De nouvelles lignes directrices détaillent l’évaluation et la prise en charge de l’anxiété chez les aînés

Les premières Lignes directrices canadiennes sur l’évaluation et le traitement de l’anxiété chez les personnes aînées fournissent des recommandations pratiques et fondées sur des données probantes en matière de prévention, d’évaluation, de diagnostic et de traitement 1. Produites par la Coalition canadienne pour la santé mentale des personnes âgées, elles ont été élaborées par un groupe de travail multidisciplinaire dirigé par la Dre Andrea Iaboni, psychiatre gériatrique et professeure agrégée à l’Université de Toronto et le Dr Sébastien Grenier, psychologue et professeur agrégé à l’Université de Montréal 1,2. L’anxiété excessive ou prolongée peut avoir un impact négatif sur la qualité de vie et le fonctionnement quotidien des personnes âgées. Elle peut interférer avec les rapports interpersonnels, le niveau d’activité, l’engagement social et le bien-être. L’anxiété chez les aînés est également associée à la dépression, aux facteurs de stress liés au vieillissement et aux changements physiologiques tels que les maladies physiques (par exemple, les maladies cardiaques), l’invalidité et le déclin cognitif 1. Les divergences dans la caractérisation de l’anxiété, l’âgisme et la stigmatisation contribuent à une sous-reconnaissance et à un sous-diagnostic des troubles anxieux chez les aînés. De plus, ceux-ci sont moins susceptibles de se faire soigner ou d’être orientés vers des soins pour des problèmes de santé mentale 1. Ces lignes directrices de 36 pages décrivent les facteurs de risque, l’évaluation, le diagnostic et le traitement, y compris les thérapies non pharmacologiques et pharmacologiques. Elles contiennent 32 recommandations, dont les principales sont résumées ci-dessous 1.Facteurs de risqueLes prestataires de soins de santé doivent connaître les facteurs de risque de l’anxiété chez les personnes âgées: la déficience ou le déclin cognitif, la dépression, le sexe féminin, les limitations fonctionnelles, l’insomnie, la multimorbidité, la douleur, la polypharmacie, le mauvais état de santé, l’isolement social/la solitude, l’âge avancé, les antécédents de chutes ou de troubles de l’équilibre.Évaluation Les soignants doivent se familiariser avec les outils permettant de détecter les symptômes et troubles anxieux chez les personnes âgées et les utiliser pour faciliter la recherche de cas chez les personnes à risque ou qui décrivent des symptômes d’anxiété. Le Geriatric Anxiety Inventory, le Rating Anxiety in Dementia et d’autres outils sont présentés dans les lignes directrices. Un algorithme de diagnostic est également fourni. Les professionnels de la santé doivent poser des questions sur la peur de tomber et l’évitement des activités dans le cadre de l’évaluation gériatrique du risque de chute. Les personnes âgées dont le dépistage de l’anxiété est positif, ou qui présentent une anxiété naissante ou s’aggravant qui affecte leur fonctionnement quotidien ou leur bien-être, doivent faire l’objet d’une évaluation complète, comprenant une anamnèse, un examen physique et des examens appropriés. Les antécédents d’anxiété doivent porter sur la nature des symptômes, leur apparition et leur durée, leur gravité (en termes d’impact sur le fonctionnement quotidien, de présence de comportements d’évitement et de degré de détresse associé aux symptômes), les facteurs de stress psychosociaux contribuant aux symptômes et les antécédents en matière de santé mentale. Les personnes âgées souffrant d’anxiété doivent faire l’objet d’un dépistage de la dépression et de la tendance suicidaire. Les antécédents médicaux et l’examen physique doivent permettre d’identifier les pathologies susceptibles de contribuer aux symptômes d’anxiété. Un tableau des pathologies associées à l’anxiété chez les personnes âgées est fourni dans les lignes directrices.Les antécédents de consommation de médicaments et de substances doivent être recueillis chez tous les aînés qui présentent de l’anxiété, y compris les médicaments prescrits, les médicaments en vente libre et les drogues à usage récréatif, ainsi que la caféine. Un tableau des médicaments et des substances susceptibles de contribuer aux symptômes d’anxiété chez les personnes âgées est inclus.Lire aussi: L'anxiété liée à la santé (quiz)Interventions non pharmacologiquesLes interventions non pharmacologiques doivent être proposées en premier, sauf si elles sont motivées par les préférences du patient, la gravité des symptômes et l’évaluation des risques. Pour réduire les symptômes d’anxiété et prévenir l’apparition de troubles anxieux chez les personnes âgées, il convient d’envisager des soins progressifs, en commençant par la bibliothérapie, la psychoéducation et/ou la thérapie cognitivo-comportementale (TCC) en autonomie. Un soutien psychosocial doit être proposé, en fonction des facteurs de risque et des facteurs de stress contributifs.La réponse au traitement et son efficacité doivent être contrôlées à l’aide d’échelles d’évaluation normalisées. Les mêmes échelles que celles utilisées pour détecter l’anxiété peuvent être utilisées pour le suivi.La psychothérapie doit être proposée aux personnes âgées souffrant d’anxiété dans tous les contextes (communautaire, soins de longue durée, etc.).La TCC doit être proposée aux personnes âgées pour traiter l’anxiété. Les TCC individuelles, à distance et de groupe sont efficaces, de même que les TCC brèves et complètes. Des stratégies spécifiques de TCC peuvent être utilisées seules pour traiter l’anxiété chez les aînés, notamment l’exposition, la thérapie de relaxation, la respiration abdominale, la restructuration cognitive et l’entraînement à la résolution de problèmes. La TCC devrait être envisagée pour les personnes âgées qui ont peur de tomber, en particulier celles dont les fonctions ou la qualité de vie sont gravement limitées en raison de l’anxiété liée aux chutes. Les interventions de pleine conscience peuvent être utilisées pour traiter efficacement l’anxiété chez les personnes âgées. D’autres formes de psychothérapie ou de traitements psychosociaux (par exemple, thérapie de soutien, thérapie d’acceptation et d’engagement, thérapie de réminiscence, thérapie de relaxation) peuvent être proposées aux aînés souffrant d’anxiété. L’exercice physique (aérobic et musculation) réduit l’anxiété et peut être recommandé aux personnes âgées qui présentent des symptômes. Le tai-chi et le yoga sont efficaces pour réduire la peur de tomber. PharmacothérapieLes inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS) et les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline (IRSN) doivent être utilisés comme traitement pharmacologique de première intention des troubles anxieux chez les personnes âgées. Un tableau récapitulatif des pharmacothérapies des troubles anxieux chez les aînés, comprenant les doses initiales, les doses thérapeutiques, les doses maximales et d’autres considérations, est inclus dans les lignes directrices.Les benzodiazépines ne doivent pas être utilisées dans le cadre de la prise en charge de l’anxiété chez les personnes âgées, sauf lorsque les interventions non pharmacologiques et les alternatives pharmacologiques de première ligne ont échoué, ou pour une utilisation à court terme (2 à 4 semaines) jusqu’à ce que les traitements de première ligne deviennent efficaces. La buspirone peut être envisagée pour le traitement des troubles anxieux généralisés légers à modérés chez les personnes âgées, lorsque les traitements de première intention ne sont pas efficaces ou ne sont pas tolérés. La quétiapine ou la prégabaline ne doivent pas être systématiquement utilisées dans la prise en charge des troubles anxieux chez les aînés, sauf en cas d’échec des traitements non pharmacologiques et des traitements de première intention. Les lignes directrices sont accompagnées de deux fiches d’information d’une page. La première met l’accent sur quatre points essentiels pour les professionnels de la santé: le dépistage de l’anxiété, l’élimination d’autres diagnostics, les interventions non pharmacologiques et les traitements pharmacologiques 3. La seconde met l’accent sur cinq éléments essentiels que les personnes âgées doivent connaître: ce qu’est l’anxiété, ses symptômes, comment la gérer, parler à un professionnel de la santé et les médicaments 4. Une brochure intitulée «Quand l’inquiétude est-elle trop forte?» est également disponible pour aider à informer les aînés sur les symptômes de l’anxiété, les traitements et le moment où elles doivent demander l’aide d’un professionnel de la santé 5.

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