Dépistage de la tuberculose: Des tests à proscrire selon l’OMS

Deux études récentes, publiées dans PLoS Medicine, ont mené l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à émettre une recommandation de politique incitant fortement les pays à proscrire l’utilisation de tests sérologiques de dépistage de la tuberculose évolutive disponibles dans le commerce. Cette «recommandation de politique négative» concernant des tests diagnostiques actuellement sur le marché est la première du genre émise par l’OMS.Bien qu’aucune politique n’ait jamais recommandé l’utilisation de tests sérologiques (détection d’anticorps) pour le dépistage de la tuberculose, des dizaines de ces tests sont présentement sur le marché et vendus dans des pays en développement où la réglementation est peu sévère ou inexistante. Plus d’un million de ces tests non approuvés sont menés chaque année, à grand coût, tant financier qu’humain, pour des patients mal informés. Cependant, des données de plus en plus nombreuses montrent clairement que ces tests ne permettent pas un diagnostic fiable, produisant dans bien des cas de faux positifs ou de faux négatifs, et qu’ils ne présentent pas un aussi bon rapport coût-efficacité que les tests recommandés.La première étude (Steingart KR et coll. PLoS Med. 2011 ; 8(8) : e1001062.doi :10.1371/journal.pmed.1001062) est une revue systématique assortie de deux méta-analyses incluant au total 92 études pour évaluer l’exactitude diagnostique des tests sérologiques de dépistage de la tuberculose pulmonaire (67 études, n = 5147 participants) et extrapulmonaire (25 études, n = 1809 participants) disponibles dans le commerce, en s’attardant plus particulièrement sur la pertinence de ces tests pour les pays en développement. Les auteurs notent que les tests sérologiques commerciaux continuent de produire des estimés imprécis et inconsistants quant à leur sensibilité et leur spécificité. Pour les deux types de tuberculose, la qualité des données sur lesquelles repose l’exactitude diagnostique de ces tests demeure très faible.La seconde étude (Dowdy DW, Steingart KR et Pai M. PLoS Med. 2011 ; 8(8) : e1001074. doi :10.1371/journal.pmed.1001074) décrit l’analyse coût-efficacité des tests sérologiques utilisés en Inde pour le dépistage initial de la tuberculose chez les adultes, et compare ces résultats à ceux d’autres techniques diagnostiques encore utilisées dans ce pays. Selon les auteurs, les tests sérologiques sont associés à une souffrance accrue, à une mortalité prématurée plus importante et à plus de cas de faux positifs et de surinfections (en raison de faux négatifs) que l’analyse de frottis de crachat au microscope, tout en entraînant une augmentation des coûts par patient en matière de lutte contre la tuberculose en Inde. Cette analyse suggère également que la priorité devrait être accordée aux efforts visant à améliorer l’accès à la microscopie et que, là où l’accès et les ressources le permettent, celle-ci combinée à la culture en milieu liquide automatisée devrait remplacer les tests sérologiques à titre de procédé diagnostique supplémentaire.La dernière décennie a vu d’importantes avancées dans la lutte contre la tuberculose, mais le diagnostic erroné constitue toujours un obstacle majeur pour ce qui est de combattre l’épidémie de tuberculose planétaire. «Malheureusement, contrairement au VIH ou au paludisme, il n’existe pas encore de test hors laboratoire de dépistage de la tuberculose qui soit fiable. L’OMS encourage fortement la recherche visant la mise au point de tests sérologiques nouveaux ou améliorés», affirme le Dr Madhukar Pai, impliqué dans ces deux études à titre de chercheur à l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill et au sein de l’Unité d’épidémiologie respiratoire et de recherche clinique de l’Institut thoracique de Montréal.

Dépistage de la tuberculose: Des tests à proscrire selon l’OMS

Pour accéder au contenu, connectez-vous ou créez un compte gratuit.

Catégories connexes