Faut-il tester toutes les Canadiennes pour les gènes BRCA1 et BRCA2?

Une analyse coût-efficacité a démontré qu’il serait avantageux d’offrir le dépistage des gènes BRCA1/BRCA2 à toutes les femmes de plus de 30 ans au Canada. Des milliers de cas de cancer et des centaines de décès pourraient ainsi être évités.Le dépistage des gènes BRCA1/BRCA2 est recommandé pour une personne dont un membre de la famille proche est porteur de la mutation ou pour les femmes ayant eu un cancer du sein avant l'âge de 35 ans, un cancer du sein triple négatif ou un cancer séreux de l’ovaire.Cependant, le dépistage génétique pour BRCA demeure sous-utilisé, même pour les femmes qui sont à risques d’être porteuses: seulement 20% à 40% des femmes éligibles sont dirigées à effectuer ce test. De plus, en se basant uniquement sur ces critères, plus de 50% des mutations passeraient sous le radar. Dans ce contexte, serait-il préférable d’offrir un dépistage génétique à toutes les Canadiennes?À lire aussi: Les seins denses peuvent rendre plus difficile la détection d'un cancerUne évaluation économique basée sur le modèle de Markov a été réalisée par l’Université Queen Mary de Londres, en collaboration avec l’Université de la Colombie-Britannique. Elle comparait les coûts et les résultats d’un dépistage systématique pour un million de Canadiennes âgées de plus de 30 ans par rapport à un dépistage qui se fie uniquement aux antécédents familiaux.Résultat: un dépistage offert à toutes les femmes du pays permettrait d’éviter 2555 cancers du sein et 485 cancers de l’ovaire par million de Canadiens. On préviendrait ainsi 196 décès liés au cancer du sein et 163 décès liés au cancer de l’ovaire.Pour analyser le rapport coût-efficacité, la simulation s’est fondée sur l’indicateur QALY, soit les années de vie pondérée par la qualité (quality-adjusted life year). Cette mesure évalue l’effet d’un traitement sur la durée et la qualité de vie des patients.Quant à la propension à payer des contribuables, elle a été estimée à 50 000$ par QALY, soit le montant qu’un individu est prêt à payer pour améliorer son état de santé. Le seuil de rentabilité a été atteint dans 99% des simulations effectuées. En effet, il se situait en moyenne à 32 276$/QALY, soit bien en deçà de la propension à payer des individus. D’un point de vue économique, le jeu en vaudrait donc la chandelle.À lire aussi: Nouvel espoir face au cancer du sein triple négatifLe rapport coût-efficacité était particulièrement favorable pour les femmes âgées de 40 à 70 ans. Toutefois, à partir de 70 ans, le montant associé à un dépistage systématique devenait très élevé. Pour que l’analyse demeure rentable, le coût d’un test unique devrait se détailler entre 410 et 948$, ce qui est bien au-delà des frais chargés actuellement par les laboratoires spécialisés en génétique au Canada. De plus, ces coûts sont en décroissance constante, ce qui pourrait rendre la pratique encore plus avantageuse dans les prochaines années, avancent les auteurs de l’étude. Les résultats sont parus dans le Journal of the American Medical Association. Des études d’implémentation sont en cours pour déterminer l’impact de tests BRCA sur toute la population dans un contexte réel, ainsi que les préférences et la formule idéale pour déployer un tel modèle de prévention.

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