Entente sur le GAP: les négociations avancent à petit pas

À l’arrêt la semaine dernière, les négociations entre la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) et le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) concernant l’entente n°368 relative au GAP — le guichet d’accès à la première ligne — et aux inscriptions collectives ont repris. À la suite d'une rencontre organisée vendredi dernier entre le ministre de la Santé, Christian Dubé, la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, et le président de la FMOQ, le Dr Marc-André Amyot, la Fédération a présenté une offre ce dimanche.L’entente en question est arrivée à échéance le 31 mai. Conclue en mai 2022, elle a permis à 942 000 Québécois d’être inscrits collectivement à un groupe de médecins de famille. En contrepartie, ces derniers percevaient une prime annuelle de 120$ pour chaque patient pris en charge, qui devait bénéficier d’au moins un rendez-vous médical par an.À la FMOQ, l’intention était de remettre à plat les modalités de ladite entente dans le cadre du renouvellement de l'accord-cadre — dénommé «Entente générale» — sur la rémunération des omnipraticiens qui est échu depuis le 31 mars 2023. Dans l’intervalle, la Fédération explique par courriel qu’elle croyait que «pour éviter d’annuler l'élan et les efforts faits pour inscrire 950 000 personnes, il était préférable de prolonger l’entente (n°368) et surtout ne pas y mettre fin».Lire aussi: Québec va mettre fin à l’entente sur les inscriptions collectivesOr «le ministre n’a jamais voulu renouveler l’entente», affirme par courriel un porte-parole de la FMOQ. «Il voulait que les médecins continuent en payant de leur poche les ressources engagées dans le cadre du programme d’inscription collective. Devant l’entêtement du ministre, on a déposé une offre, non pas pour prolonger l’entente, mais (pour en conclure) une nouvelle. On attend un retour du gouvernement».Une source proche du dossier indique que cette offre de la FMOQ consisterait, dans les grandes lignes, à abolir le programme des inscriptions collectives, tout en maintenant le GAP. Ainsi, les 942 000 Québécois aujourd’hui inscrits collectivement redeviendraient des patients orphelins enregistrés au guichet d’accès à un médecin de famille (le GAMF, où figurent actuellement 631 000 personnes), mais ils pourraient néanmoins obtenir des rendez-vous médicaux via le GAP.Dans l’entourage du ministre de la Santé, on confirme que «l’offre de la FMOQ est sur la table des négociations», sans donner plus de détails. Cependant, une toute autre lecture est faite de la séquence des événements, en partant du postulat qu’il avait toujours été convenu d’évaluer l’entente n°368 et d’en rediscuter avant son échéance, ce que la FMOQ n’aurait pas respecté en prônant le statu quo.«Silence radio de la FMOQ»Cette vision a été défendue par Christian Dubé lui-même, mardi, lors de la période de questions à l’Assemblée nationale. Interrogé par le porte-parole de l’opposition officielle en matière de santé, le ministre de la Santé a répondu au député libéral André Fortin, qui lui reprochait de «négocier à la dernière seconde» avec la FMOQ: «Alors, il y a deux ans, quand on a mis en place l'entente, on a dit: après 18 mois, quand il n'y aura plus d'argent dans l'enveloppe, on va se rasseoir puis on va réévaluer ce qui s'est passé. Pendant deux mois, savez-vous, aucun signe, aucun signe de la FMOQ. On disait: on veut renouveler. Silence radio. (Leur) première offre, ils l'ont déposée deux jours, deux jours après l'entente (dimanche dernier). On repassera.»Relancé par André Fortin qui lui a demandé pourquoi il refuse de prolonger l'entente n°368 le temps des négociations avec les omnipraticiens, Christian Dubé a maintenu son discours: «Est-ce qu'on aime ce qui se passe avec la FMOQ en ce moment? Aucunement. Est-ce que notre premier intérêt est celui des patients? La réponse, c'est oui. Moi, ce que j'ai dit à la FMOQ, il y a deux mois: est-ce qu'on peut se rasseoir ensemble, évaluer ce qui s'est passé, maintenant qu'on a des données pour le faire, puis de dire qu'est-ce qu'on devrait améliorer pour que les résultats soient au rendez-vous? On n'a reçu aucun signal radio. La seule solution pour la FMOQ ou, du moins, pour leur négociateur, c'était le statu quo. Ils ne voulaient rien changer.»Lire aussi: Bataille de chiffres entre Christian Dubé, son entourage et la FMOQDe son côté, la FMOQ répète que le ministre Dubé «n’a jamais voulu reconduire l’entente» et réaffirme qu’elle a appris «à la dernière minute que le gouvernement du Québec ne voulait pas prolonger le programme d’inscription collective qui avait permis aux cliniques, grâce à la réorganisation des services et l’ajout de professionnels de la santé, d’offrir annuellement 950 000 rendez-vous aux Québécois et d’éviter 1 500 000 de visites à l’urgence».Difficile de démêler le vrai du faux. Quoi qu’il en soit, le cabinet du ministre de la Santé indique qu’«on a besoin d’une entente à court terme pour maintenir le GAP afin d’offrir plus de plages de rendez-vous aux patients», en espérant d’ici là que «les omnipraticiens maintiendront les services».Lire aussi: Christian Dubé accuse la FMOQ de prendre la population en otageSelon des données du MSSS, le nombre de rendez-vous offerts au GAP est en baisse. Il est passé d’environ 20 000 par semaine au mois de mai à quelque 6000 pour les deux premières semaines du mois de juin.

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