Comment les personnes autistes perçoivent-elles les visages?

La façon dont les adultes atteints de troubles du spectre autistique (TSA) voient les visages pourrait expliquer pourquoi certains d’entre eux éprouvent des difficultés à reconnaître des gens en comparaison aux personnes qui ne souffrent pas d’un TSA.Dans le cadre d’une étude dont les résultats viennent d’être publiés dans la revue Current Biology, des chercheurs de l’Université de Colombie-Britannique (UBC) et de l’Université Simon Fraser ont constaté que les adultes atteints de TSA voyaient moins de visages familiers, qu’ils voyaient les visages de plus loin et plus souvent de côté que les autres.«Les capacités de reconnaissance et de traitement des visages jouent un rôle important dans les interactions sociales et le développement des relations», souligne l’auteur principal de l’étude, Ipek Oruc, professeur agrégé au département d’ophtalmologie et de sciences visuelles de l’UBC et chercheur au Centre Djavad Mowafaghian pour la santé cérébrale. «En révélant comment les personnes atteintes de TSA voient et perçoivent les visages, notre étude jette un nouvel éclairage sur la manière dont nous pouvons aider ces personnes à développer des compétences dans ces domaines essentiels.»Ipek Oruc et ses collègues ont étudié plus de 360 heures de vidéo de 17 adultes souffrant de TSA et de 43 adultes non atteints qui portaient une caméra intégrée à leurs lunettes au cours d’une journée ordinaire. Ils ont constaté que les premiers étaient exposés à des visages 30% moins souvent que les seconds. Bien que les deux groupes aient vu le même nombre de visages non familiers, les adultes atteints de TSA ont vu moins de visages d’amis et de membres de leur famille. Ces derniers ont vu des visages plus éloignés que les autres. Ils ont regardé des visages familiers à une distance moyenne de 229,77 cm, alors que les adultes non atteints de TSA les ont vus à une distance moyenne de 115,87 cm. Les adultes atteints de TSA étaient également plus enclins à voir les visages de profil ou de côté que de face que les autres.Des recherches antérieures suggèrent que l’expertise en matière de reconnaissance faciale se développe avec l’expérience, notent les auteurs. Le fait d’être exposé à moins de visages, ainsi que de ne pas voir les visages de près et de face pourrait entraver le développement des compétences en la matière, suggèrent les auteurs. «Nos résultats fournissent des preuves solides que les personnes atteintes de TSA ne bénéficient peut-être pas de l’expérience nécessaire au développement normal des processus experts de reconnaissance des visages», écrivent-ils.Les chercheurs suggèrent que des programmes de formation à la reconnaissance des visages pourraient aider les personnes atteintes de TSA à améliorer leurs capacités. Un certain nombre d’essais cliniques randomisés ont montré que des programmes de formation peuvent améliorer la mémoire de la reconnaissance des visages, les compétences sociales et la reconnaissance des émotions.«Ensemble, ces études soulignent l’efficacité potentielle des programmes d’entraînement à la reconnaissance des visages pour promouvoir des stratégies de traitement des visages plus efficaces et atténuer certaines difficultés sociales», souligne Ipek Oruc dans un communiqué de presse de l’UBC.Cette étude a été publiée dans Current Biology.

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