Comment traiter le trouble dysphorique prémenstruel?

Pour les personnes souffrant de trouble dysphorique prémenstruel (TDPM), chaque mois est un combat : elles se sentent déprimées et sans espoir, naviguent dans un champ de mines de pensées et d'émotions intrusives, se sentent si fatiguées et accablées qu'elles en sont réduites à pleurer. Les symptômes - qui peuvent également inclure une humeur dépressive, de l'anxiété, des sautes d'humeur, de l'irritabilité, des troubles du sommeil, des difficultés de concentration et des changements d'appétit - disparaissent lorsque les règles commencent, pour réapparaître le mois suivant.Le trouble dysphorique prémenstruel touche une femme menstruée sur 20. Il présente des similitudes avec le syndrome prémenstruel (SPM), comme l'irritabilité ou les sautes d'humeur, mais le trouble dysphorique prémenstruel est débilitant. Il peut affecter le fonctionnement quotidien pendant la phase lutéale du cycle menstruel (les deux semaines précédant les règles). Pendant cette période, les hormones œstradiol et progestérone fluctuent.Le trouble dysphorique prémenstruel est un trouble de sensibilité hormonale. Les changements hormonaux normaux dans la phase lutéale peuvent déclencher des symptômes, y compris des pensées suicidaires. Cela s'explique par le fait que le cerveau du trouble dysphorique prémenstruel réagit différemment aux fluctuations hormonales.À lire aussi: Quel est le meilleur traitement pour les douleurs liées à l’endométriose?Le trouble dysphorique prémenstruel a été reconnu internationalement comme un trouble de la santé mentale en 2019. Les traitements du trouble dysphorique prémenstruel sont encore peu connus. Comprendre les options fondées sur des données probantes peut aider à naviguer dans le traitement du trouble dysphorique prémenstruel.Les symptômes du trouble dysphorique prémenstruel peuvent inclure une humeur dépressive, de l'anxiété, des sautes d'humeur, de l'irritabilité et des pensées suicidaires. Il présente des similitudes avec le syndrome prémenstruel, mais il est débilitant.En fonction de la complexité des symptômes, le traitement peut relever de la compétence des médecins généralistes, des spécialistes de la santé mentale tels que les psychiatres ou les psychologues, ou des spécialistes de la reproduction tels que les gynécologues.Si vous pensez souffrir d'un trouble dysphorique prémenstruel, suivez vos symptômes pendant au moins deux cycles menstruels. Cela peut également aider à identifier l'exacerbation prémenstruelle (EPM). Dans le cas de l'exacerbation prémenstruelle, les symptômes d'autres affections, telles qu'un trouble de l'humeur ou un trouble déficitaire de l'attention, peuvent s'intensifier pendant la phase lutéale. Reconnaître les schémas symptomatiques peut aider à trouver les traitements les plus efficaces pour votre maladie.Les traitements qui ont donné de bons résultats dans le cadre d'essais contrôlés randomisés de qualité sont ceux dont l'efficacité dans le traitement du trouble dysphorique prémenstruel est la plus solidement établie. Ils nécessitent une ordonnance, il est donc nécessaire de travailler avec un fournisseur de soins de santé. Ils comprennent:AntidépresseursLes inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS) sont efficaces pour environ 60 % des patientes souffrant de trouble dysphorique prémenstruel. Ils peuvent aider à soulager les symptômes émotionnels ou psychologiques. Pour certaines, les ISRS aident également à soulager les symptômes physiques tels que les ballonnements ou la sensibilité des seins.La fluoxétine, la sertraline et la paroxétine, des ISRS, sont les traitements de première intention du trouble dysphorique prémenstruel. Ces médicaments réduisent les symptômes du trouble dysphorique prémenstruel plus rapidement que ceux d'autres troubles de l'humeur ou de l'anxiété. Il existe plusieurs façons de prendre des ISRS pour traiter le trouble dysphorique prémenstruel : en continu, uniquement pendant la phase lutéale ou dès l'apparition des symptômes.Discutez des doses d'ISRS avec un professionnel de la santé. L'idéal est d'essayer les ISRS pendant deux ou trois cycles menstruels afin d'évaluer leurs effets sur la réduction des symptômes. Si les ISRS ne fonctionnent pas, les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline (IRSN) peuvent constituer une autre option antidépressive. Cependant, les ISRSN présentent un risque plus élevé d'effets secondaires, il convient donc d'en discuter avec un professionnel de santé.