Évaluation et dépistage du syndrome de Lynch: des recommandations consensuelles canadiennes

Le syndrome de Lynch est la cause héréditaire la plus fréquente du cancer de l’endomètre et parmi les cancers colorectaux. Il s’agit d’un syndrome autosomique de prédisposition dominant au cancer - causé par un variant pathogène germinal, un gène silencieux ou un gène de réparation des mésappariements (MMR) - qui conduit à un large spectre de cancer avec une pénétrance spécifique à ce gène. Environ une personne sur 279 est atteinte du syndrome de Lynch, bien que ce chiffre puisse être sous-estimé 1.Les porteurs du syndrome de Lynch MLH1 et MSH2/EPCAM présentent le risque le plus élevé de cancer colorectal au cours de leur vie, des risques plus faibles étant observés chez les porteurs des gènes MSH6 et PMS2. Le cancer de l’endomètre est le cancer le plus pénétrant chez les femmes porteuses des variants pathogènes MSH2/EPCAM, MSH6 et PMS2, et le deuxième cancer le plus fréquent chez celles porteuses des variants pathogènes MLH1 1.L’identification des patientes atteintes du syndrome de Lynch est cruciale, car leur risque de cancer colorectal au cours de leur vie est de 80%, et jusqu’à 60% pour le cancer de l’endomètre. Les autres cancers primaires associés au syndrome de Lynch sont les cancers gastriques, ovariens, de l’intestin grêle, urothéliaux (uretère, bassinet du rein et vessie), de la prostate, des voies biliaires, du pancréas, de la corticosurrénale, du cerveau (glioblastome), les adénomes des glandes sébacées et les kératoacanthomes 2. La détection précoce du syndrome de Lynch est vitale, car les patients peuvent participer à des stratégies de réduction du cancer grâce à la chimioprophylaxie, à la chirurgie préventive et à la surveillance du cancer 3.Le Canadian Lynch Syndrome (CDN-LS) a publié les premières recommandations nationales, consensuelles et exhaustives, sur le syndrome de Lynch. Les 18 préconisations ont été élaborées parce que la détermination, l’évaluation et le dépistage des personnes atteintes du syndrome de Lynch demeurent complexes et qu’une directive nationale canadienne est nécessaire pour assurer un accès équitable aux soins des patients dans tout le pays1.Les nouvelles directives fournissent une norme de soins pour l’évaluation du syndrome de Lynch au Canada, ainsi que des recommandations thérapeutiques et de défense des intérêts des patients. Onze recommandations portent sur les voies diagnostiques (tests) du syndrome de Lynch, quatre sur la défense des intérêts des patients canadiens, deux sur la pharmacothérapie et une sur les directives de dépistage 1. À lire aussi: Le gaspillage généralisé et inutile d’un coûteux médicament contre le cancerSyndrome de Lynch: deux recommandations thérapeutiques Sauf contre-indication clinique, l’hormonothérapie substitutive par œstrogènes systémiques est recommandée pour les femmes préménopausées atteintes du syndrome de Lynch après une salpingo-ovariectomie bilatérale préventive, afin de réduire les effets négatifs à long terme d’une ovariectomie prématurée. La substitution hormonale doit être poursuivie jusqu’à l’âge de la ménopause naturelle (l’âge naturel moyen est de 51 ans). Cette recommandation doit être discutée avec le prestataire de soins primaires et/ou le gynécologue de la patiente. L’élément important à prendre en compte dans cette recommandation est la preuve de la protection contre le cancer colorectal qu’offre le traitement hormonal substitutif.Le traitement quotidien à l’acide acétylsalicylique (AA ou aspirine) peut être discuté avec les patients atteints du syndrome de Lynch, en les informant que les connaissances sur la dose optimale et le moment où il faut commencer et terminer le traitement sont limitées. Une dose minimale de 81 mg par jour peut être envisagée après discussion des contre-indications potentielles avec le médecin traitant. À lire aussi: Dépistage du cancer du sein: l'avis de l'INESSS est attendu cet étéDes recherches ont été menées à l’origine sur l’aspirine à raison de 600 mg par jour pendant deux ans. Une réduction de l’incidence du cancer colorectal a été observée, qui s’est manifestée cinq ans après le traitement. Les recherches sur le dosage optimal se poursuivent. Le programme de prévention de l’adénocarcinome colorectal a montré une réduction significative de l’incidence du cancer et des réductions non significatives d’autres tumeurs associées au syndrome de Lynch chez les personnes traitées avec de l’aspirine (600 mg par jour pendant au moins deux ans) par rapport au placebo. L’effet protecteur a persisté pendant plus de dix ans chez les personnes qui ont pris de l’AA pendant deux ans 1. Ces nouvelles recommandations peuvent servir de fil conducteur pour rationaliser les politiques et les pratiques de prise en charge des patients atteints du syndrome de Lynch dans l’ensemble du Canada. Elles sont approuvées par le Collège canadien des généticiens médicaux et par l’Association canadienne des conseillers en génétique. Ces directives sont conçues pour fournir des conseils précieux aux spécialistes de la génétique, aux laboratoires, aux prestataires de soins primaires et aux soignants qui s’occupent des patients atteints du syndrome de Lynch.Références:Aronson M, Palma L, Semotiuk K, et coll. Canadian consensus for the assessment and testing of Lynch syndrome. J Med Genet (12 mars 2025). doi:10.1136/ jmg-2024-110465Bhattacharya P, Leslie SW, McHugh TW. Lynch syndrome (hereditary nonpolyposis colorectal cancer). StatPearls (8 juin 2024).Georgiou D, Monje-Garcia L, Miles T, et coll. A focused clinical review of Lynch syndrome. Cancer Manag Res (2023:15:67-85). doi: 10.2147/CMAR.S283668

Évaluation et dépistage du syndrome de Lynch: des recommandations consensuelles canadiennes

Pour accéder au contenu, connectez-vous ou créez un compte gratuit.

Catégories connexes