frontières. Elle pourrait se propager «comme un feu de forêt», ont mis en garde les autorités américaines de santé, lundi dernier. Au 23 juillet, on dénombrait 1201 cas, dont 672 décès, dans les trois pays touchés (la Guinée, le Libéria et la Sierra Leone).Ce bilan s’est toutefois alourdi ces derniers jours. Près de 110 nouveaux cas, dont 12 mortels, ont été recensés au cours de la dernière semaine. Il s’agit de la pire épidémie d’Ebola à survenir depuis son apparition en 1976.L’une des plus récentes victimes est le médecin chef qui était en charge de la lutte contre le virus en Sierra Leone, le Dr Umar Khan. Il était le seul spécialiste en fièvres hémorragiques du pays. Âgé de 39 ans, ce virologue avait été diagnostiqué une semaine plus tôt. Transféré dans un centre médical géré par Médecins sans Frontières, il est décédé le 29 juillet, le jour même où le président du pays devait visiter le centre où il pratiquait.Le ministère de la Santé du pays a salué en lui un «héros national».Un médecin américain atteintLe personnel de santé est particulièrement exposé au virus. Plus d'une centaine de soignants ont contracté la fièvre hémorragique et la moitié en est décédée, selon les chiffres de l’OMS cités par la BBC.Un médecin américain en mission humanitaire au Libéria en est d’ailleurs atteint. Le Dr Kent Brantly, 33 ans, est le médecin chef de l’organisation Samaritan’s Purse, une ONG chrétienne. Il assistait les personnes atteintes du virus dans la capitale Monrovia depuis juin. C’est lui-même qui s’est diagnostiqué la maladie. Il a alors été immédiatement placé en quarantaine dans une chambre d’hôpital. Originaire du Texas, le Dr Brantly est marié et père de deux enfants. Sa famille, qui se trouvait avec lui, est rentrée aux États-Unis.Selon le magazine français Le Figaro, le Dr Brantly a ressenti les premiers symptômes le 23 juillet, mais le dépistage s’était révélé négatif. Il avait malgré tout été placé en isolement. Les symptômes ayant empiré, un nouveau test a été réalisé vendredi. Ce deuxième s'est avéré positif. Un de ses amis a indiqué aux médias qu’il n’allait pas bien, qu’il était faible et très sérieusement malade.Une infirmière américaine est également soignée avec lui après avoir contracté la maladie. Nancy Writebol est responsable de l'hygiène et de la désinfection des tenues de protection portées par les membres du personnel qui entrent et sortent du centre où sont isolés les malades.Retour du Sierra LeoneUn médecin québécois membre de Médecins sans Frontières, le Dr Marc Forget, a été en contact de près avec la maladie. Il est de retour au Québec après une mission de sept semaines en Guinée. Il a participé, avec d’autres médecins, à aménager un centre de soins contre le virus dans une petite ville de ce pays. Les lieux accueillaient constamment une vingtaine de malades. Le taux de mortalité d’Ebola se situait à environ 75%. Le décès survient généralement en une semaine. Lui-même a craint de contracter la maladie.Dans une entrevue accordée à un reporter de TVA Nouvelles, le Dr Forget a indiqué qu’il n’existe pas de symptômes spécifiques au virus d’Ebola. Les gens souffrent de fièvre, de gastro-entérite.«Ça ressemble à la malaria, à la fièvre thyphoïde, des maladies que l’on retrouve partout dans ces régions africaines», a-t-il indiqué.La facilité avec laquelle se répand l’épidémie est principalement liée à deux facteurs: les soins aux patients et les rites funéraires dans ces pays. Les malades sont très contagieux. Il devient donc très risqué de les soigner et d’être en contact avec eux. Après le décès, le corps est lavé, les gens touchent et embrassent le défunt alors que le cadavre demeure très contagieux, ce qui expose les gens à un risque extrêmement élevé.La nature même de ces deux sources de contagion expliquent aussi pourquoi le virus d’Ebola a peu de chances de se répandre à grande échelle dans un pays comme le Canada, selon lui.«Il est toujours possible qu’un individu isolé débarque par avion, mais la réponse sanitaire des autorités de santé publique est beaucoup trop solide ici pour permettre la propagation de l’infection, a indiqué le Dr Forget. Ce n’est pas un virus très agressif. Pour qu’il se propage d’une personne à l’autre, on doit être en contact étroit avec les sécrétions. Pour cette raison, je crois qu’il est très peu probable qu’on ait un jour une épidémie ici.»Néanmoins, les autorités de santé publique du Québec restent vigilantes. Un guide sera distribué sous peu dans les hôpitaux afin qu’ils soient prêts à recevoir et à gérer les demandes d’analyses provenant de patients potentiellement atteints du virus.Le virus d’Ebola, en brefL’Ebola a fait son apparition pour la première fois en 1976 lors d’épidémies simultanées à Nzara, au Soudan, et à Yambuku, en République démocratique du Congo.La ville de Yambuku se trouvait près de la rivière Ebola qui a donné son nom à la maladie.Le réservoir naturel du virus Ebola pourrait être chez des chauves-souris frugivores.Le taux de mortalité se situe entre 25 et 90 %, selon la souche du virus en question.

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