De nouveaux outils pour simplifier la gestion des ordonnances vétérinaires en pharmacie

Ces dernières années, plusieurs enquêtes et témoignages ont été publiés concernant les difficultés d’approvisionnement des pharmacies en médicaments vétérinaires. Des vétérinaires ont aussi remis en question les compétences des pharmaciens à vendre ces médicaments.Malgré ces tensions, le dialogue entre les deux professions est bel et bien vivant, et constructif. Entre les deux ordres professionnels tout d’abord, qui ont rappelé, au mois de janvier dernier, que les pharmacies offraient «une option supplémentaire aux propriétaires d’animaux pour l’obtention de leurs médicaments», et que «les médecins vétérinaires et les pharmacien(ne)s forment une équipe».«Le manque de clarté gruge beaucoup de temps et peut être décourageant»Entre certaines associations professionnelles ensuite. En effet, l’Association professionnelle des pharmaciens salariés (APPSQ) et l’Association des médecins vétérinaires du Québec (AMVQ) en pratique des petits animaux ont, pour la première fois, collaboré afin de faire évoluer la pratique interprofessionnelle. «La demande de la part du public est là, et le nombre de prescriptions vétérinaires en pharmacie est en constante augmentation», constate Petr Dvorak, trésorier de l’APPSQ. Même son de cloche du côté des vétérinaires, abonde Vanessa Rowland, présidente du Comité des droits et de la représentation des membres de l’AMVQ. «Nous recevons de plus en plus de demandes de la part de nos clients pour envoyer les ordonnances en pharmacie. Mais à force d’en faire, on s’est rendus compte qu’il y avait beaucoup de questionnements sur ce qui était permis ou pas, d’un côté comme de l’autre.»C’est pourquoi l’AMVQ a démarché plusieurs associations professionnelles de pharmacie pour tenter d’y remédier. L’APPSQ a répondu présente. «Nous sommes déjà conscients de la surcharge de travail à laquelle les pharmaciens salariés font face, explique Petr Dvorak. Le manque de clarté concernant les prescriptions vétérinaire gruge beaucoup de temps, et peut être décourageant.» À lire aussi: Des médicaments pour les animaux dans les pharmacies favoriseraient la concurrenceEn discutant de leurs expériences respectives, les deux associations ont donc conçu ces nouveaux outils d’aide à la pratique (disponibles sur leurs sites internet respectifs et au bas de cet article): des gabarits de prescription vétérinaire, ainsi qu’un document explicatif sur la rédaction, la transmission, la substitution, l’exécution et la prolongation d’ordonnances pour animaux – le tout élaboré selon les codes de déontologie et les obligations légales des deux professions. «Nous avons essayé de clarifier les choses le plus possible, aussi bien en amont pour le vétérinaire prescripteur que pour le pharmacien qui reçoit la prescription», précise Petr Dvorak.Réglementation, transmission et substitutionTrois enjeux sont principalement adressés. D’abord, la réglementation sur les ordonnances, qui n’est pas la même en médecine humaine et vétérinaire. Alors que la durée de validité par défaut des ordonnances est de deux ans, elle est d’un an seulement en médecine vétérinaire. «C’est une problématique, car les pharmaciens ne le savent pas toujours et vont peut-être faire des renouvellements au-delà de la période d’un an autorisée», observe Petr Dvorak. «Notre espoir est que les pharmaciens puissent être conscients de leur stock de médicaments vétérinaires réellement utiles pour l’animal», ajoute Vanessa Rowland.Ensuite, l’enjeu de la transmission des ordonnances, qui pose des problèmes de traçabilité et donc de sécurité. Actuellement, l'ordonnance est en effet envoyée par courriel au propriétaire de l’animal, qui doit l’imprimer puis l’amener en pharmacie pour retirer les médicaments, explique le pharmacien. Ce qui n'est pourtant pas admis, selon le document explicatif élaboré par les deux associations. «Le problème, c’est que