Diabète de type 1: le CUSM reconnu pour les greffes d'îlots de Langerhans

De la fierté pour les cliniciens et de l’espoir pour les patients. L’annonce début juillet de la désignation officielle du CUSM pour la greffe d'îlots de Langerhans chez les personnes atteintes de diabète de type 1 est «une super bonne nouvelle. Elle vient récompenser les années de travail et de persévérance des équipes de recherche et elle va nous permettre de soigner plus de gens», s’enthousiasme le Dr Steven Paraskevas, qui dirige ce programme de transplantation depuis 2015. Ces sept dernières années, dix Québécois ont bénéficié au CUSM d’une greffe d'îlots de Langerhans, une procédure plus simple et moins invasive qu’une greffe de pancréas au complet. Elle consiste à prélever des grappes de cellules pancréatiques qui produisent l'insuline dans le pancréas d’un donneur. Celles-ci sont ensuite analysées, purifiées et traitées avant d’être injectées directement dans la veine porte du foie du receveur. «Après quelques semaines, les besoins en insuline externe baissent, car le patient est capable de produire sa propre insuline», indique le Dr Paraskevas qui mentionne une personne greffée il y a cinq ans. «Aujourd’hui, elle n’a besoin que d’une très, très faible dose d’insuline chaque soir. Si elle l’oublie, ses sucres restent normaux la journée suivante.» Mise au point il y a plus de 20 ans par l’équipe du docteur James Shapiro, professeur de chirurgie et d’oncologie à l’Université d’Alberta, cette procédure appelée «protocole d’Edmonton» ne s’adresse pas à tous les patients diabétiques de type 1, dont le nombre est estimé à environ 30 000 au Québec. «Elle est adaptée aux patients gravement malades, qui ont une instabilité glycémique intense. Certains perdent la capacité de détecter quand leur glycémie est basse. Ils vivent ainsi sous la menace de perdre la vue, de faire un accident vasculaire cérébral ou un accident cardiaque à tout moment», indique le chirurgien du CUSM qui estime que la greffe d'îlots pourrait concerner entre 500 et 1000 patients au Québec. À lire aussi: Greffe de pancréas: un pas de plus vers la guérison du diabète de type 1 La désignation officielle du CUSM devrait permettre à l’équipe du Dr Paraskevas de réaliser 10 à 15 greffes par an. «Jusqu’ici, le programme n’avait pas de financements stables. On faisait avec les moyens du bord. Avec la désignation, nous allons avoir un budget fixe, des ressources dédiées», signale-t-il en ajoutant qu’il veut se rapprocher de la communauté des endocrinologues pour trouver des candidats à la greffe. Président du conseil professionnel de Diabète Québec et endocrinologue au Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM), le Dr Rémi Rabasa-Lhoret est déjà sur la brèche. Il va en effet collaborer à l’évaluation des patients sélectionnés pour une greffe d’îlots au CUSM. «Cette désignation est une excellente nouvelle. On sort du bricolage et on n’aura plus à envoyer nos patients à Edmonton», observe le médecin qui dirige également la clinique en diabète de l’Institut de recherches cliniques de Montréal (IRCM). Pour les personnes diabétiques, qui peuvent être amenées à prendre de 120 à 180 décisions quotidiennes pour gérer leur maladie, la reconnaissance par le MSSS du protocole d’Edmonton constitue une lueur d’espoir, ajoute le Dr Rabasa-Lhoret. «Avec la greffe d’îlots, on n’est pas encore dans le traitement de masse, mais avec les progrès réalisés ces dernières années et ceux à venir dans la prochaine décennie, on entrevoit comment on pourrait guérir le diabète de type 1.»

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