En santé, «la population doit collaborer pour son propre bénéfice»

Plus que des patients partenaires, les professionnels de la santé ont besoin de citoyens partenaires. Voici l’une des recommandations de la Coalition québécoise pour la réduction de la maladie, qui a dévoilé son plan stratégique à l’occasion de son premier anniversaire le 4 mars dernier. «Il y a une volonté de transformer le système avec les citoyens, qui doivent être impliqués dans les décisions et prendre leur santé en main», confirme Thomas Bastien, directeur général de l’Association pour la Santé publique du Québec (ASPQ). «On a toujours dit à la population de suivre telle ou telle recommandation, sans l’impliquer réellement.» L’un des freins à cette implication, au-delà de la volonté politique, réside dans le manque de littératie en santé. «Ce niveau est faible dans la population québécoise, mais il faut que, dès le plus jeune âge, les enfants soient au courant des maladies présentes dans notre système, des dommages que ça crée sur leur santé et celle de leurs proches, et que l’on peut prévenir certaines maladies», plaide Thomas Bastien. À lire aussi: Plus d'un Canadien sur trois s'informe en ligne, car il ne peut pas voir un médecinD’après un sondage Léger commandé par l’ASPQ à l’hiver 2024 sur la littératie en santé, plusieurs maladies, notamment neurodégénératives, restent peu connues du grand public – ainsi, donc, que les moyens de les prévenir. Dans le détail, seulement le quart (26%) des Québécois·es savent que certains cancers sont évitables; 49% savent que les maladies cardiaques et neurovasculaires se préviennent alors qu’il est possible d’éviter 80% de ces maladies avec un mode de vie et un environnement sains; 12% des répondants pensent qu’il est possible de prévenir des maladies neurologiques comme l’Alzheimer ou le Parkinson; et seulement 6 personnes sur 10 affirment que des maladies infectieuses comme la grippe peuvent être évitées. «Il y a un travail exceptionnel à faire, une grosse pente à remonter, commente Thomas Bastien. Le gouvernement a un rôle majeur à jouer dans cet effort.» En pharmacie, une campagne de grande ampleur pour éduquerUne notion avec laquelle le président de l’Ordre des pharmaciens du Québec (OPQ), Jean-François Desgagné, se dit totalement en phase. «Je dis souvent que, pour un professionnel, il n’y a rien de plus intéressant que de travailler dans un partenariat avec un patient engagé, intéressé, informé.» Une configuration qui représente autant un défi qu’une aubaine pour les pharmaciens, certes confrontés à plus de questions sur le traitement et ses conséquences, mais dont les recommandations pourraient être mieux suivies. «La population doit être clairement engagée dans son processus de soins, et doit collaborer avec les différents professionnels.» À lire aussi: Les patients sont plus à l'aise avec un médecin de famille qu'avec un pharmacien ou une infirmière pour les soins primairesCet engagement passe selon lui par le fait de prendre conscience de l’organisation des soins, et de permettre aux professionnels de se rendre davantage disponibles en prévoyant ses visites à l’avance. C’est l’objectif de la campagne «Pharmapratique», lancée le 3 mars à grand renfort de présence médiatique. Destinée au grand public, cette campagne, constituée d’affiches et de publications sur les médias sociaux, veut inciter la population à mieux prévoir ses visites en pharmacie, pour peu que celles-ci soient planifiables. «Les pharmaciens sont les professionnels de la santé les plus accessibles, et c’est une grande fierté. Mais ça ne veut pas dire que les gens doivent se rendre en pharmacie n’importe quand pour n’importe quoi. On ne peut pas prévoir que son enfant aura des poux, mais on peut prévoir de renouveler son ordonnance!», souligne Jean-François Desgagné. Le président de l’OPQ rappelle d’ailleurs que de nombreuses pharmacies ont d’ores et déjà mis en place le renouvellement à 48 heures ou les renouvellements préautorisés. «Cela nous permet de pouvoir être plus disponibles pour des patients qui ont besoin de nous dans des situations imprévisibles», poursuit-il. «Si on veut être capable de rendre des services efficaces à une population qui en demande beaucoup, il faut travailler sur l'organisation du travail, et c'est un partenariat. La population doit collaborer pour son propre bénéfice.» Qu’en pensez-vous? Estimez-vous que la population est suffisamment informée et responsabilisée concernant son rôle dans le système de santé? Avez-vous réussi à établir un partenariat avec vos patients? Donnez votre avis dans la section commentaires!

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