Fibromyalgie: le jeûne prolongé peut atténuer les symptômes

Un jeûne supervisé d’une durée moyenne de 7 à 8 jours a entraîné une réduction de la douleur et une amélioration de l’humeur chez des patients atteints de fibromyalgie. Ces effets se sont maintenus pendant au moins les trois mois suivants. Ce mécanisme pourrait en partie s’expliquer par «une plus grande disponibilité dans le cerveau de sérotonine, d’opioïdes endogènes et d’endocannabinoïdes». Le jeûne thérapeutique est donc susceptible de s’ajouter à la liste des approches non pharmacologiques à privilégier dans la prise en charge des symptômes de la fibromyalgie. L’expérience a été menée à l’hôpital Immanuel de Berlin sur 176 patients et s’inscrivait dans un traitement multimodal, combiné à l’exercice physique modérée, de l’éducation aux patients, une introduction à la pleine conscience et des méthodes alternatives comme l’acupuncture, l’acupression et le massage. L’apport calorique quotidien fut d’abord fixé à 200-300 calories. À partir d’avril 2020 et jusqu’à la fin de l’étude, la limite a été haussée à 600 calories par jour, devant l’incertitude des effets du jeûne sur la réponse immunitaire au SRAS-CoV-2. L’eau, le thé non sucré, le jus naturel, les soupes et les légumes à la vapeur constituaient l’essentiel du menu. Pour la plupart des patients, la prise d’anti-inflammatoires non stéroïdiens a été maintenue pendant leur diète privative. Cependant, elle a été réduite chez une trentaine de patients, alors que d’autres se sont tournés vers les remèdes à base de plantes. Entre le premier et le dernier jour d’hospitalisation, le jeûne prolongé a entraîné une baisse moyenne de 13 points dans l’échelle du Questionnaire de l’impact de la fibromyalgie (FIQ), soit une amélioration de 23,5% de la symptomatologie (58,3 ± 11,1 à 44,6 ± 15,5). Ce résultat est supérieur à la différence minimale cliniquement importante (DMCI) de 14%, fixée par le FIQ. Les chercheurs ont noté une réduction significative de la douleur, qui s’était maintenue au suivi de trois mois. La douleur rapportée est demeurée sous la valeur initiale jusqu’à un an après l’hospitalisation. Des effets aussi sur le bien-être La qualité de vie, mesurée par le questionnaire sur le bien-être de l’OMS (WHO-5), s’est améliorée de 4,9 points en moyenne pendant l’hospitalisation et s’est maintenue à un niveau élevé jusqu’à la fin du suivi d’un an. Les participants ont aussi rapporté des améliorations sur leur niveau de pleine conscience, l’anxiété et la dépression, mais ces résultats n’ont pas persisté à long terme.«Considéré par plusieurs patients comme une méthode drastique, le jeûne exige une maîtrise de soi et la mise en place de stratégies d’autogestion pour pouvoir y adhérer. Cela expliquerait pourquoi le jeûne a aussi amélioré la qualité de vie et la pleine conscience des patients», rapportent les auteurs de l’étude parue dans Nutrients. En effet, une étude de 2022 révélait que les pratiques d’autogestion seraient l’un des éléments clés pour augmenter la qualité de vie des patients atteints de fibromyalgie.Pour optimiser l’effet du jeûne, les patients étaient ensuite encouragés à maintenir une diète à base de plantes et à privilégier les aliments peu transformés lors de leur retour à la maison. «Selon notre expérience clinique, le jeûne est souvent le point de départ des patients pour changer leurs habitudes de vie et particulièrement leurs habitudes alimentaires», constatent les chercheurs.

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