À lire aussi: TDAH: des risques liés à l’utilisation prolongée des médicamentsPilules contraceptivesLa plupart des contraceptifs oraux ne sont pas efficaces pour traiter le trouble dysphorique prémenstruel, car le fait de prendre des pilules hormonales pendant 21 jours et de passer à des pilules de sucre pendant sept jours crée des fluctuations hormonales qui peuvent déclencher les symptômes du trouble dysphorique prémenstruel.Cependant, un type spécifique de pilules contraceptives orales contenant de la dropsirénone (DCOC) peut aider à réduire les symptômes du trouble dysphorique prémenstruel. La dropsirénone est un progestatif synthétique unique que l'on ne trouve pas dans les autres pilules contraceptives.En cas de trouble dysphorique prémenstruel, il est recommandé de prendre des contraceptifs oraux en continu (sans prendre de pilules de sucre) ou de suivre un schéma 24-4 (24 jours de pilules hormonales et quatre jours de pilules de sucre). Ce schéma permet de mieux supprimer l'ovulation et d'éliminer les fluctuations hormonales observées pendant la phase lutéale. Il réduit les risques de réaction négative du cerveau aux changements hormonaux.Les marques Yaz, Angeliq, Beyaz, Gianvi, Loryna, Nikki, Ocella, Syeda, Vestura, Yaela, Yasmin, Zarah sont des exemples de DCOC. Yaz est approuvé par la Food and Drug Administration des États-Unis pour le traitement du trouble dysphorique prémenstruel.Autres options thérapeutiquesLes analogues de l'hormone de libération des gonadotrophines (GnRHa, alias ménopause chimique) créent un état de ménopause temporaire et réversible. Ils empêchent la libération des hormones qui déclenchent l'ovulation. Cela élimine les fluctuations hormonales qui déclenchent les symptômes du trouble dysphorique prémenstruel.Un traitement hormonal substitutif (THS) à base d'éthinylestradiol et de progestatif synthétique est souvent utilisé avec le traitement par GnRHa pour réduire les effets secondaires tels que les bouffées de chaleur, les sueurs nocturnes et la perte de densité osseuse. Elle contribue à préserver la santé du cœur et du cerveau. L'introduction d'un THS peut entraîner une réapparition initiale des symptômes du trouble dysphorique prémenstruel, mais ceux-ci disparaissent souvent une fois que les niveaux d'hormones sont stables.À lire aussi: Aidez vos patientes à démystifier le SOPKL'accès à la GnRHa et au THS peut être difficile en raison d'une expertise limitée. L'utilisation de la GnRHa au-delà de six mois est un nouveau traitement qui nécessite la supervision d'un gynécologue, ou parfois d'un psychiatre spécialisé dans la santé mentale reproductive. Si les médecins ne sont pas sûrs de pouvoir prescrire la GnRHa à long terme, il existe des ressources spécifiques aux prestataires. Elles peuvent aider à entamer la discussion sur le traitement par GnRHa.L'ablation des ovaires avec ou sans hystérectomie (ménopause chirurgicale) est un traitement de dernière intention pour le trouble dysphorique prémenstruel. Il s'agit d'une intervention chirurgicale qui consiste à retirer les ovaires et les trompes de Fallope, ou les ovaires, les trompes de Fallope et l'utérus. Il s'agit d'une intervention invasive et irréversible. Elle nécessite également de remplacer les hormones par un traitement hormonal substitutif.De nombreuses femmes souffrant de trouble dysphorique prémenstruel sont intolérantes à la progestérone. L'ablation de l'utérus peut aider certaines d'entre elles à rester sous THS à base d'œstrogènes uniquement. Les patientes doivent discuter de ces possibilités avec un gynécologue. La ménopause chirurgicale ne doit être envisagée que si tous les autres traitements n'ont pas permis de réduire les symptômes du trouble dysphorique prémenstruel.Traitements potentiels nécessitant davantage de rechercheCertaines personnes souffrant de trouble dysphorique prémenstruel ne sont pas soulagées par les ISRS ou les DCOC. D'autres options médicales sont prometteuses pour les symptômes du trouble dysphorique prémenstruel, mais des recherches supplémentaires sont nécessaires pour comprendre leur