ce n’est pas un original, donc le patient peut très bien la photocopier et l’apporter dans plusieurs pharmacies, souligne-t-il. Il n’y a pas de DSQ pour les patients vétérinaires, aucun numéro d’assurance maladie, on ne peut donc pas vérifier si le médicament a déjà été délivré.» Pire: certaines ordonnances, parfois de narcotiques, arrivent vierges de toute en-tête de la clinique vétérinaire émettrice. «Il faut donc aller vérifier avec le prescripteur, ce qui demande du temps et ralentit le processus», souffle Petr Dvorak. Certaines informations, comme les allergies de l’animal ou un traitement antibiotique, devraient aussi être indiquées sur l'ordonnance et être demandées aux propriétaires, ce qui n’est pas toujours le cas, note Vanessa Rowland. «On n’y pense pas forcément pour les animaux. Mais il faut le savoir pour éviter les interactions.»Enfin, l’enjeu de la substitution, crucial. «En pharmacie humaine, on va pouvoir substituer un médicament biologique par un générique, puisqu’ils sont tous homologués pour un usage humain seulement. Mais tous les génériques ne sont pas homologués pour un usage vétérinaire.» Des sources de préoccupation pour les pharmaciens, et de communications inutiles entre les professionnels, ajoute Vanessa Rowland. «Les vétérinaires reçoivent beaucoup d’appels à ce sujet, concernant des changements de doses ou de molécules, notamment. On s’est dit que les ordonnances n’étaient peut-être pas assez claires, notamment sur les médicaments contrôlés.»Adaptables aux différents milieux de pratique, «ces outils sont amenés à évoluer au fur et à mesure des retours et des commentaires des pharmaciens et des vétérinaires», assure Petr Dvorak. Un premier pas prometteurCes nouveaux outils suffiront-ils à harmoniser une pratique encore naissante et parfois source d’inquiétude? «C’est un premier pas, admet Vanessa Rowland. Beaucoup d’avancées ont été faites, et nous avons des professionnels très bien formés. Nos pharmaciens, on les adore.» Mais, alors que ces derniers sont experts dans l’art de détecter les drapeaux rouges chez leurs patients humains, ceux des patients vétérinaires pourraient passer sous le radar, faute de formation notamment. À lire aussi: Grippe aviaire: les chats peuvent contracter le virus, voici comment les protégerCar la pharmacie vétérinaire ne se pratique pas d’un coup de baguette magique, rappelle Petr Dvorak, qui l’a lui-même exercée pendant 11 ans. «Comme dans n’importe quelle pratique avancée, il faut acquérir un savoir et des compétences. Autrement, il faut référer. Il n’existe pas encore de certification pour la pharmacie vétérinaire au Québec, mais la demande est là, et ça ne va pas s’en aller.»D’où la nécessité de leur donner le plus d’informations possible en amont. «On aimerait que la pharmacie soit une première ligne, pour prendre en charge ou rediriger les patients vétérinaires vers nous, indique Vanessa Rowland. Ça nous aiderait, car on peut manquer des cas si les patients n’ont pas le réflexe de venir nous voir, ou ont peur de le faire.» En région, où la pénurie de vétérinaires est palpable, cela pourrait aussi améliorer l’accès aux soins pour les patients. «Mais il faut que les pharmaciens soient intéressés et volontaires pour le faire, car nous savons qu’ils ont déjà une grande charge de travail», prévient-elle.L’association réfléchit aujourd’hui à élaborer des formations pour mieux outiller les pharmaciens à cette nouvelle pratique. De son côté, Petr Dvorak anticipe l’arrivée de pharmacies spécialisées en pratique vétérinaire ces prochaines années, sur le modèle des cliniques de prise en charge du diabète par exemple. RessourcesGabarit d'ordonnance générale vétérinaire en version PDFGabarit d'ordonnance générale vétérinaire en version WordGabarit d'ordonnance substances contrôlées en version PDFGabarit d'ordonnance substances contrôlées en version WordDocument explicatif

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