Des résultats mitigés pour un médicament prometteur contre la schizophrénie

Ces résultats soulignent les difficultés rencontrées dans le traitement de la schizophrénie, une maladie mentale grave qui peut amener les patients à entendre des voix, à se sentir paranoïaques et à s'éloigner des autres. Les taux d'abandon élevés sont typiques des études sur les médicaments contre la schizophrénie.Trouver un traitement efficace peut être une longue épreuve ponctuée de crises et d'hospitalisations. Les effets secondaires des médicaments existants – prise de poids, tremblements, agitation – poussent certaines personnes à arrêter de prendre leurs médicaments, et à rechuter.À consulter aussi: Stratégies pour limiter la polypharmacie en psychiatrieLe Cobenfy, qui a été approuvé aux États-Unis en septembre, a suscité beaucoup d'espoir chez les médecins, car il agit sur le cerveau différemment des autres médicaments contre la schizophrénie. Au lieu de bloquer les récepteurs de la dopamine, le principal ingrédient du Cobenfy, la xanoméline, agit sur un autre récepteur qui bloque indirectement la libération de dopamine.Le médicament contient également du trospium, qui bloque certains des effets secondaires. Les plus fréquents sont les nausées, les vomissements et l'indigestion. Contrairement à la prise de poids observée avec d'autres médicaments contre la schizophrénie, les patients ont perdu quelques kilos sous Cobenfy, produit par Bristol Myers Squibb.Le Dr John Krystal, de l'Université Yale, a dirigé des recherches sur d'autres médicaments contre la schizophrénie, mais n'a pas participé aux nouvelles études. Il a noté que seulement 10 à 20% des participants aux nouvelles études ont abandonné le traitement en raison d'effets secondaires.«C'est plutôt bien», estime-t-il, ajoutant que des effets secondaires moins nombreux ou moins graves pourraient signifier que les personnes suivront le traitement plus longtemps. Cela pourrait se traduire par une diminution des problèmes associés aux maladies mentales non traitées, tels que la toxicomanie, l’itinérance et le chômage.Pourquoi certains patients ont-ils suivi le traitement alors que d'autres l'ont abandonné? Selon le Dr Krystal, il sera important d'en savoir plus à ce sujet lorsque les médecins commenceront à prescrire le médicament.La Food and Drug Administration (FDA) a approuvé le Cobenfy sur la base de deux essais encourageants de cinq semaines parrainés par l'entreprise et d'autres données de sécurité. Les derniers résultats annoncés lors de la réunion du congrès de psychologie à Boston proviennent de deux études plus longues, ce qui permet d'avoir une image plus complète de la situation.Dans l'une des études, qui portait sur des patients gravement malades, 78% ont abandonné le traitement, ne laissant que 35 personnes pour l'analyse finale. Dans l'autre étude, axée sur des personnes plus stables, 51% des participants ont quitté l'étude, laissant 283 personnes qui ont pris le médicament pendant un an. «Ce n'est ni plus ni moins que ce que nous observons habituellement» dans les études sur la schizophrénie, remarque le Dr Greg Mattingly, de la Faculté de médecine de l'Université de Washington à Saint-Louis. Il est aussi consultant pour Bristol Myers Squibb et chercheur dans l'une des études.Dans le groupe le plus gravement atteint, 69% des personnes ont vu leurs symptômes s'améliorer de manière significative à la fin de l'année. Dans l'autre groupe, 30% ont constaté un bénéfice significatif.À lire aussi: Antipsychotiques atypiques: comment conseiller les patients sur la prise de poids et les effets indésirables métaboliques?Les résultats des entretiens avec un échantillon de participants à l'étude, menés par une équipe de recherche indépendante et communiqués par Bristol Myers Squibb, soutiennent la probabilité de ces participants à poursuivre le traitement. Au bout de six mois, 36 participants ont déclaré qu'ils continueraient à prendre Cobenfy après l'essai si on leur en donnait la possibilité; 10 ont déclaré qu'ils ne le feraient pas. Certains participants ont déclaré que le médicament réduisait les voix, tandis que d'autres ont dit qu'il n'était pas efficace pour eux.Le coût annuel du Cobenfy est estimé à 22 500$US, contre 540$US pour un antipsychotique générique. Le Dr Krystal et d'autres professionnels de la santé craignent que les assureurs demandent aux patients d'essayer d'abord des médicaments moins chers avant de prendre en charge le Cobenfy. Pour la plupart des patients, le coût à débourser sera bien inférieur, en fonction de l'assurance et d'autres facteurs.Un générique moins cher, la clozapine, est largement considéré comme l'un des meilleurs traitements de la schizophrénie, indique le Dr Krystal. Il est sous-utilisé aux États-Unis par rapport à d'autres pays en raison de la lourdeur du programme d'analyses sanguines.La FDA a commencé les tests sanguins pour surveiller le risque de neutropénie sévère, un rare effet secondaire pouvant s’avérer fatal. Cependant, des médecins et des familles ont signalé à la FDA que des patients avaient rechuté lorsque leur traitement à la clozapine avait été suspendu ou retardé en raison des exigences en matière de tests.Sally Littlefield, 29 ans, d'Alameda en Californie, a indiqué que ce qui fonctionne pour elle, c'est une injection mensuelle d'un médicament antipsychotique à action prolongée. Souffrant de schizophrénie et de troubles bipolaires, Mme Littlefield souhaite en savoir plus sur les expériences des personnes qui ont pris du Cobenfy, et pas seulement sur celles des acteurs ayant des intérêts financiers.Mindy Greiling, de Roseville au Minnesota, souhaite obtenir des données comparatives entre le Cobenfy et la clozapine, qui fonctionne pour son fils Jim, âgé de 47 ans. La prise de poids était un problème pour lui, mais depuis qu'il prend des médicaments contre le diabète, il a retrouvé son poids normal, a-t-elle affirmé.Le Cobenfy «fait l'objet d'un grand battage médiatique, comme tout nouveau médicament», convient Mme Greiling. « Pour moi, ce n'est pas une solution, sauf s'il s'avère meilleur que la clozapine.»

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