Cultiver de l’Ozempic dans son jardin?

Alors que la popularité des médicaments contre le diabète comme l'Ozempic monte en flèche, une nouvelle façon de produire ces médicaments à partir de plantes vient d’être inventée. À l'Université d'Ottawa, un groupe d'étudiants a mis au point une plateforme de biofabrication, appelée Phytogene. Cette solution remplace la fabrication de produits de synthèse à base de peptides par un système d’agriculture pharmacomoléculaire. Un projet qui vise à remédier aux pénuries de médicaments, à l'inflation des coûts et à améliorer l'accès aux traitements dans le monde entier. À lire aussi: Ozempic et Mounjaro à vie?Phytogene cultive des plants de Nicotiana benthamiana, un proche parent du tabac, pour produire des médicaments tels que les agonistes des récepteurs du glucagon-like peptide-1 (GLP-1), classe de médicaments dont fait partie l'Ozempic. Selon les chercheurs, cette méthode pourrait réduire considérablement les émissions de gaz à effet de serre et les déchets chimiques produits par les méthodes pharmaceutiques traditionnelles. Le projet a débuté à la fin de 2023 et a impliqué 23 étudiants de premier cycle de l'Université d'Ottawa issus de diverses facultés. Ils ont été encadrés par Adam Damry, professeur adjoint au Département de chimie et des sciences biomoléculaires, et Allyson Maclean, professeure agrégée au Département de biologie.«La récente pénurie d’Ozempic nous a inspiré le modèle de validation de principe d’un système d’expression des agonistes GLP-1 fonctionnels dans les plantes», explique Victor Boddy, étudiant en quatrième année de biotechnologie et de sciences biomédicales et chef d'équipe, dans un communiqué de presse de l'université. Dans ce même communiqué, Teagan Thomas, co-responsable de l'équipe, indique que «Phytogene propose une solution écologique à la grave pénurie de médicaments, fondée sur une approche originale et durable de la biotechnologie.»Bien que «l’extrait n’a pas été testé sur des sujets humains», précise Victor Boddy, l'équipe a déjà été récompensée. Elle a récemment présenté ses travaux lors du Grand Jamboree de l'iGEM - «l’exposition universelle de la biologie synthétique» organisée chaque année à Paris -, où elle s'est mesurée à plus de 400 équipes internationales. Résultat: elle a remporté une médaille d'or et s'est classée parmi les cinq meilleures équipes dans le domaine de la biofabrication.À lire aussi: Le sémaglutide pourrait freiner la consommation d'alcoolÀ cette occasion, l'équipe a notamment publié une trousse d’outils d’agriculture pharmacomoléculaire en libre accès sur le registre de l'iGEM, ce qui permettra à d'autres chercheurs de s'inspirer de leur travail.S’agissant des prochaines étapes, les étudiants analysent actuellement les niveaux de glucose et d'insuline dans le sang pour évaluer la réponse et prévoient d'effectuer des essais de bioactivité pour tester l'efficacité du médicament sur les cellules humaines. «Nous voulons qu’à l’avenir, les gens puissent cultiver eux-mêmes leurs propres médicaments et n’aient donc plus à se soucier des coûts, des assurances et de la disponibilité», annonce Victor Boddy.

Cultiver de l’Ozempic dans son jardin?

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