efficacité.L'utilisation d'inhibiteurs de la 5a-réductase, tels que le dutastéride et le finastéride, peut être utile. Ils empêchent la formation et le flux des métabolites de la progestérone dans le cerveau. Ils sont approuvés pour traiter des affections telles que l'hyperplasie bénigne de la prostate chez l'homme, mais constituent un traitement « non homologué » pour le trouble dysphorique prémenstruel. Seuls quelques prestataires peuvent être disposés à prescrire des inhibiteurs de la 5a-réductase pour le trouble dysphorique prémenstruel, car ils peuvent avoir des effets indésirables.Les stabilisateurs de l'humeur tels que la quétiapine pendant la phase lutéale, associés à un ISRS, peuvent aider le trouble dysphorique prémenstruel, en particulier chez les personnes qui n'ont pas tiré de bénéfices de la prise exclusive d'ISRS.La prise continue d'estradiol et de progestérone est une autre option. Ce traitement utilise des formulations naturelles d'estradiol et de progestérone qui sont moins puissantes que les pilules contraceptives synthétiques.Cela signifie que la suppression de l'ovulation peut être irrégulière et que les doses doivent être ajustées. Si l'ovulation n'est pas supprimée, elle peut déclencher les symptômes du trouble dysphorique prémenstruel, c'est pourquoi les patientes doivent faire l'objet d'un suivi attentif et être supervisées par un professionnel de la santé.Traitements non médicauxLa thérapie cognitivo-comportementale (TCC) et la thérapie comportementale dialectique (TCD) peuvent aider à soulager les symptômes du trouble dysphorique prémenstruel. Elles impliquent l'apprentissage de techniques de gestion des pensées et des émotions. La TCD peut également aider à faire face aux émotions fortes et aux pensées suicidaires.En outre, les compétences en matière d'autosoins peuvent jeter les bases d'habitudes saines. Il s'agit notamment de modifier le mode de vie en veillant à la qualité du sommeil et en adoptant une activité physique.Un repos suffisant pendant les semaines prémenstruelles aide à gérer les symptômes. La réduction de la consommation d'alcool, la gestion du stress et une alimentation équilibrée peuvent également aider à gérer les symptômes.À lire aussi: Mise à jour sur le diagnostic et la prise en charge de l'hyperémèse gravidiqueDe manière anecdotique, certaines patientes souffrant de trouble dysphorique prémenstruel ne jurent que par les compléments alimentaires, mais des recherches supplémentaires sont nécessaires pour comprendre leur efficacité. Par exemple, les symptômes du trouble dysphorique prémenstruel peuvent s'améliorer avec l'utilisation de vitex agnus castus. Mais les effets du carbonate de calcium et de la vitamine B6 sur le trouble dysphorique prémenstruel ne sont pas clairs.La prise de suppléments est risquée car ils ne sont pas bien réglementés. Un entretien avec un professionnel de la santé permet de répondre à des situations de santé particulières.Difficultés liées à l'identification des options de traitementLes symptômes du trouble dysphorique prémenstruel sont propres à chaque personne. Le suivi des symptômes lors de l'essai de nouveaux traitements peut aider à mettre en lumière la façon dont le traitement affecte les symptômes du trouble dysphorique prémenstruel. De même, le suivi des symptômes pendant les changements de mode de vie peut montrer quels sont ceux qui aident.Le trouble dysphorique prémenstruel n'ayant été reconnu que récemment, il se peut que de nombreux prestataires de soins de santé ne comprennent pas encore le trouble dysphorique prémenstruel et son traitement. Le traitement du trouble dysphorique prémenstruel doit être un partenariat entre le prestataire de soins et la patiente, chacun apprenant de l'autre.Pour plus d'informations, consultez le document «Options de traitement pour le TDPM: Guide du patient sur le traitement fondé sur des données probantes du trouble dysphorique prémenstruel», publié par l'International Association for Premenstrual Disorders (IAPMD).Sneha Chenji est boursière postdoctorale à l'Université de Regina et contractante indépendante de l'Association internationale des troubles prémenstruels (IAPMD).Cet article est republié de The Conversation sous une licence Creative Commons.

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